(Communiqué)
Lettre ouverte au Président de la République, au Gouvernement, aux élus, aux historiens, aux intellectuels, et à la Nation tout entière (Paris, le 28 octobre 2025)
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les historiens, intellectuels et citoyens,
Nous vous interpellons aujourd’hui non pas en tant qu’association, mais en tant qu’héritiers d’une part effacée de la République française.
-“Les récentes révélations du camp de Rivesaltes — où des ossements d’enfants français ont été retrouvés, datés des années 1960 et « cohérents avec les corps de réfugiés harkis disparus » — ne sont pas un simple épisode d’histoire. C’est une plaie ouverte de la conscience nationale.
Ces enfants, nés sur le sol français, étaient citoyens de la République. Leurs pères avaient servi loyalement sous le drapeau tricolore. Leurs mères, pour beaucoup analphabètes, avaient cru trouver en France la terre de la dignité et de la liberté. Mais ils ont été enterrés sans nom, sans tombe, sans mémoire.
Où est la République, Monsieur le Président ?
Où est la parole de la France lorsque l’on exhume les restes d’enfants de la République dans le silence ?
Où est la voix des institutions qui se réclament des droits de l’homme, lorsque des citoyens français ont été parqués, oubliés, puis effacés de l’histoire ?
Où sont les historiens et les intellectuels qui, depuis des décennies, se targuent de défendre la vérité, mais détournent le regard face à l’indicible ?
Même dans les républiques fragiles ou les dictatures, la mort d’un enfant suscite un mot, une larme, un aveu. La France, elle, reste muette.
Ce silence est indigne
-Indigne de la Nation des Lumières.
-Indigne du serment fait à tous les citoyens d’être traités à égalité.
-Indigne d’une République qui, en 2025, persiste à classer les descendants de ses soldats selon un statut colonial aboli.
Depuis 1962, les familles de harkis, leurs épouses et leurs enfants vivent sous le poids d’une double peine : celle d’avoir été abandonnés, et celle d’être niés jusque dans leur citoyenneté.
La loi du 23 février 2022, en croyant réparer, a figé la blessure en réactivant la mention infamante d’« anciennement de statut civil de droit local ».
Ainsi, la République a effacé des citoyens pour mieux les reconnaître à moitié.
L’affaire de Rivesaltes n’est pas un fait divers : c’est un séisme moral
Les analyses ADN, les registres et les archives convergent : des enfants français, fils et filles de militaires et de supplétifs, ont péri dans des camps administrés par l’État. Ils n’étaient ni réfugiés, ni étrangers, ni “populations déplacées” : ils étaient des enfants de la République.
Aucun mot officiel.
Aucune reconnaissance publique.
Aucune commission d’enquête parlementaire.
Nous exigeons :
-Une parole solennelle du Président de la République reconnaissant la réalité du drame de Rivesaltes et le caractère français des victimes.
-L’ouverture d’une commission d’enquête nationale sur les conditions de vie, les décès et les sépultures des enfants de harkis entre 1962 et 1975.
-La publication intégrale des archives militaires et préfectorales relatives aux camps de transit et de relégation.
-La correction des certificats administratifs qui, encore aujourd’hui, mentionnent un “statut civil de droit local” contraire à la Constitution.
-Une journée nationale de commémoration des enfants des camps, pour rendre à ces petits citoyens la dignité d’une mémoire et d’un nom.
Ce combat n’est pas communautaire. Il est républicain.
Il ne s’agit pas de revisiter le passé, mais de réparer le présent. La République ne se renie pas lorsqu’elle reconnaît ses fautes — elle se grandit. C’est au prix de cette vérité que la France retrouvera l’unité de son peuple et la confiance de ses enfants”.
Collectif Citoyenneté Française (CCF)
Haut Conseil de la Citoyenneté Réparatrice (HCCR)
(Paris, le 28 octobre 2025)
« L’égalité n’est pas une promesse. C’est un contrat moral que la République a signé avec chacun de ses enfants. »

