Parmi les phénomènes de l’été 2024 constatés dans le département des Pyrénées-Orientales, notamment sur le littoral où se trouve la plus forte concentration touristique de la saison estivale, on note une chute spectaculaire, à la table de certains restaurants, de la consommation de vin… et parallèlement certains vignerons enregistrent une forte progression de leurs ventes au caveau
Certains restaurateurs abuseraient-ils au niveau des coefficients multiplicateurs sur le prix du vin ? En tout cas, la question est posée et elle agite la filière vin. Certains vignerons ont pu constater que selon l’établissement saisonnier où leur vin est servi à table, le coefficient traditionnel de 3 appliqué sur le prix d’une bouteille achetée directement au domaine ou à la cave coopérative/ particulière en dessous de 10€ a littéralement explosé cet été avec des prix de folie calculés sur des marges x4, x5…
Un vigneron de la côte vermeille a pu constater que l’un de ses vins vendu 7€ sortie de cave aux restaurateurs, est affiché à la carte dans des établissements jusqu’à 40€. Un autre, de l’Agly, confirme : “Multiplier par 5, 6, 7, 8, parfois jusqu’à 10 le prix d’une bouteille, cela n’est pas raisonnable, là on va trop loin, on massacre le touriste ! Cela tue la consommation immédiate et future. D’ailleurs, ce dernier ne s’y trompe plus, si un produit l’intéresse, il va directement l’acheter à la source”.
Sur les réseaux sociaux, on peut lire l’exemple vécu par un Breton séjournant sur le littoral qui raconte avoir pris à la table d’un resto un pichet d’un litre de rosé (estampillé “du Roussillon”), facturé 19€… “alors que le cubi de dix litres vaut une vingtaine d’€uros”… Cherchez l’erreur !
Le bilan dressé par le propriétaire d’un prestigieux domaine viticole en côte vermeille confirme cette tendance : “Aux mois de mai, juin et juillet nous avons enregistré +20 à +30% de nos ventes directes au caveau par rapport à l’année dernière à la même époque. Vu le contexte économique et social ambiant, ce n’est pas rien, d’autant que nos prix n’ont pratiquement pas bougé. En revanche, les commandes du côté des restaurateurs saisonniers sont en chute car le vin n’y est plus abordable pour un pan important de la clientèle touristique qui choisit encore notre territoire pour y passer ses vacances”.
L.M.