Les professionnels de la nuit – patrons de discothèques, de clubs… – seraient-ils déjà partis en vacances ? On peut hélas le craindre au lendemain de la manifestation organisée à l’appel de l’UMIH’66 Nuit* devant la mairie de Prades-en-Conflent, résidence électorale du Premier ministre Jean Castex.

L’Appel à se rassembler se sera soldé par un fiasco retentissant, puisque à peine une vingtaine de personnes y ont répondu. Même un repas dominical familial compte plus de convives à table ! Comment les professionnels de la nuit en sont-ils arrivés là, à ne pas fédérer la profession et à ne pas mobiliser les noctambules de tous poils, alors même que sur les réseaux sociaux ils sont particulièrement actifs ? “Le combat et les négociations continuent, nous ne lâcherons rien !”, avertit l’un d’entre eux… un coup d’épée dans l’eau pour rien, visiblement.

Cela fait quatre mois aujourd’hui que les discothèques sont fermées et l’avenir n’a jamais paru aussi sombre pour la profession, notamment depuis qu’un récent décret fixant les derniers protocoles dans la gestion de la crise sanitaire du COVID-19 (coronavirus) parle d’une possible réouverture qu’à partir du… 30 octobre !?

Dans le seul département des P-O, ce sont des centaines d’emplois, et pas que saisonniers, qui sont plus ou moins directement menacés, ainsi qu’une dizaine d’établissements qui pourraient mettre définitivement la clé sous la porte.

L’échec de la manifestation d’hier sous les fenêtres de Jean Castex, ne doit pas pour autant occulter la réalité sur le terrain : chaque soir en cette période estivales, sur le littoral, de 2h (à la fermeture des bars) à 5h, des centaines de nightclubbers improvisent des linoléums-party sur le sable, sur les plages au Barcarès, à Canet, Saint-Cyprien… et Argelès-sur-Mer où tous les week-ends les gendarmes doivent intervenir, souvent débordés par une jeunesse fêtarde imbibée d’alcool et de crème chantilly… L’été promet d’être chaud, même si jusqu’ici, dans l’ensemble, les autorités semblent plus ou moins bien gérer la situation. Mais est-ce là la raison d’être des forces de l’ordre, animer les bals populaires ?

Il n’en demeure pas moins que seuls les professionnels de la nuit en responsables d’une situation qu’ils maîtrisent sont capables d’éviter les débordement d’une clientèle aujourd’hui pénalisée : “Confiants dans les promesses et les belles paroles, les gérants ou propriétaires de discothèques ont rassuré leurs personnels, ont mis en place un protocole draconien proposé par le syndicat de la profession et en accord avec les instances nationales”, publie sur sa page Facebook l’un d’entre eux sous la forme d’une lettre ouverte au Président de la République, Emmanuel Macron, intitulée : “Il n’y a pas plus sourds que ceux qui ne veulent pas entendre !”.

Ce professionnel de la nuit déplore une situation “qui donne l’opportunité à des gens d’organiser des soirées non encadrées ou encore, pire, pour ce qui est des régions transfrontalières comme la nôtre, d’inciter les jeunes à prendre le volant pour continuer la fête de l’autre côté des Pyrénées (…)”.

 

L.M.

 

*UMIH’66 Nuit : Union des Métiers de l’Industrie Hôtelère.