Jean-Christian Séguret, ancien notaire… et nouvel auteur de romans!

ENFIN quelque chose de neuf, de nouveau, d’intéressant, de passionnant, du côté des écrivains roussillonnais avec l’arrivée dans le patrimoine de la littérature départementale d’un tout-nouvel auteur : Jean-Christian Séguret, ancien notaire à Perpignan et sur la Côte Vermeille, entre autres, à la retraite depuis cette année.

Tout juste retiré de la vie active, ce fils d’un père aveyronnais (qui exerçait le métier de colonel) et d’une mère rivesaltaise (fille de Joseph Roger, viticulteur et président de la cave coopérative… alors qu’il est cantonné au camp Joffre), n’a pas tardé à se remettre au travail, ou plutôt à l’ouvrage, sous le regard de son épouse, Jacky, professeur de lettre retraitée, son “implacable  et patiente correctrice” dans cette nouvelle aventure professionnelle !

Il publie ces jours-ci aux éditions “JePublie” (fallait y penser !) un roman étonnant, sous le titre non moins surprenant de “Notre pierre qui êtes au…”. Et comme Jean-Christian Séguret ne fait jamais les choses comme tout le monde, c’est dans la vitrine de la boutique perpignanaise de ses amis décorateurs et créateurs Françoise et Henri Quinta que son livre est en vente ! Pour commencer…

Des moissons de 1943 jusqu’à une très intrigante dépêche AFP signée d’un correspondant virtuel à Lourdes, en fin de livre (terminus tout le monde descend !), en passant par l’automne 1891, Jean-Christian Séguret nous entraîne où il veut, comme il veut, selon son rythme… La seule façon, pour le lecteur, d’apporter sa “propre” pierre à l’édifice, est encore de lire ce roman d’une seule traite, au sens propre (d’une lecture effectuée sans s’arrêter) comme au sens figuré (opération par laquelle on trait les vaches !…), cadre environnemental du Rouergue oblige.

Dans ce merveilleux roman Jean-Christian Séguret prend bien soin “de ne jeter la pierre à personne”, sauf sur un pan de notre Histoire. Son style, ses personnages et leur langage constituent autant de “pierres de touche”  pour jouer à pousse-cailloux ! D’ailleurs, selon la formule consacrée : Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre !

Ce roman est attachant en cela qu’il nous éclaire aussi sur la nature humaine, avec tendresse, sincérité et anecdotes humoristiques à la fois, sur une période et une chronologie de faits vécus de l’intérieur, avec force et détails. Le Bonheur, comme on aurait trop tendance à l’oublier, ou à le négliger, arrive souvent par le plus grand malheur… Comme le destin précède l’avenir ! Et vice-versa.

Entre la paire Noël, le maire Robert Vinasse (de son vrai nom !), qu’on imagine volontiers prenant son petit-déjeuner cul-sec, et la belle et fine écriture  de Camille, l’instituteur-camarade de tranchées, il y a, à l’évidence, fatalement, du Pierre Dac chez Jean-Christian Séguret. Et on s’en délecte. Mieux : on s’en régale. Pourtant, à tous les coins de page, c’est une guerre qui se raconte, c’est une sombre période que l’auteur déroule, dévoile, avec ses intimes convictions, un trajet littéraire toujours très instructif, tant au plan géographique qu’au plan historique.

D’une plume originale, bien maîtrisée, quoique parfois un peu crue, l’auteur, Jean-Christian Séguret, qui a écrit ce premier livre entre son mas planté sur les hauteurs magiques de Banyuls-sur-Mer en Côte Vermeille, et le quai Vauban où son appartement d’hiver surplombe la Basse, tente, à sa manière, de mettre en lumière une époque charnière de l’Histoire récente.

Un livre tonique, qui pousse peut-être la démystification du temps et de l’espace “en mode conflit” plus loin que nécessaire, pour mieux faire débat ?

Quel que soit le monument aux morts érigé, l’Histoire demeure tragique, parce qu’elle est faite de violences et de sacrifices, mais Jean-Christian Séguret vient apporter un autre témoignage en réveillant notre mémoire pour nous rappeler que “De la Révolution à nos jours, d’exterminantions en sauvetages, la France a élevé en son sein les vrais héros anonymes (qui) fleurissent sur les monuments aux morts pour certains, dans nos coeurs pour beaucoup d’autres… Et si les guerres pouvaient malgré tout réunir les êtres et les religions ? (…) Et si une petite pierre, un caillou, un minéral pas si anodin que cela y arrivait pour eux ?…”.

Et si la réponse était dans ce livre ?

 

Dans la vitrine de la boutique de Françoise et Henri Quinta, à Perpignan… “Notre pierre qui êtes au…”.