L’éviction du patron de la Police judiciaire (PJ) de la zone sud de la France, Eric Arella, suscite une vague d’intense d’indignation chez les officiers de la PJ ainsi et surtout que dans les médias français, lesquels sont toujours prompts à réagir émotionnellement – et donc forcément en toute subjectivité -, et à jeter de l’huile sur le feu sans prendre le moindre recul

 

Depuis vingt-quatre heures, ces mêmes médias crient au loup et nous assènent d’images et nous assomment de commentaires sans prendre la précaution d’analyser la situation, de contextualiser les événements… et, surtout, de nous expliquer les raisons de la colère, le pourquoi du comment.

On nous balance qu’Éric Arella “a été démis vendredi 7 octobre de ses fonctions, au lendemain d’une manifestation à Marseille contre la réforme* de la PJ”, et que “quelques heures après l’annonce de son éviction, des officiers de la PJ se sont réunis dans plusieurs villes de France pour montrer leur mécontentement”.

Soudainement, subitement, les Français apprennent (et les journalistes également visiblement) qu’une réforme de la PJ serait en cours.

Éric Arella pilotait depuis sept ans les enquêtes sur la grande criminalité et notamment sur le narcobanditisme de Perpignan à Nice en passant par la Corse et Marseille, une des villes les plus touchées par ce fléau.

« Comme pour toute réforme, il y a des discussions, il peut y avoir des désaccords. Mais une telle déloyauté n’est pas acceptable », indiquait-on dans l’entourage de son directeur. Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, n’aurait visiblement pas apprécié sa réception avant-hier, jeudi 7 octobre à Marseille, par quelque deux cents officiers mobilisés contre la réforme.

À sa sortie de réunion, dans une ambiance glaciale, il avait été contraint de fendre une haie de policiers bras croisés et silencieux, selon une vidéo qui a vite fait le buzz dans toutes les rédactions, bizarrement apportée sur un plateau d’argent par les protestataires qui n’ont pas  digéré l’éviction de leur directeur zonal, le patron. Des salariés qui défendent leur patron, avouons que par les temps qui courent “en Macronie” cela n’est pas banal…

La fronde a même gagné Perpignan, où hier en milieu d’après-midi des officiers de la PJ se sont réunis dans la cour de leur bâtiment pour manifester leur soutien à Éric Arella.

Autre son de cloche : « Les résultats à Marseille sont mauvais, avec des niveaux records d’homicides, alors que les effectifs ont été considérablement renforcés », commentait-on vendredi dans l’entourage de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN). Ce qui serait, selon l’Elysée (indirectement), l’origine de l’éviction d’Éric Arella.

Il est vrai, vu sous cet angle-là, qu’il y a sincèrement de quoi s’inquiéter des soi-disant “si bons résultats” sur le terrain du démis Éric Arella, lorsque les projecteurs de l’actualité recensent (presque) quotidiennement un nombre spectaculaire des règlements de comptes et homicides dans la seule cité phocéenne, sous les fenêtres de l’ex-directeur de la zone sud au sein de la Police judiciaire de Marseille… et qui aux yeux de l’opinion publique ne seraient jamais résolus, dans la mesure où officiellement les auteurs de ceux-ci ne seraient jamais interpellés, inconnus du grand public en tout cas. Ou alors, on ne nous dit pas tout ?

 

L.M.

 

 

*Que contient la réforme ? La réforme de la Police judiciaire censée entrer en application courant 2023 et présentée par ses défenseurs comme une manière de désengorger les services d’investigation rencontre une forte opposition côté enquêteurs et monde judiciaire qui dénoncent une « casse de l’investigation ». La réforme, portée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le patron de la police (DGPN) Frédéric Veaux, prévoit que tous les services de police à l’échelle du département – renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) – soient placés sous l’autorité d’un nouveau responsable unique, le Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire, chargés des crimes les plus graves, sont ainsi sous l’autorité du Directeur central de la police judiciaire (DCPJ).