Depuis trois ans, près d’un millier de logements auraient été construits sur le territoire de la commune d’Argelès-sur-mer, mais paradoxalement des centaines de locataires – travailleurs en CDI ou saisonniers -, n’arrivent toujours pas à se loger dans la commune, de mai à septembre inclus !

 

Depuis la fin du mois d’avril, des dizaines de locataires résidant sur le territoire de la commune d’Argelès-sur-mer – et pas uniquement dans le secteur plage de la station balnéaire – se retrouvent pratiquement à la rue. Certes, le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend cette année une ampleur spectaculaire, car avec un millier de logements neufs disponibles sur le marché immobilier local – grâce aux nouvelles constructions recensées depuis 2020 -, on pourrait s’attendre à la régulation “sociale” du secteur. Mais non ! Il n’en est rien. C’est même pire qu’avant…

 

Chaque année, nombre d’habitants d’Argelès-sur-mer en location sont “invités” à quitter leur logement à partir de fin avril. Cela n’a absolument rien à voir avec les prolongations d’une trêve hivernale virtuelle, les locataires le savent pertinemment lorsqu’ils aménagent, ils sont prévenus au moment de la signature du “bail”, puisque les propriétaires leur précisent bien dans leur contrat qu’ils devront libérer les lieux avant le 30 avril au plus tard.

Il en est ainsi depuis des décennies, localement en tout cas. Les propriétaires, à partir du 1er mai, et jusqu’au 30 septembre, préfèrent louer “à la petite semaine” leurs biens, plutôt que mensuellement. Généralement, selon surface et emplacement, un studio/ F1 se loue “à l’année” entre 450€ et 600€ par mois, en saison estivale c’est le coût d’une location à la semaine. Evidemment, côté propriétaires, il n’y a pas photo ! Même en colocation pendant cinq mois, un travailleur ne peut s’aligner sur de tels loyers.

Et l’on ne prend pas là en compte les centaines de travailleurs saisonniers qui, dès le mois d’avril, avec une montée en puissance jusqu’au mois de juin, viennent grossir les rangs des demandeurs de logements in-situ… alors qu’ils ont trouvé un emploi ! On estime que plus de la moitié d’entre eux ne pourront se loger. Pire : un tiers d’entre eux ne saisiront pas le job qui leur est proposé, parce qu’ils ne pourront pas se loger (ou encore par manque de mobilités entre Perpignan et la Côte Vermeille) !

Mais le plus surprenant dans cette affaire, pour ne pas écrire “le plus hallucinant”, c’est qu’au cours de ces trois dernières années la Municipalité d’Argelès-sur-mer a délivré des permis de construire à tour de bras et à tout-va – on estime à un millier environ le nombre de nouveaux logements sur la période -, mais que ceux-ci, à plus de 80%, s’agissant principalement des collectifs, sont “occupés” par des investisseurs qui ne les ouvrent qu’à la location saisonnière estivale principalement, via airbnb.

 

L.M.