Le Rassemblement national dépose une proposition de loi pour freiner le solaire
(Vu sur la Toile – Newsletter du bureau d’études TECSOL)
Le groupe parlementaire du Rassemblement national (RN) a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à modifier en profondeur les orientations énergétiques de la France. À l’approche de la publication par décret de la troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2025-2035), le parti de Marine Le Pen entend provoquer un débat parlementaire et s’opposer frontalement au développement des énergies renouvelables, en particulier du solaire.
Un bras de fer institutionnel autour de la PPE
Depuis le refus du gouvernement Attal, en avril 2024, de soumettre la PPE à un vote parlementaire, le RN dénonce un « déni démocratique ». Selon lui, la loi « Énergie-Climat » de 2019 impose que la programmation énergétique soit adoptée par le Parlement et non par simple décret. En reprenant le texte adopté par le Sénat en octobre 2024, le RN espère contraindre l’Assemblée nationale à se saisir du dossier.
« Il est urgent de mettre en échec cette PPE 3 », martèle le groupe parlementaire, qui accuse l’exécutif et Bruxelles de mener la France vers « une décroissance énergétique ruineuse ».
Cible prioritaire : les renouvelables
L’exposé des motifs dénonce la stratégie actuelle, qui prévoit une hausse de 225 % de la production solaire et un développement massif de l’éolien terrestre et maritime. Le RN juge ce scénario « techniquement impossible » et promis à l’échec. Le parti réclame au contraire un moratoire immédiat sur les énergies intermittentes, hors outre-mer, et la fin de leur priorité d’accès au réseau.
Cette ligne s’inscrit dans le projet dit « Marie Curie », présenté par Marine Le Pen, qui privilégie un mix centré sur le nucléaire et l’hydroélectricité, jugés plus stables et compétitifs.
Un programme axé sur le nucléaire et la souveraineté
Le texte prévoit de relancer massivement la filière nucléaire : prolongation du parc actuel, redémarrage de Fessenheim, construction de dix nouveaux réacteurs entre 2034 et 2037, relance des projets de quatrième génération et développement de petits réacteurs modulaires (SMR). Le RN plaide également pour la nationalisation des barrages, une sortie des règles européennes de tarification de l’électricité et la reconstitution d’un service public intégré autour d’EDF.
Enfin, le parti met en avant la réindustrialisation, le développement de l’hydrogène nucléaire et la production nationale de gaz et pétrole, rejetant ce qu’il qualifie de « dogmatisme décroissant » imposé par l’Union européenne.
Un débat explosif en perspective
Cette offensive place le gouvernement et la majorité face à un dilemme : ignorer le texte ou ouvrir une confrontation parlementaire sur les choix énergétiques du pays. Alors que la PPE 3 doit fixer la trajectoire française jusqu’en 2035, la proposition du RN réaffirme un clivage majeur entre une stratégie centrée sur le solaire et l’éolien et une vision misant presque exclusivement sur le nucléaire.