(Communiqué)
Xavier Roca, conseiller municipal d’opposition de Pézilla-la-Rivière, cible et victime de nombreux attentats et menaces de mort depuis plusieurs mois – diverses plaintes ont été déposées auprès de la Gendarmerie nationale des P-O, nous communique avec prière d’insérer :
-“Avant-hier, jeudi 15 mai, en soirée, en séance publique du Conseil Municipal, contre toute attente, la protection fonctionnelle m’a finalement été maintenue. Oui, vous avez bien lu. Maintenue.
Ce n’était pas le scénario prévu. Tout était prêt pour me l’enlever. Mais parfois, un grain de sable suffit à gripper les rouages bien huilés d’un conseil municipal. Et là , il y en a eu deux.
Le premier, c’est un huissier de justice. Non, pas pour me réclamer une dette comme certains aiment le faire croire dans l’ombre avec un humour aussi douteux que répétitif. Et qu’on se rassure : l’huissier n’est pas non plus allé frapper à la porte d’un enfant d’élu bénéficiant d’un marché public (…). Non, évidemment. Il est de notoriété communale qu’un huissier ne se présente jamais là où l’on sous-traite ou facture aux frais de la princesse. Pourquoi irait-il réclamer de l’argent là où il n’y a visiblement aucun problème de facturation… ni d’acquittement ?
Ce qu’il a fait, cet huissier, c’est simplement remettre une sommation interpellative au maire (NDLR, Jean-Paul Billes). Un outil juridique parfaitement légal, qui consiste à poser officiellement, par voie d’huissier, quelques questions simples et précises, trois, en l’occurrence.
Le deuxième grain de sable, c’est un mail. Un message adressé la veille du conseil à la directrice adjointe des sécurités de la préfecture. Précis, sobre, factuel. Et là aussi, je pense que ça a pesé dans la balance. Résultat : la majorité a reculé. Pas par grandeur d’âme. Mais parce qu’à force de tirer sur la corde, elle casse. Et que parfois, les tentatives d’intimidation se retournent contre ceux qui les orchestrent.
Mais ce n’est pas toutÂ
Le moment le plus cocasse et disons-le franchement, le plus savoureux, c’est lorsqu’une adjointe au maire s’est insurgée que la sommation interpellative n’ait pas été “adressée à l’ensemble du conseil municipal” précisant “que ce n’est pas le maire qui délibère mais le conseil municipal”…
Si elle a été adressée au maire, c’est parce qu’il est le représentant légal du conseil municipal. Il aurait été absurde et financièrement suicidaire, d’envoyer vingt-trois sommations aux vingt-trois conseillers de la majorité.
Elle a semblé devoir me reprocher une forme de mépris du cadre démocratique. De ma part. À moi, celui qu’on empêche systématiquement de répondre aux questions en séance, qu’on interrompt dès que les sujets fâchent… et qu’on cherche à décrédibiliser plutôt qu’à écouter.
Mais soudain, la démocratie devient leur étendard. C’est magnifique.
Soyons clairs : il est facile de taper sur trois conseillers d’opposition quand on est vingt-trois autour de la table. C’est ce qu’on appelle du courage. Celui des fortes majorités sûres d’elles, mais fébriles dès qu’on les bouscule un peu.
Derrière l’ironie, une réalité bien plus grave : il devient pénible de supporter ce climat. Le mot est juste : supporter.
Supporter les procès-verbaux approximatifs. Supporter les délibérations votées par des élus directement concernés, puis re-votées ensuite, comme si de rien n’était. Supporter le silence assourdissant de celles et ceux qui ne posent jamais une question, ne lèvent jamais un sourcil, comme si tout cela était normal.
Eh bien non. Ce n’est pas normal. Et moi, je refuse.
Je refuse de cautionner.
Je refuse de me taire.
Je refuse de manger dans la gamelle.
Alors oui, aujourd’hui, la protection fonctionnelle m’a été maintenue. Mais ce qu’elle protège surtout, c’est le droit de ne pas se taire. Et ça, aucun maire, aucune majorité, aucune intimidante unanimité ne pourra me l’enlever.
Merci aux institutions qui ont joué leur rôle. Et merci, sincèrement, aux silences complices. Sans eux, cette mascarade n’aurait pas été aussi révélatrice.
Fidèlement à vous,”
Xavier Roca