Depuis plusieurs mois maintenant, le préfet des P-O Rodrigue Furcy, courageux* auteur de la mise en place du plan “Crise sècheresse”, est en contact permanent avec décideurs, décisionnaires, élus et socio-professionnels, bref avec tous les acteurs du département plus ou moins concernés par la problématique liée à la ressource en eau et son utilisation, pour mettre en place des solutions adéquates afin de faire face à une éventuelle rupture en Or bleu sur notre territoire

 

La principale (et seule) inquiétude dans les P-O concernerait cet été à Argelès-sur-Mer : de mi juin à fin août, la population permanente dans la commune passe d’environ 12 000 habitants à près de 200 000 quotidiennement ! On constate le même phénomène dans la commune voisine de Collioure : environ 2 600 habitants à l’année, 16 à 17 000 habitants en haute saison estivale… et jusqu’à 50 000 visiteurs comptabilisés par jour tout l’été durant.

En effet, si la capacité d’accueil de la station balnéaire d’Argelès-sur-Mer est d’environ 140 000 habitants (essentiellement grâce à l’hébergement recensé dans l’hôtellerie de plein air et accessoirement dans les locations saisonnières), il faut aussi compter avec la population permanente et estivale séjournant dans les Albères, les Aspres et le Vallespir dont le vaste territoire d’Argelès-sur-Mer est la plage naturelle de proximité… au même titre que les gens d’Elne vont à Saint-Cyprien, ceux de Pia, Rivesaltes et Saint-Laurent-de-la-Salanque vont au Barcarès et à Torreilles, les habitants de Perpignan et sa couronne vont à Canet-plage, etc.-etc.

Récemment, lors d’une de ces réunions entrant dans le plan d’alerte “Crise sècheresse”, les participants ont évoqué la possibilité d’ancrer, cet été 2023, un supertanker au large de Port-Vendres, ou la mise en place momentanée d’une unité désalinisation de l’eau de mer, toujours dans le même secteur, afin justement d’éviter toute pénurie estivale en Or bleu dans la ville qui en juillet-août est la plus peuplée du littoral roussillonnais… et même du département, loin devant Perpignan !

Ce supertanker ou cette usine de désalinisation flottante permettrait d’alimenter Argelès-sur-Mer durant la haute saison estivale et d’assurer sa sécurité en eau potable. A ce jour, il ne s’agirait que de simples pistes, rien de concret.

Les deux propositions envisagées sont sur la table, tant la situation est désormais préoccupante : “Cela ne sert à rien de se voiler la face, nous avons un réel problème”, s’inquiète un professionnel du tourisme. “Sans surjouer un épisode de catastrophisme et en rajouter une couche, il faut bien admettre une certaine réalité : depuis des semaines il pleut partout autour de nous, mais pas chez nous ! Ce ne sont pas les quelques gouttes de pluie en plaine et les orages sur les reliefs qu’on nous promet pour aujourd’hui et/ ou demain qui vont changer la donne”.

Le propriétaire d’un célèbre golf a même envisagé sérieusement de faire venir depuis Toulouse des camions citernes pour arroser sa pelouse : “Nous avons de nombreuses réservations depuis des semaines, des mois, c’est toute une activité économique qui est concernée par notre activité, car souvent elle est couplée avec des séjours touristiques (hébergement, restauration, etc.), et l’embauche de personnels saisonniers ; on ne peut pas dire maintenant qu’on ferme !”.

 

L.M.

*Il faut reconnaître que le préfet Rodrigue Furcy a été visionnaire sur ce dossier là, en tirant courageusement la sonnette d’alarme, en prenant des mesures certes impopulaires mais qui semblent acceptées par une large partie de la population, consciente de cette situation historique, forcément exceptionnelle. On ne peut pas en dire autant de nos très “chers” élus, de droite, de gauche et d’ailleurs, qui se sont succédé aux commandes du Département – et dans le département – depuis plus de trois décennies et qui n’ont jamais, ô grand jamais !, pris leurs responsabilités sachant que “gouverner c’est prévoir, c’est agir pour l’avenir”… Bien au contraire, ils n’ont cessé de bétonner le territoire, pour, notamment, sans réserve, s’approprier des records démographiques communaux d’un recensement à l’autre, dans une irréfléchie et inépuisable (elle) course à l’échalote !