Retraites : « La démagogie est la forme la plus corrompue de la démocratie » Aristote
*(Par Claude Barate, universitaire, ancien député)

 

Notre système de retraite est basé sur la solidarité entre les générations. Ce sont les actifs qui paient les retraites des retraités. Les Français sont très attachés à ce système qu’ils ont préféré à celui de la capitalisation individuelle

 

Ce système fonctionne très bien, mais impose un ajustement permanent entre le nombre de cotisants actifs et celui des retraités. Il s’avère qu’aujourd’hui, notre système serait déficitaire en 2030, le nombre de retraités augmentant plus rapidement que celui des actifs. Pour rechercher l’équilibre financier nécessaire, les solutions sont connues, il faut, soit baisser le niveau des retraites, soit augmenter les cotisations des actifs, soit augmenter la durée du temps de travail.

Parce qu’il est inenvisageable de baisser le niveau des retraites, parce que l’augmentation des cotisations entrainerait une baisse du pouvoir d’achat des actifs, tout aussi inenvisageable, la quasi-totalité des pays européens, de droite comme de gauche, ont choisi d’augmenter la durée du temps de travail. Ils le font parce que le report de l’âge de la retraite a un double effet, il réduit le nombre de retraités et augmente d’autant le nombre de cotisants. C’est ainsi que l’Espagne socialiste de Pedro Sanchez vient de passer l’âge de départ à la retraite à 67 ans, de même que l’Allemagne socialiste d’Olaf Scholtz.

En France, on a fait le contraire. La gauche de François Mitterrand a descendu l’âge de départ à la retraite de 65 ans à 60 ans. Et tout le monde d’applaudir… !

Mais depuis, les gouvernements successifs, couvrent les déficits par des emprunts dont le remboursement immoral, sera reporté sur nos enfants, pendant qu’ils s’efforcent de corriger cette faute Mitterrandienne. C’est ainsi que la gauche s’est opposée à tous les projets de recherche d’équilibre des comptes de retraite, avec Balladur, avec Chirac. Qu’elle s’est opposée à la réforme Sarkozy de 2010, passant l’âge de départ de 60 ans à 62 ans… Et pourtant arrivée au pouvoir en 2012 avec Hollande, elle s’est bien gardée de la révoquer. Pire la réforme Touraine qu’elle a mise en place, va imposer quarante-trois annuités de travail pour toucher la retraite à taux plein. Manière détournée d’établir un âge moyen de départ à la retraite de 64 ans, puisque l’âge moyen de rentrée dans la vie active est de 21 ans.

Le même cirque recommence aujourd’hui, la même gauche s’oppose à la réforme Borne qui officialise pourtant la réforme Touraine en portant progressivement l’âge de départ à la retraite à 64 ans.

Que dans la même opération, le sort des carrières longues soit protégé avec un âge de départ avancé, que les petites retraites soient revalorisées, pendant que les critères de pénibilité sont institutionnalisés, n’a aucune influence sur une démarche d’opposition de principe. Mais peut-être que l’opposition vient d’une mesure pourtant de justice sociale, la suppression, pour l’avenir, des régimes spéciaux.

Les français savent au fond d’eux même, qu’avec l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de retraités augmente et que la seule réponse possible est, comme dans tous les pays d’Europe, de reculer l’âge de départ à la retraite. Mais en même temps les français aiment bien écouter le chant des sirènes. Ils adorent les causes dont ils détestent les effets. Ils ont adoré la retraite à 60 ans et la semaine de trente-cinq heures, mais en ont détesté la conséquence logique, la baisse du pouvoir d’achat. Ils sont souvent prêts à écouter ceux qui promettent de raser gratis… !

Il faut expliquer, il faut convaincre sans relâche. Mais, parce qu’on ne peut pas laisser à nos enfants la charge de régler nos dettes de fonctionnement, parce qu’il faut leur laisser, pour leur propre retraite, un système équilibré, il faut que ce projet de réforme soit validé.

 

Claude Barate