(Vu sur la Toile)

 

Gazoduc Midi Catalogne : la France jette un froid avant l’hiver
(Diane Cambon РR̩daction Marianne)

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Marianne.- Consternation en Espagne après le refus de la France de reprendre les travaux du gazoduc MidCat (midi-catalogne), qui permettrait en théorie à l’Europe de réduire sa dépendance énergétique notamment avec la Russie.

Ce projet censé relier l’Espagne à la France lancé en 2013 et abandonné en 2019 prévoit la construction d’un tuyau de 230 kilomètres partant d’Hostalric au nord de Barcelone pour rejoindre Barbaira à l’est de Carcassonne. Or depuis le début, la France dénonce l’impact environnemental et le coût astronomique des travaux titanesques estimés à 450 millions d’euros.

Récemment, le ministère de la Transition écologique français aurait décliné cette option assurant que « le projet allait mettre de nombreuses années à entrer en service et par conséquent, il n’apporterait pas de réponse à la crise actuelle ».

Un argument que démonte Madrid pour qui ce tronçon permettrait de rompre son isolement énergétique. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez plaide en outre pour un gazoduc compatible avec le transport d’hydrogène vert. Une réorientation de nature à convaincre Bruxelles, qui souhaite financer prioritairement les énergies renouvelables.

 

Madrid espère l’appui de Bruxelles

 

Madrid espère mettre à contribution l’Europe considérant que ce projet bénéficie à l’ensemble des pays européens, notamment l’Allemagne qui souhaite construire un gazoduc reliant la France. Si l’UE le juge « crucial », la Commission ne s’est pas encore engagée à le financer.

L’Espagne a une carte à jouer dans l’acheminement du gaz vers le nord de l’Europe. Le pays a investi dans d’importantes installations de stockage pour gaz liquéfié qu’elle reçoit des États-Unis mais aussi d’Afrique. Mais également d’Algérie via un gazoduc sous-marin de 750 kilomètres, le Medgaz, ainsi que par un deuxième pipeline, le GME – mis hors service à l’automne par Alger sur fond de crise diplomatique avec le Maroc mais qui n’a pas pour autant été démonté.

Au total, la péninsule ibérique héberge 34 % de la capacité de regazéification de l’Union européenne et 45 % de la capacité de stockage de gaz liquide, dans six sites souterrains et des cuves.

 

« L’égoïsme national français »

 

Or, le blocage français pourrait réduire à néant ces projets d’expansion, lesquels feraient du Portugal et de l’Espagne une porte d’entrée de choix pour le gaz dans l’UE.

Dans un éditorial de ce mardi, le quotidien El Pais dénonçait « l’égoïsme national français » : « La France de Macron qui défend la souveraineté énergétique et écologique a l’opportunité avec ce gazoduc de montrer sa réelle disposition à contribuer à réduire les émissions à effet de serre et à penser de façon solidaire et européenne ». La ministre de la Transition Écologique espagnole, Teresa Ribera a assuré que d’ici deux à trois mois, l’Espagne pourrait fournir entre 2 et 2,5 % du gaz qui peut être consommé dans l’ensemble de l’UE à condition toutefois que la France soit en mesure et décide d’acheminer ce gaz vers le centre de l’Europe.