*Charles Campigna, élu de la Ville d’Argelès-sur-Mer

 

 

-“Célébrer La Retirada tout en continuant à honorer un collaborateur du fascisme est une hypocrisie insupportable…

 

En février 1939, près de 500 000 républicains espagnols, fuyant la répression franquiste, franchissent les Pyrénées dans un exode tragique connu sous le nom de “La Retirada“.

Parmi eux, 110 000 sont parqués sur la plage d’Argelès-sur-Mer, dans un camp improvisé, construit à la hâte, en plein hiver, sous un froid glacial.

Aujourd’hui, notre Conseil Municipal prétend honorer leur mémoire, mais une rue de notre commune porte toujours le nom d’Alfons Mias, membre de l’action française, antisémite notoire et collaborateur de fait avec l’occupant nazi. Ce sinistre individu, rejoint l’Espagne franquiste, trouvant refuge auprès des bourreaux de ceux que nous prétendons commémorer aujourd’hui.

Face à cette évidence historique, j’ai demandé à ce que cette rue soit débaptisée.

Le maire (NDLR Antoine Parra) a opposé un refus catégorique m’interdisant de m’exprimer sur ce sujet, pire, les propos tenus par le maire actuel en conseil municipal sont honteux:  “cela ne changera pas l’histoire, je reconnais que c’est gênant, est ce suffisant choquant pour débaptiser une rue” .

La toponymie urbaine n’est pas neutre, elle reflète les valeurs et les idéaux que nous souhaitons promouvoir et léguer aux générations futures.

Mais à Argelès-sur-Mer, le débat démocratique est une illusion, le maire impose ses décisions sans dialogue, méprise l’Opposition et les citoyens et fait taire toutes les voix qui dérangent. Et comme un symbole du mépris, il s’apprête, deux jours seulement avant la journée internationale des droits des femmes, à remplacer sa première adjointe par un adjoint masculin. Vision bien singulière du progrès et du respect .

Ce mépris des principes démocratiques locaux résonne tristement partout dans le monde. Les extrêmes se renforcent, les libertés reculent et la démocratie vacille. A tous les niveaux, le pouvoir s’affranchit du débat et de la justice laissant le champ libre aux idéologies autoritaires et aux falsifications de l’histoire.

Il est de notre devoir de résister ici et maintenant.

C’est pourquoi, je refuse de m’associer aux commémorations officielles initiées par la majorité du Conseil Municipal d’Argelès-sur-Mer.

Célébrer La Retirada tout en continuant à honorer un collaborateur du fascisme est une hypocrisie insupportable. 

La mémoire ne se morcelle pas, elle ne s’adapte pas aux convenances du moment.

J’appelle donc toutes celles et tous ceux attachés à la liberté, à la vérité, à la dignité, aux valeurs de tolérance, à une commémoration fidèle à l’histoire et à la mémoire des républicains exilés, mais aussi à tous ceux qui dans le monde aujourd’hui, ne peuvent s’exprimer librement, fuient leurs terres…

Je vous donne rendez-vous,  dimanche 9 mars à 10H au cimetière des Espagnols, avenue de La Retirada à Argelès-sur-Mer”.

Se souvenir ne suffit pas, il faut donner l’exemple.

 

Charles Campigna, conseiller municipal d’opposition d’Argelès-sur-mer.