(Vu sur la Toile)
Pourquoi 64 % des logements dans les stations de ski sont menacés d’interdiction de location
(Article de Guillaume Errard • Rédaction Le Figaro)
Le Figaro.- Dès le 1er janvier 2026, 850 000 logements, chauffés à l’électricité, ne seront plus des passoires thermiques. Et pourront être loués. Un soulagement pour leurs propriétaires. Les autres ont le choix entre vendre leur bien ou réaliser les travaux nécessaires. Même si l’étau se desserre un peu autour de cette interdiction de location imposée depuis 2021 aux logements mal isolés, elle génère encore des crispations. Et pas seulement pour les biens immobiliers classiques. Les stations de ski, qui sont au nombre de 364 en France, également.
Il y a de quoi. Car les chiffres ne laissent pas de marbre. Près de 28% de ces biens sont classés F ou G (sur le DPE, Diagnostic de performance énergétique), selon une étude de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) qui reprend des chiffres de l’Agence de la transition écologique. C’est deux fois plus que pour la moyenne nationale (14%).
Pire : si l’on ajoute les logements «E» qui seront interdits à la location – dans le cas où les travaux nécessaires ne sont pas réalisés – en 2034, cette proportion passe à 64% ! Soit quasiment deux fois plus que pour la moyenne nationale (environ 35%). « Cet écart important est lié à la typologique des logements en stations, explique Loïc Cantin, président de la Fnaim. Beaucoup d’entre eux ont été construits avant la première réglementation thermique de 1974. »
Deux choix s’offrent aux propriétaires de passoires thermiques : les céder ou réaliser les travaux nécessaires – d’ici 2028 pour les F et d’ici 2034 pour les E – pour sortir de ce statut. S’ils optent pour la seconde solution et que leur logement constitue leur résidence secondaire, ils ne bénéficieront pas de Ma Prime Rénov’. Car cette aide publique à la rénovation énergétique ne profite qu’aux résidences principales et aux locations de longue durée. Or, 59% des logements des communes stations de ski, sont des résidences secondaires, selon la FNAIM.
Val d’Isère devant Courchevel
En réalité, les actuels propriétaires de passoires thermiques, à la montagne comme ailleurs, disposent d’une troisième option. Beaucoup plus attrayante que les deux premières. À savoir faire traîner les travaux jusqu’en 2034. En effet, la loi leur accorde un tel délai pour les logements actuellement loués sur les plateformes touristiques, quel que soit le DPE de leur logement, à la montagne et ailleurs.
« J’avoue que c’est un point de compromis que nous avons cédé. Nous souhaitions un délai plus court », concède Annaïg Le Meur, députée Ensemble pour la République, à l’origine de la loi qui encadre les locations touristiques. A contrario les nouveaux logements loués sur courte durée doivent respecter le calendrier des passoires thermiques, bien connu des propriétaires : pas de location depuis 2025 pour les logements «G», rien à partir de 2028 pour les logements «F» et 2034 pour les «E». Cet avantage en faveur des locations touristiques, à la montagne comme ailleurs, ne plaît pas au président de la Fédération nationale de l’immobilier. « On marche sur la tête ! On ne loge pas les Français avec les locations courte durée mais avec la location longue durée », dénonce Loïc Cantin.
Côté prix, l’immobilier de montagne est plus dynamique qu’ailleurs en France : +3,9% (à 4003 €/m² sur les 12 derniers mois contre +1,1% à 2997 €/m² en France), selon la FNAIM. « Les prix sont moins un problème pour les acheteurs à la montagne, qui disposent des revenus parmi les plus élevés, que pour les primo-accédants qui cherchent à se loger sur tout le territoire. Pour les premiers, c’est un achat loisir. Le financement a moins d’emprise sur eux », explique Loïc Cantin. Là où les prix immobiliers en France ont chuté durant l’été 2023, ceux à la montagne se sont stabilisés puis ont repris leur marche en avant de manière plus forte qu’ailleurs. C’est à Val d’Isère que les prix sont les plus chers en Savoie (14 696 €/m²) devant Courchevel (13 637 €/m²) et Megève (10 834 €/m²) devant Chamonix (10 649 €/m²) pour la Haute-Savoie.
(Source : Le Figaro)

