Un hommage au maréchal Jean de Lattre de Tassigny a été rendu dans le cadre du 80e anniversaire du débarquement de Provence, le 15 août 1944, devant la stèle qui lui est dédiée devant l’hôpital militaire thermal d’Amélie-les Bains.
La cérémonie fut présidée par Clara Thomas, sous-préfète de l’arrondissement de Céret, accompagnée par Marie Costa, maire d’Amélie-les Bains-Palalda, d’Alexandre Reynal, conseiller départemental sur le canton Canigou, du général Gilles Glin, délégué général du Souvenir Français pour les Pyrénées Orientales et de Maryse Rioutton, présidente du comité du Souvenir Français d’Amélie-les Bains-Palalda
Bernard Merle, délégué général adjoint, assurait le rôle de maitre de cérémonie.
On notait la présence de Laura Chrétien, attachée parlementaire de Michèle Martinez, députée de la circonscription, du contrôleur général Jean-Pierre Salles-Mazou, président départemental de la section de la Légion d’Honneur, du représentant de la section départemental de l’Ordre National du Mérite présidée par le colonel Gérard Izern.
Plusieurs présidents et présidentes de comités du Souvenir Français, accompagnés par leur porte-drapeaux, jeunes et ainés, avaient tenu à être présents : Saint-Jean-Pla-de-Corts-Céret, Claira, Mauriellas-las-Illas, Perpignan, Pollestres, etc.
En effet, le Souvenir Français a hérité des missions mémorielles de l’association Rhin et Danube créée en 1945 par le maréchal Jean de Lattre de Tassigny. Leur drapeau de comité porte la cravate verte et rouge de la 1re Armée.
Lors de leurs allocutions respectives, le général Gilles Glin souligna le rôle de ce débarquement “pour souder la nouvelle armée française”, Marie Costa rappela le parcours exemplaire du maréchal de Lattre de Tassigny, et Mme la sous-préfète marqua l’importance de ces événements pour la renaissance de la France combattante aux côtés de ses alliés.
Un dépôt de gerbes des autorités suivit l’écoute par l’assistance attentive de l’hymne de la 1re Armée.
Un apéritif convivial offert par la Municipalité conclu cet hommage.
L’importance de ce deuxième débarquement…
Un second front est alors ouvert après le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. C’est l’opération « Dragoon ».
Cette opération a notamment pour buts de fixer des troupes ennemies, de disposer de ports en eau profonde et de protéger ensuite le flanc droit de l’armée américaine venant de Normandie. 2 000 bâtiments de guerre et autant d’avions vont y participer.
Lors de la conférence de Téhéran en novembre 1943, Staline s’était montré d’accord avec ce plan d’opération baptisée initialement « Anvil », Enclume, dont l’application soulagerait d’autant le front soviétique. Churchill y était opposé, lui préférant la priorité aux opérations déjà engagées en Italie, pour attaquer directement le Reich par le sud.
C’est finalement le président Roosevelt qui tranche, en faveur de la solution américaine. L’opération est rebaptisée Dragoon par Churchill, ce qui signifie « contraint », dragooned en anglais. Pied de nez du britannique…
D’où venaient les soldats débarqués ?
À partir du 15 août 1944, ce sont environ 260 000 combattants de la 1re Armée Française commandés par le général Jean de Lattre de Tassigny, qui sont arrivés dans le Sud de la France.
Sous le commandement du Maréchal de Lattre de Tassigny, comme pour les armées de la Révolution et de l’Empire, cette armée permit de faire la fusion entre des forces françaises jusqu’alors opposées.
En effet, qui étaient les soldats de cette première armée :
– 10 % étaient originaires de la Métropole, les « Français libres » du général de Gaulle, ou d’Afrique subsaharienne pour près de 10 000 hommes ;
– 90 % venaient d’Afrique du Nord dont une écrasante majorité d’anciens soldats de l’armée d’armistice, les Vichystes, et des départements d’Algérie ;
– Parmi ces derniers,
o 52 % étaient d’origine nord-africaine, près de 100 000 hommes.
o 48 % étaient d’origine européenne, les futurs Pieds-noirs.
