(Communiqué)

 

-“Le comité sécheresse ce 22 février s’est déroulé dans un catastrophisme ambiant à l’évocation de l’absence exceptionnelle de pluies en période de hautes eaux, d’une sécheresse des sols à son maximum et d’un déficit de la ressource tant dans les nappes que dans les fleuves du département jamais observé depuis l’implantation des stations de mesures en 1959

 

Les perspectives de remplissage des retenues de stockage du département (Caramany, Vinça, Les Bouillouses et Villeneuve-de-la-Raho) semblent très limitées d’ici l’été compte tenu du déficit pluviométrique et de la faible couverture neigeuse. En conséquence, les lâchers d’eau en soutien aux rivières déjà à sec sont compromis pendant la période d’étiage habituelle. On voit donc ici pleinement la limite des solutions grises théorisées, sans aucune base scientifique, et proposées continuellement par la chambre d’agriculture comme la création de bassines qui capteraient l’eau en excédent en période d’hiver « avant qu’elle ne parte à la mer ».

L’accélération du changement climatique évoqué dans le dernier rapport du GIEC est donc tout à fait observable dans notre département.

Dans cette situation plus qu’exceptionnelle, le préfet a décidé de placer l’ensemble des unités de gestion au niveau « alerte renforcée » à compter de début mars. Alors même que les chiffres communiqués pour l’ensemble du département sur les nappes et rivières relèvent majoritairement du niveau critique (rouge).

Nous doutons que les mesures de restriction évoquées lors de cette réunion qui limiteraient l’usage de l’eau aux seuls usages essentiels à savoir l’ alimentation en eau potable, l’irrigation agricole et les piscines des campings soient suffisantes pour éviter les coupures d’eau.

Pourquoi faut-il encore autoriser le remplissage des piscines des campings de la côte alors même que les touristes peuvent prendre des bains de mer à proximité ?

Les solutions envisagées dans des départements de l’arc méditerranéens dans la même situation doivent nous inspirer. Certains élus du Var viennent enfin de prendre des mesures contre l’excès de l’urbanisation en interdisant tout nouveau permis de construire. Alors que la situation est bien plus grave ici, les maires, comme à Argelès-sur-Mer ou à Font-Romeu-Odeillo-Via continuent à autoriser l’artificialisation des espaces naturels et agricoles à grande vitesse.

Concernant les forages tant agricoles que ceux des particuliers, sans eau dans les rivières et dans les nappes du quaternaire, et avec les restrictions envisagées, il est facile d’imaginer la tentation d’aller forer dans les nappes profondes.

Nous redoutons l’augmentation de ces forages illégaux qui viendront s’ajouter à ceux déjà mentionnés dans le SAGE de la Plaine du Roussillon si difficile à régulariser. Aujourd’hui, tant le régime déclaratif que celui de l’autorisation ne sont plus adaptés à la situation.

Le régime d’opposition à déclaration doit permettre au préfet de s’opposer à de nouveaux forages, sauf exception pour l’eau potable. Cette interdiction devrait rapidement être intégrée dans les PLU. Enfin, il est temps d’informer les bénéficiaires de forages illégaux, ainsi que les entreprises qui les construisent, que dès lors qu’il serait constaté un dommage environnemental par cet ouvrage, les maîtres d’ouvrage seraient passibles de poursuites correctionnelles pour un délit correspondant à l’article L173-3 du code de l’environnement. .

Enfin, notre inquiétude concerne également le fonctionnement de ce comité consultatif sur la ressource en eau. En effet, il est encadré par des dispositions réglementaires qui ont prévu de confier sa gouvernance à l’ensemble des usagers, y compris les associations. En conséquence, notre fédération s’oppose dès à présent à la constitution d’un « comité bis » dénommé « travaux de gouvernance rapprochée fine », à l’intérieur du Comité Ressource et qui regrouperait uniquement l’association départementale des maires, des adjoints et de l’Intercommunalité des P-O, la Chambre d’Agriculture et l’association du tourisme de plein air.

Cette situation est extravagante et n’assure ni la transparence ni l’intérêt général. Le préfet doit assurer l’expression équilibrée de l’ensemble des parties prenantes dans ce Comité « Ressources en eau » et ne pas être sous la pression de ceux qui ont l’habitude de proférer des menaces.

 

*Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales
Membre de France Nature Environnement. Si̬ge social : FRENE 66 Р16, rue Petite-la-R̩al 66000-Perpignan. T̩l. 04 68 34 98 26 Mail : frene66@gmail.com