Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales
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(Communiqué de presse)
Ressource en eaux troublée par le lobby agricole
–“La dernière réunion du comité ressource en eau s’est tenue en préfecture le 11 août dans un climat particulier avec une manifestation de la FDSEA devant ses portes, hostile et pour faire pression à toutes mesures de restriction supplémentaires.
Devant une sécheresse qui ne semble pas finir et face à une manifestation d’une agriculture aux abois, le préfet a décidé le maintien en alerte renforcée alors même que les informations de relevés des seuils de débit et niveaux des nappes rendaient nécessaire pour la deuxième fois consécutive de mettre le secteur Tech au niveau « critique » (rouge). Ce niveau d’alerte permet de maintenir une irrigation réduite pour l’agriculture, alors qu’elle aurait dû être interdite suivant les recommandations de l’Arrêté Cadre Sécheresse.
Ce choix préfectoral a été opéré afin « de sauver une agriculture en souffrance ». Ce n’est pas le cas dans soixante-deux autres départements français où les préfets n’ont pas hésité à passer au niveau crise au regard des données et prévisions des syndicats de rivières et des nappes.
La Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales a simplement proposé de passer à 66% d’économie à la place des 50% d’économie prévue au niveau d’alerte renforcée. Toutefois, interrogés, les services de l’État confirment ne pas être en mesure de connaître, chiffres à l’appui, la portée réelle des économies d’eau générées pas ces mesures de restriction.
Par ailleurs, aucune demande de la part de la préfecture à la chambre d’agriculture pour la transmission d’un plan de mise en œuvre de ses fameuses économies de 66% sur la ressource. Aucune demande non plus pour exiger des plus gros préleveurs de transmettre les chiffres journaliers de leurs prélèvements en eau au syndicat des nappes, compte tenu de la situation de crise.
On reste dans l’intuition et dans l’espoir de prochaines pluies.
Si la dimension météorologique, aggravée par le réchauffement climatique, échappe à notre contrôle, l’assèchement des sols, des rivières et des nappes est directement lié à une mauvaise gestion de l’eau.
L’administration ne peut pas continuer à gérer uniquement la pénurie en période d’étiage. Il faut des solutions sur le plan structurel à plus long terme et qui ne se résument pas à « capter l’eau qui part à la mer » comme on peut l’entendre dans cette commission où le lire dans la presse. La nature fait cela très bien et gratuitement, pour peu qu’on ne la contrarie pas.
Les projets de création de retenues collinaires de Mme la présidente de la Chambre d’Agriculture ne font pas l’unanimité. L’actualité sur les bassines du Marais Poitevin ou la récente étude en Espagne démontre que les bassins versants comportant le plus de barrages sont aussi ceux qui connaissent le plus de sécheresse. Notre fédération est contre les projets de bassines dès lors qu’ils viendraient à aggraver la situation actuelle.
Nous déplorons également les réunions organisées par la chambre d’agriculture avec l’association des maires du département pour organiser un lobbying. L’association des maires n’a ni mandat ni compétence en matière de gestion de l’eau. Nous rappelons qu’actuellement, cette même association des maires au niveau national, demande un moratoire à l’application du volet Zéro Artificialisation Nette de la loi climat en saisissant le Conseil d’État et tente de faire annuler certains décrets pourtant de nature à améliorer la crise actuelle sur l’eau.
Les changements climatiques vont engendrer une baisse d’environ 25 % d’eau disponible d’ici 2050. Si nous continuons à prélever plus que ce que les milieux sont en capacité de supporter, à la fois pendant les hautes eaux où les réserves se reconstituent et dans la période de basses eaux où la ressource est en tension, les sécheresses sont inévitables. Il est temps d’abandonner la politique de l’autruche !”.