– Dans les grandes unités, le pourcentage de soldats nord-africains variait de 27 % à la 1re Division Blindée à 56 % à la 2e Division Infanterie Marocaine. Sans oublier les asiatiques du 1er Bataillon de pionniers Indochinois.
– Par type d’arme, ce pourcentage était d’environ 70 % dans les régiments de tirailleurs, 40 % dans le génie, et 30 % dans l’artillerie.
– On comptait aussi 5 000 auxiliaires féminines.
Quel fut le parcours du maréchal de Lattre de Tassigny jusqu’à ce commandement de la Première Armée Française ?
Au début de la Seconde Guerre mondiale, en mai-juin 1940, plus jeune général de France jusqu’à la nomination provisoire à ce même grade de Charles de Gaulle le 25 mai, commandant la 14e division d’infanterie lors de la bataille de France, il tient tête à la Wehrmacht à la bataille de Rethel, dans les Ardennes, puis sur la Loire, continuant à se battre jusqu’à l’armistice du 22 juin 1940.
Sous le régime de Vichy, il reste dans l’Armée d’armistice, où il occupe des postes de commandement à l’échelon régional, puis comme commandant en chef des troupes en Tunisie.
Commandant de la 16e division militaire à Montpellier, le 11 novembre 1942, lorsque la zone libre est envahie par les troupes allemandes, dont la 7ème division de panzers pour les Pyrénées Orientales, à la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il est arrêté et condamné à dix ans de prison pour avoir désobéi au gouvernement et, seul général en activité à le faire, avoir ordonné à ses troupes de s’opposer aux Allemands.
Il parvient à s’évader et est exfiltré par un avion britannique à partir de Manziat dans l’Ain, pour rejoindre le Comité Français de la Libération Nationale à Alger, fin 1943.
Son épouse et son fils le rejoignant grâce aux réseaux de passeurs résistants des Pyrénées-Orientales ! L’épouse et le fils du maréchal de Lattre de Tassigny avaient bénéficié des réseaux de passeurs des mouvements de Résistance des Pyrénées Orientales pour passer en Espagne, empruntant les “Chemins de la Liberté”.
Partant de Paris le 30 mars 1944, ils auraient traversé la France, puis l’Espagne, entre le 21 avril et le 7 mai 1944 pour rejoindre Alger, via Gibraltar.
Les jeunes, passeurs de mémoire…
Le jeu d’évasion les « Chemins de la Liberté » mis en œuvre par le Souvenir Français comporte parmi les cinq parcours proposés aux élèves de CM2, 6e et 3e, un parcours consacré à André Parent dit « Claude », le passeur du fils du maréchal de Lattre de Tassigny et superviseur de celui de sa mère, né Simone Calary de Lamazière.
C’est Jean-Pierre Bobo, avec une équipe d’historiens bénévoles, qui a documenté le fond historique pour construire les énigmes des cinq parcours du jeu d’évasion sur le thème des « Chemins de la Liberté » permettant aux élèves de découvrir le fonctionnement des réseaux de résistance des passeurs du département des Pyrénées Orientales pendant l seconde guerre mondiale…
Le jeu a déjà été mis à la disposition de nombreuses classes du département, soit 1300 élèves par an de classes de CM1-CM2 et de 3e.
Par ailleurs, la section des jeunes porte-drapeaux du Souvenir Français s’est rendue en avril 2024 sur les plages du débarquement de Provence. En effet, la promotion 2024 porte le nom de Gabriel Redon du Bataillon de choc du commandant Gambiez qui débarqua parmi les premières unités en Provence.
Ces jeunes sont ainsi des passeurs de la Mémoire de ses hommes et de ses femmes d’origines diverses qui sous les ordres du maréchal Jean de Lattre de Tassigny, vinrent ensemble libérer la France !