Tribune Libre/ Claude Barate* : “La dissolution n’est pas la bonne solution”
par adminLuc le Oct 7, 2025 • 15 h 40 min Aucun commentaire*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire
–“Heureusement que les institutions de la Ve république sont solides, sous la IVe nous serions déjà en crise institutionnelle
On connaissait déjà la fragilité d’un Emmanuel Macron, sourd et aveugle aux souhaits du peuple. Le mauvais spectacle actuel montre qu’en plus d’être sourd et aveugle, il a une soif de pouvoir sans limite : le pauvre Sébastien Lecornu en est la dernière victime.
Pourquoi avoir voulu, présider et gouverner en même temps, par l’intermédiaire d’un Lecornu aux ordres.
Pourquoi avoir cru que LR serait aux ordres et accepterait toutes les couleuvres, qu’il imposerait ?
Comportement enfantin qui serait risible, s’il ne concernait pas la conduite de la France.
Nous sommes face à un mur de plus de 3 000 milliards de dettes, les frais financiers résultats de cette folie, sont en train de dévorer la capacité d’action de l’Etat et le président s’amuse à un exercice enfantin de maitrise du pouvoir.
Oh, il n’est pas le seul responsable de cette situation.
Les Français le sont aussi, qui l’ont élu à deux reprises.
Comme le sont les partis démagogues qui font croire au peuple qu’on peut régler tous les problèmes en travaillant moins et en encaissant plus.
La France est en crise et il faut la sortir de l’ornière. Toute solution qui permettra de lui faire retrouver le chemin de la croissance et de la prospérité sera la bienvenue.
En attendant le grand débat de 2027 pour la désignation du Président, il faut sortir de la situation actuelle et voter un budget sans lequel l’ensemble de l’économie, les entreprises et les collectivités sont bloquées.
Plusieurs solutions sont mises en avant pour sortir de la crise immédiate.
Soit un gouvernement de cohabitation qui gouverne indépendamment du Président,
soit une dissolution soit la démission du Président pour donner la parole au peuple,
Ces dernières solutions, la dissolution suivi de la démission possible du Président ne me paraissent pas institutionnellement les bonnes.
La dissolution immédiate de l’Assemblée pourrait effectivement régler le problème actuel si elle était en mesure de dégager une majorité de gouvernement claire. Mais en l’absence d’une majorité de ce type, la situation serait la même qu’aujourd’hui.
Un gouvernement qui ne pourrait tirer sa légitimité que du seul Président, conduirait à une situation , à nouveau de blocage et vraisemblablement à la seule solution logique qui s’en suivrait, une démission du Président.
Vous me direz c’est cela qu’il faut obtenir : puisque le problème, c’est le Président, qu’il parte !
Oui, mais attention.
Si la démission du Président intervenait après une dissolution, le danger serait double :
– celui d’une campagne extrêmement courte comme l’impose la constitution qui ne permettrait pas le vrai débat dont le peuple a besoin pour se prononcer en toute connaissance de cause ;
– celui d’un conflit potentiel entre l’Assemblée et le Président si leurs courants politiques s’opposent. Le nouveau Président hériterait un système bloqué jusqu’à la fin de période de 1 an après la dissolution avant de pouvoir en faire une autre.
Pour toutes ces raisons constitutionnelles, je ne suis pas favorable au risque d’une dissolution qui ne donnerait pas une majorité de gouvernement claire.
Je préfère la solution de la mise en place d’un gouvernement de cohabitation, comme il y en a eu avec Mitterrand-Chirac, Mitterrand-Balladur ou encore Chirac-Jospin.
Si le Président décidait, malgré ses déclarations répétées de démissionner, alors il faudrait qu’il annonce six mois à l’avance sa démission pour permettre le déroulement d’une vraie campagne permettant au peuple de choisir en connaissance de cause.
On peut toujours rêver !”
*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire