Paris/ Elections législatives : Les Républicains investissent Michel Barnier, Rachida Dati maintient sa candidature
par adminLuc le Juil 29, 2025 • 7 h 04 min Aucun commentaire(Vu sur la Toile)
Législative à Paris : Les Républicains investissent Michel Barnier, Rachida Dati maintient sa candidature
(Article de Emmanuel Galiero • Journal Le Figaro)
Le Figaro.- Rachida Dati et Michel Barnier ont été auditionnés l’un après l’autre en ouverture de la commission nationale d’investiture (CNI) des Républicains, lundi soir à Paris. L’ordre d’apparition était moins défini par les règles de courtoisie que par les statuts des Républicains prévoyant que la parole soit donnée en priorité à l’élue ne siégeant pas au sein de la commission. Une fois les deux intervenants sortis de la salle, la cinquantaine de membres présents ont débattu de la situation politique parisienne, sujet placé au centre de toutes les attentions de la droite depuis une quinzaine de jours.
Car depuis que Michel Barnier a fait acte de candidature pour la législative partielle dans la 2e circonscription de Paris à la rentrée, les LR subissent un incendie dont ils espéraient un dénouement heureux dès dimanche soir. En vain. Car c’était sans compter sur la détermination de Rachida Dati à plaider sa cause jusqu’au bout, comme elle l’avait annoncé. Sous ses habits de candidate naturelle de la droite pour les municipales à Paris, la ministre de la Culture n’avait pas du tout apprécié l’irruption soudaine de Michel Barnier dans cet espace politique de trois arrondissements (mordant sur les 5e, 6e et 7e) qu’elle défend comme s’il était son fief. Et dès dimanche soir, bien avant son audition de lundi soir à 17h08, la maire du 7e arrondissement semblait déjà résolue à maintenir sa candidature sur la 2e circonscription, contre la décision de la CNI, contre le choix du président des LR et contre l’avis de la fédération LR de Paris. Elle a expliqué sa position en estimant que cette législative devait marquer le lancement des municipales. Elle a aussi reproché publiquement à Michel Barnier, qui n’était pas dans la salle, le fait qu’il ait annoncé sa candidature sans lui en parler avant, et qu’il ait dénoncé une candidature motivée, selon elle, par la présidentielle.
Dati candidate « quoi qu’il arrive »
Sans rebondir sur les attaques, Bruno Retailleau a pris la parole pour caresser l’élue dans le sens du poil. « Il faut virer le socialisme de Paris. Tu es la meilleure chance pour Paris. Je souhaite un accord », a insisté le président des LR, avant de considérer un peu plus tard que la droite avait besoin de la voix de Michel Barnier à l’Assemblée.
Une fois l’élue parisienne sortie, le Savoyard est entré pour expliquer sa démarche. Il a affirmé qu’il voulait être «sur le pont» à un moment «important», qu’il ne cherchait pas un «poste» et qu’il souhaitait être «utile». «Il ne faut pas mélanger cette élection avec les municipales et la présidentielle. Je ne serai pas candidat aux municipales», a-t-il assuré, avant de dénoncer les oppositions et les invectives, puis de conclure son intervention sous un air «serein».
Avant le début de ces deux auditions, les proches de Rachida Dati affirmaient qu’elle serait candidate «quoi qu’il arrive» dans la 2e circonscription. Façon préventive de rappeler qu’elle n’avait nullement l’intention de se soumettre aux exigences posées par sa famille politique. Quand l’information est sortie sur les réseaux sociaux pendant l’audition de Michel Barnier, «tout le monde l’a lue mais personne ne la citée en commission», observe un participant.
«Rachida Dati est la meilleure candidate pour Paris mais elle ne gagnera pas sans LR», a poursuivi Agnès Evren, présidente de la fédération LR de Paris. Pour la sénatrice, qui avait aussitôt apporté son soutien à la candidature de Michel Barnier, la droite devra rester majoritaire sur les listes municipales en mars 2026. Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France a jugé quant à elle que Michel Barnier était une «chance» mais que le parti prendrait un risque si un accord n’était pas trouvé avec Rachida Dati. L’absence de Xavier Bertrand n’a pas empêché le président LR des Hauts-de-France de confier un texte à son vice-président Antoine Sillani, dans lequel il demande l’investiture de Michel Barnier aux législatives et celle de Rachida Dati aux municipales. Ce que dit aussi Michèle Tabarot, la députée LR des Alpes-Maritimes. Le député européen François-Xavier Bellamy, qui est aussi le numéro 2 des Républicains, a défendu la candidature de Michel Barnier tout en appelant à ne pas trancher la question parisienne tout de suite. Un avis visiblement partagé à l’extérieur par un maire parisien proche de Rachida Dati ne voyant pas pourquoi cette CNI devrait être «conclusive» immédiatement, laissant entendre qu’il restait encore du temps avant septembre pour faire converger les intérêts divergents de la droite parisienne. Avant le vote, obtenu en faveur de Michel Barnier à la quasi-unanimité des membres présents, Bruno Retailleau a demandé à Agnès Evren de discuter avec Rachida Dati pour trouver un accord.
L’avis sur la loi PLM déterminante
Mais là où le bât blesse est que Bruno Retailleau et les LR, n’acceptent pas de lui confier les «clefs du camion» à l’aveugle. «Elle joue sa partition, c’est logique et les LR sont évidemment prêts à la soutenir mais pas à n’importe quel prix, explique un cadre. Elle veut engranger son investiture le plus tôt possible sauf qu’il est trop tôt et que nous ne pouvons pas le faire avant de connaître les règles du jeu». Pour LR, les règles seront plus claires notamment quand le Conseil constitutionnel aura rendu son avis sur la loi PLM, ce qui devrait arriver dès le 7 août et vraisemblablement pas dans le sens d’une annulation espérée par la droite. Mais les autres lumières attendues par la droite tiennent aux équilibres politiques de futures listes parisiennes. «En réalité, elle veut un blanc-seing mais il ne pourra y avoir de liste seulement si elle associe largement la fédération de Paris, avec un accord sur le nombre et sur les noms», ajoute-t-on chez LR, où l’on prépare la mise en place d’un groupe de travail chargé précisément de la constitution de la liste et du projet de la droite à Paris. Le nom d’Agnès Evren, présidente de la première fédération LR de France à Paris, est évoqué pour animer cette cellule.
Chez Rachida Dati, on explique que ce n’est pas tant la mise en place d’une droite majoritaire sur les listes qui pose problème, que l’intégration de certains noms. «On ne peut pas accepter des gens qui nous ont pourri la vie pendant toutes ces années», résume un élu «Datiste», en citant Geoffroy Boulard, maire du 17e et Francis Szpiner, sénateur de Paris. Si le dialogue se poursuit et qu’un chemin existe, comme veulent le croire les LR, la route est encore longue et cahoteuse.
(Source : Le Figaro)