(Vu sur la Toile)

 

Julie Martinez : porte-parole du PS qui travaille chez la concurrence… au détriment de la France
(Article du journal Marianne)

 

Marianne.- Julie Martinez, porte-parole du PS sur les questions d’IA, travaille en parallèle pour le magnat de la data américain, Palantir Technologies.

Jusqu’où peuvent aller les contradictions des représentants politiques ? Julie Martinez, porte-parole du Parti socialiste (PS) chargée des questions relatives à l’intelligence artificielle (IA) depuis un mois, travaille également pour un magnat de la Silicon Valley spécialisé ‑ au grand hasard ‑ sur l’IA. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son poste ne reflète ni les valeurs prônées par le parti, ni les intérêts de la France.

C’est une information mise en lumière par le quotidien l’Humanité : Julie Martinez travaille depuis trois ans pour Palantir Technologies, une société spécialisée dans l’analyse de données sensibles fondée en 2003 au sein de la Silicon Valley. À sa tête ? Pether Thiel, entrepreneur américain et fervent soutien de la campagne de Donald Trump.

Interrogé par le quotidien, Antoine Champagne, fondateur du site d’investigation Reflets.info, explique que les « solutions algorithmiques permettant leur exploitation sans les garde-fous dont nous disposons en Europe » sont le fonds de commerce de cette entreprise de la Data. Le site Reflets.info résume par ailleurs l’état d’esprit de Palantir : « Aux États-Unis, la donnée, y compris très personnelle est une marchandise comme une autre. Tout se vend, tout s’achète, tout se mouline, se recrache et se réinjecte. » Nous sommes bien loin de l’attachement à la régulation par règlement général sur la protection des données (RGPD) appliqué en Europe.

 

 

Faux semblants

 

 

La place de Julie Martinez dans tout ça ? La nouvelle porte-parole du parti à la rose ‑ qu’elle a rejoint en 2017 ‑ occupe le poste de « responsable de la protection des données personnelles » chez Palantir. Avocate de formation, elle est aussi Directrice générale de France Positive ‑ un think tank fondé par Jacques Attali ‑, auteur de l’ouvrage IA & Fake News, sommes-nous condamnés à la désinformation ? et a enseigné le droit des nouvelles technologies et de l’IA à l’université.

S’il n’y avait pas eu ce détour par la Silicon Valley, son parcours serait irréprochable. En février 2024, elle alertait d’ailleurs sur les « dangers insidieux » de l’IA lors d’une intervention au Forum européen bioéthique : « Les systèmes d’IA, alimentés par d’énormes quantités de données, peuvent perpétuer des préjugés, automatiser la discrimination et rendre les décisions opaques. Ils peuvent être utilisés pour manipuler l’opinion publique, espionner la vie privée et même menacer la sécurité nationale. »

Du côté du PS, l’information ne fait, pour l’instant, pas de vague. Interrogée par l’Humanité, Floran Vadillo, directeur général du PS, ne s’inquiète pas outre mesure de cette incohérence : « Travailler pour Palantir n’est pas un contre-sujet. (…) Mais je suis presque rassuré que des profils comme Julie Martinez soient recrutés par ce genre de société. » Le quotidien souligne enfin que la principale intéressée s’estime en accord avec ses « convictions de militante socialiste, antifasciste, anti-extrême droite ». Si travailler pour un géant de l’IA américain ne ruine pas l’ensemble de ses convictions, une chose est sûre : la porte-parole du PS occupe un poste au cÅ“ur de la concurrence française numérique, sans que cela ne fasse broncher sa couleur politique.

(Source : journal Marianne)