(Communiqué)
L’association Les Harkis et la République tient à rappeler que les Harkis ne sont pas un instrument électoral, ni un alibi, ni une caution morale. Ce ne sont pas des figurants, mais des acteurs à part entière de l’histoire, et leur mémoire doit être respectée et reconnue
–“Tout représentant associatif lié aux Harkis doit rester digne afin de protéger l’intégrité et la mémoire de ceux qui ont tout sacrifié pour la France. Nous mettons en garde tout président d’association qui utiliserait l’histoire des Harkis à des fins politiques : nous le dénoncerons. Concernant notre histoire, nous tenons à rappeler : des camps, des hameaux de forestage, des sépultures profanées, des enfants et des mères humiliés… et aujourd’hui, certains politiciens continuent d’instrumentaliser notre histoire.
Nous tenons à interpeller la France et les instances étatiques sur le sort des anciens Harkis. Beaucoup ont été enfermés dans des camps comme à Rivesaltes, Saint-Maurice-l’Ardoise ou Bias, et dans des hameaux de forestage, isolés de toute civilisation, privés de leurs biens, de leur dignité et parfois même déchus de leur nationalité française. Nos anciens ont pu sortir grâce au courage de militants qui se sont révoltés. Nous rappelons un scandale déjà dénoncé : des sépultures de nourrissons ont été déterrées et profanées, et nous ignorons encore où sont passés ces corps.
Les femmes et les enfants ont aussi souffert : confiscation de la solde des mères, absence de chauffage, conditions de vie extrêmes, comme au Nouveau Logis à Perpignan, cité de transit, dans des baraquements en tôle de fer. Tout ce vécu aurait dû être intégré et raconté dans les lieux de mémoire. Pourquoi les vrais acteurs ne peuvent-ils pas raconter leur histoire ? Trop souvent, notre voix est écartée, et nous sommes encore traités de ‘supplétifs’, alors que nous étions soldats français, citoyens français, anciens combattants Harkis.
La reconnaissance et la réparation doivent se faire par des mesures concrètes, évaluant le préjudice moral, matériel et physique, et non par la loi de 2022 sur le statut civil de droit local, qui relève du code de l’indigénat et ne correspond pas à nos véritables droits en tant que soldats français.
Nos anciens ont souffert du froid, des maladies, de la perte d’un proche et de la dépossession de leurs biens et de leur honneur. Aujourd’hui, il en reste très peu. Nous demandons du respect pour nos anciens, car les instrumentaliser est immoral. Nous demandons aux politiques et aux instances étatiques de ne pas exploiter notre histoire à des fins électorales. Certains continuent encore de manipuler notre histoire à des fins politiques, et cela est profondément injuste. Nous demandons aussi la protection de la République contre toutes les discriminations que nous subissons encore.
Nous demandons au chef de l’État de décerner la médaille de la Légion d’honneur à tous les Harkis encore vivants, en reconnaissance de leur engagement et de leurs sacrifices pour la France. La directrice du Mémorial de Rivesaltes nous a proposé une table ronde, que nous attendons toujours. Les élus de tout bord sont les bienvenus pour participer à la réhabilitation de cette histoire dans son intégralité, mais toute tentative d’instrumentalisation sera dénoncée.
Avec les membres de notre bureau, nous continuerons notre travail de fond, pour que la France reconnaisse enfin le sacrifice des Harkis, rende justice aux victimes, protège ses anciens et rétablisse l’histoire dans toute sa vérité”.
Nasser Nouali, président de l’association Les Harkis et La République

