Banyuls-sur-Mer (Laboratoire Arago)/ 17, 18 & 19 septembre : trois soirées d’exploration “sur les chemins de l’Humanité”
par adminLuc le Sep 9, 2025 • 6 h 54 min Aucun commentaire
Culture et Patrimoine en Côte Vermeille s’associe avec Les Amis du Laboratoire Arago pour vous proposer trois soirées d’exploration « sur les chemins de l’Humanité ». Les mercredi 17, jeudi 18 et vendredi 19 septembre, à 18H – amphithéâtre Alain Guille du Laboratoire Arago
17 septembre : Pierre Justeau « Archéogénétique et Mélanges Culturels : L’Impact des Migrations sur l’Avènement du Néolithique en Europe de l’Ouest » (Titre court : Archéogénétique et Mélanges Culturels)
Résumé : Il y a plus de dix millénaires, au Proche-Orient, l’humanité entre dans une ère nouvelle : le Néolithique. C’est un point de bascule où les groupes humains chasseurs-cueilleurs deviennent agriculteurs, se sédentarisent, et les sociétés commencent à se hiérarchiser, posant les jalons de ce qui est aujourd’hui le monde moderne. Mais si cette transition majeure se diffuse progressivement vers l’Europe, ce processus n’est ni uniforme, ni instantané. Grâce à la paléogénomique, qui permet le séquençage de l’ADN conservé dans les ossements, on retrace aujourd’hui les trajectoires des premiers agriculteurs venus du Proche-Orient et leur rencontre avec les populations locales d’Europe. Deux grandes routes de diffusion apparaissent : une voie continentale par le Danube, et une autre le long des côtes méditerranéennes. Les données génétiques révèlent un schéma complexe : peu de mélanges entre populations au départ, mais un métissage croissant au fil des millénaires, variable selon les régions. En France, où le Néolithique montre ses premières manifestations au sixième millénaire avant notre ère, les données disponibles laissent entrevoir une transition marquée par des variations régionales dans les modes d’interaction entre populations locales et groupes d’agriculteurs. Le Néolithique, au-delà d’une révolution technologique, marque ainsi une recomposition profonde des profils génétiques des Européens préhistoriques — un tournant essentiel pour comprendre nos origines.
CV : Pierre Justeau est chercheur-junior (post-doctorant) en paléo-génomique à l’Université de Bordeaux et chercheur invité à l’institut Max Planck pour l’Evolution Anthropologique à Leipzig (D). Il a soutenu sa thèse en Paléogénomique et bioinformatique à l’Université d’Huddersfield (UK) en 2021 sur le thème : “Processus sex-spécifique durant la préhistoire européenne et au-delà”. Recruté ingénieur en bioinformatique à l’Université d’Aix-Marseille (Laboratoire ADES) en 2021, il rejoint l’Université de Bordeaux en 2022. Il s’intéresse tout particulièrement aux migrations humaines durant le néolithique qu’il étudie grâce aux outils récents de la paléogénomique.
18 septembre : Vincenzo Celiberti Néandertal : nos ancêtres méconnus Résumé : Néandertal, souvent perçu comme un “cousin rustique“ d’Homo sapiens, a longtemps été mal compris. Vivant essentiellement en Europe, dans un intervalle compris entre 300 000 et 40 000 ans environ, il a su s’adapter à des environnements variés, allant des forêts denses et humides aux steppes glaciales. Doté d’une stature robuste et d’un crâne allongé, avec une capacité crânienne plus importante que la nôtre, le Néandertal était parfaitement adapté à son époque et à son environnement. Contrairement à l’image stéréotypée d’un homme des cavernes primitifs, des recherches récentes révèlent que Néandertal possédait des compétences avancées et des capacités insoupçonnées. Humaniste, solidaire, empathique, pacifiste et …écologiste, il n’était finalement pas si différent de nous les Homo sapiens… Il vivait en groupes, peignait les grottes et portait des ornements ; il jouait de la musique, enterrait les morts et soignait les malades, avec une pharmacopée assez développée. Ces découvertes récentes témoignent de son habilité à exprimer et produire des émotions. Néandertal était donc bien plus évolué, technologiquement et socialement, qu’on a pu le croire. De plus, les études génétiques récentes ont révélé que les Néandertaliens, ces ancêtres étonnants de l’Humanité, ont interagi avec nos ancêtres Homo sapiens, laissant une empreinte dans notre ADN. Environ 1 à 3 % de l’ADN des personnes d’origine non africaine provient des Néandertaliens, ce qui souligne l’importance de ces interactions dans notre histoire évolutive. Aujourd’hui, Néandertal est reconnu non seulement comme