*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire

 

-“Après le résultat des élections européennes qui a vu la majorité présidentielle être désavouée, avec à peine 14% des votes, la plupart des observateurs s’attendaient à voir Emmanuel Macron, répondre enfin aux demandes des Français

Comme les enquêtes d’opinion le montrent régulièrement, les Français sont inquiets pour un pouvoir d’achat qui baisse malgré les annonces gouvernementales. Ils sont aussi inquiets de voir une augmentation de la délinquance y compris chez les plus jeunes. Enfin, s’ils ne sont pas contre le principe d’une immigration, ils veulent à une très large majorité, qu’elle soit contrôlée et qu’elle permette l’assimilation des arrivants dans la communauté nationale.

Ils veulent en plus que les services publics pour lesquels ils paient les prélèvements parmi les plus élevés au monde, soient plus efficaces d’une manière générale et plus particulièrement pour les services de l’éducation Nationale et ceux de la Santé.

Ces deux derniers ont en effet le double privilège d’être aussi onéreux qu’inefficaces.

On s’attendait donc à ce qu’il y ait une reprise en main et concernant l’immigration, un appel direct au peuple par voie de référendum, pour qu’il dise clairement ce qu’il souhaite et qu’il apporte la légitimité nécessaire face à des opposants, fussent-ils institutionnels, qui s’efforcent de démanteler l’âme de la France pour des objectifs idéologiques incertains.

On s’attendait donc à quelque chose comme cela, mais c’était méconnaitre le génie du 1er de cordée.

Au terme d’une réflexion qui a durée plus de deux mois, si l’on croit aux déclarations de son propre père, le génie des finances, l’ancien secrétaire général adjoint de François Hollande à l’Elysée et son ministre des finances, devenu par la grâce des français, Président de la République, en a décidé autrement : l’Assemblée Nationale a été dissoute.

Il faut analyser les résultats de cet éclair de génie, digne des « Pieds Nickelés »**.

Apparemment, les résultats du 2ième tour sont conformes à ce qu’il recherchait puisque le RN n’a pas obtenu la majorité nécessaire pour lui permettre de gouverner en cohabitation avec lui.
Mais pour le reste, cette apparente victoire est une véritable bérézina. Le seul groupe a avoir perdu des sièges est celui de la majorité présidentielle devenu minoritaire. Emmanuel Macron a dissous a majorité présidentielle !

Les 100 sièges perdus ont été récupérés pour l’essentiel par la gauche, ce qui est logique compte tenu des désistements, une petite partie récupérée par le RN, les Républicains étant plutôt stables.

Ainsi l’éclair de génie du premier de cordée se traduit par une perte de légitimité pour l’exécutif et de perte d’équilibre pour une Assemblée Nationale incapable de dégager une majorité de gouvernement.

Avant, Emmanuel Macron pouvait s’appuyer sur une majorité présidentielle certaine de ne pas subir les effets d’une motion de censure tant que la ligne rouge de l’augmentation des impôts n’était pas dépassée pour le groupe LR. Aujourd’hui quelle que soit la configuration, il n’existe aucune manière de gouverner dans la stabilité.

Par la dissolution Emmanuel Macron a accéléré sa fin de règne. Certes il pourra continuer à faire semblant d’exister, notamment au plan international, mais sans être en mesure de duper qui que ce soit.

Mais peut-être se contente-t-il des apparences, là où un De Gaulle aurait démissionné.
Enfin, j’allais presque l’oublier, pour les réformes nécessaires que le peuple de France souhaite, il faudra attendre. C’est la logique du choix des Français, le peuple s’est exprimé.

Bravo l’artiste !”

 

*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.

**Pour les plus jeunes : les “Pieds Nickelés” relataient, il y a très longtemps, les exploits en bande dessinée humoristique, d’un groupe d’individus qui voyait s ‘écrouler lamentablement toutes les opérations qu’il tentait de mettre en place.