(Vu sur la Toile)

 

Face aux migrants, la Suède joue les repoussoirs
(Article de Cécile Réto. • Rédaction du quotidien régional Ouest France)

 

 

Journal Ouest France.- La droite dure au pouvoir lance une campagne à l’étranger pour décourager les candidats au départ à venir en Suède. Le pays, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour six mois, jusqu’à fin juin, entend aussi inciter l’UE à accélérer les expulsions.

Restez chez vous. C’est, avec à peine plus de pincettes, le message que veut faire passer aux migrants attirés par son pays Maria Malmer Stenergard. La ministre suédoise de la Migration a même jugé judicieux, mardi, d’être accompagnée de Henrik Vinge, le représentant au Parlement du parti d’extrême droite des Démocrates de Suède, pour lancer devant la presse sa campagne de communication censée décourager les candidats à la migration.

Tous deux promettent d’arroser de messages repoussoirs les médias et ambassades des pays de départ… Sur le modèle des encarts contre-publicitaires ​qu’avaient dégainés la Norvège et le Danemark, début 2016, au plus fort de la crise migratoire. La Suède passait alors pour une terre d’asile : en ouvrant cette année-là ses portes à plus de 160 000 migrants, le pays de dix millions d’habitants s’est avéré le plus accueillant de l’Union européenne.

S’ils ont traversé l’Europe pour se rendre dans la petite Suède froide, c’est parce qu’ils savaient qu’il y avait des réglementations plus généreuses​, assène la ministre Maria Malmer Stenergard. Une époque révolue.

 

La patte de l’extrême droite

Son gouvernement, alliance de conservateurs, chrétiens-démocrates et libéraux, s’est engagé à limiter l’immigration auprès des mal-nommés Démocrates de Suède (SD). Après sa percée historique aux législatives de septembre 2022 (20 % des suffrages), ce parti nationaliste avait échoué à décrocher un ministère. Mais il a largement imprimé sa patte sur la feuille de route du gouvernement : un tiers des soixante pages de l’accord, cosigné par le SD, se focalise sur les seules questions migratoires.

Pour doucher toute envie de migration, le gouvernement a déjà promis de durcir la traque des sans-papiers, d’accroître les expulsions… Et de profiter de son semestre de présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, jusqu’à fin juin, pour convaincre ses voisins d’en faire autant. Réunis jeudi 26 et vendredi 27 janvier 2023, à Stockholm, les ministres de l’Intérieur de l’UE ont pour la plupart applaudi l’ambition suédoise d’accélérer le renvoi de migrants en situation irrégulière.

Accélérer les retours

En 2021, après l’entrée en vigueur d’un mécanisme européen permettant de lier l’octroi de visas à l’obligation pour des pays tiers de reprendre leurs ressortissants, 340 500 décisions de retour ont été prononcées en Europe. Mais seules 21 % ont été mises en œuvre. Et la Gambie est l’unique pays à s’être vu infliger par l’UE des visas plus coûteux (120 € contre 80 € en moyenne), pour son manque de coopération​.

Un scandale, aux yeux de la ministre suédoise de la Migration, qui exige des mesures rapides ​pour contraindre les pays des exilés à coopérer davantage​. Sonia Backès, la secrétaire d’État française chargée de la Citoyenneté, prône d’abord le dialogue​, avant d’envisager des mesures restrictives ​en cas d’échec. Réservée ​sur le chantage aux visas, l’Allemagne n’a rien contre des rapatriements efficaces​, mais veut privilégier des voies légales de migration. Le pays manque cruellement de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs. (Source journal Ouest France)