un ancêtre, mais aussi comme un être humain à part entière, avec ses propres cultures et modes de vie. En explorant son histoire, nous découvrons non seulement nos racines, mais aussi la richesse de la diversité humaine à travers le temps. Ainsi, le Néandertal, loin d’être un simple vestige du passé, continue de fasciner et d’enrichir notre compréhension de l’évolution humaine. Sa résilience et son ingéniosité nous rappellent que notre histoire est bien plus complexe et nuancée que ce que l’on pourrait penser. Plus nous en apprenons sur cette espèce (et sur les autres espèces d’Hominidés qui nous ont précédés), plus nous comprenons que d’autres espèces possèdent des capacités cognitives surprenantes et enrichissantes…
CV : Archéologue préhistorien, chercheur à l’UPVD, Université de Perpignan au sein de l’UMR 7194 HNHP (Histoire Naturelle de l’Humanité Préhistorique) du CNRS – MNHN, UPVD, Centre Européen de Recherches Préhistorique de Tautavel) il a participé et personnellement dirigé plusieurs campagnes de fouilles et d’études d’industries lithiques à l’étranger, notamment en Afrique, en Asie et en Océanie (Ethiopie, Tanzanie, Chine, Corée du Sud, Cambodge, Thaïlande et Papouasie Nouvelle Guinée) et dans plusieurs pays européens, Espagne et Roumanie entre autres, et il a publié, comme auteur principal ou comme co-auteur, plus d’une cinquantaine d’articles scientifiques et une dizaine de monographies. Il est aussi chercheur attaché à l’Institut Italien de Paléontologie Humaine de Rome et à la Fundacion Instituto de Investigacion de Prehistoria y Evolucion Humana de Lucena, en Espagne.
19 septembre : Projection Thorin : le dernier Néandertalien En présence du réalisateur : Pascal Cuissot Production : Fred Hilgemann Film Participation : CNRS-images, Diffusion: Arte, Résumé Thorin, le Néandertalien exhumé d’une grotte de la Drôme, apporte de précieux indices sur la disparition de son espèce. La découverte, exceptionnelle, bouleverse nos connaissances sur les occupations du bassin méditerranéen au cours de la Préhistoire. En 2015, la mise au jour dans la grotte Mandrin, au cœur de la vallée du Rhône, d’un nombre important de fossiles néandertaliens, constitue le point de départ d’un haletant thriller archéologique. Daté, après moult rebondissements, de 40 000 ans environ, ce représentant tardif de Néandertal, baptisé Thorin comme le roi nain de Tolkien, livre de nouveaux indices sur cette espèce, qui a vécu sur le continent eurasien pendant 300 000 ans avant de s’éteindre mystérieusement. Pourquoi a-t-elle disparu au profit d’Homo sapiens, notre ancêtre ? C’est ce que tentent de comprendre le préhistorien Ludovic Slimak et son équipe, qui explorent depuis vingt ans la grotte Mandrin, occupée pendant quatre-vingts millénaires et miraculeusement préservée grâce aux sables portés par le mistral, s’engouffrant dans son ouverture au nord. Alors que l’analyse des suies, une nouvelle méthode d’investigation, permet en outre de déterminer avec une précision inédite la fréquence d’occupation du lieu, les fouilles des archéologues révèlent que les Néandertaliens ont non seulement survécu dans le sud de la France mais qu’ils ont même probablement côtoyé les Homo sapiens vers le 54e millénaire avant J.-C. Autre découverte majeure : les recherches sur les étranges pointes en silex de la couche archéologique de cette période laissent penser que les premiers Homo sapiens installés dans la grotte chassaient déjà à l’arc, soit quelque quarante mille ans avant la date admise de l’invention de l’archerie! Des chantiers de fouilles aux laboratoires, cette captivante enquête, qui convoque des savoirs pluridisciplinaires – archéologie, tracéologie, paléogénétique… – et des chercheurs passionnés, lève le voile sur l’une des plus grandes énigmes de la Préhistoire et met au jour l’histoire inédite de la rencontre de deux espèces humaines dans le sud de la France. Premier fossile néandertalien exhumé depuis cinquante ans, Thorin, dont l’ADN le rapproche de cousins d’Europe du Sud, dessine ainsi une toute nouvelle branche méditerranéenne chez les individus de son espèce, avant leur disparition, bien plus progressive qu’imaginé jusque-là. Pascal Cuissot est réalisateur, on lui doit de nombreux documentaires de très grande qualité : Tour Eiffel : le rêve d’un visionnaire, Au Temps des Dinosaures, Les Secrets du Colisée, Quand Homo Sapiens faisait son cinéma, Gaudi, Vauban la sueur épargne le sang, Rio de Janeiro, ville merveilleuse… |