*Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales. Membre de France Nature Environnement; Siège social : FRENE 66 – 16, rue Petite-la-Réal 66000-Perpignan ; tél. 04 68 34 98 26. Mail : frene66@gmail.com
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(Communiqué)
-“Lors du Comité Ressource en Eau, en préfecture, le 6 août dernier, les indicateurs du fleuve Tech relevaient déjà du niveau de crise. Malgré cette situation connue, et des prévisions météorologiques caniculaires annoncées par météo France pour sept jours durant la deuxième semaine d’août, le préfet a fait le choix de laisser cette unité de gestion en alerte renforcée avec des prélèvements agricoles maintenus à 50% dans le cadre d’un protocole de gestion d’étiage laissé entre les mains des irrigants et du syndicat de bassin
Comme en 2024 à la même période où notre fédération constatait déjà la cessation de l’écoulement sur ce fleuve au niveau du pont d’Elne durant dix jours, rien n’a été réellement entrepris ni contrôlé par les services de l’État pour éviter une catastrophe identique début août 2025. Ce qui a contraint notre association à déposer plainte pour le non-respect du Débit Minimum Biologique au pont d’Elne.
Ce débit réglementaire, qui doit être laissé au cours d’eau en dehors de tous prélèvements, constitue également le Débit d’Objectif d’Etiage (DOE) prévu dans le Plan de Gestion de la Ressource en Eau du Tech (PGRE). Ce document-cadre fixe comme principal objectif le retour à l’équilibre entre ressources disponibles et prélèvements. Ces débits ont été établis lors de l’étude des volumes prélevables en 2011 et confirmés par un jugement de la cour administrative d’appel de Toulouse.
Alors que la sécheresse sévit depuis trois ans avec des situations similaires durant juillet et août, le niveau d’alerte renforcée ne permettait pas de limiter au maximum les impacts sur les milieux.
Malgré ce constat largement partagé avec les membres présents au sein de ce comité consultatif, certains acteurs se sont prononcés encore ce 19 août contre la proposition des services de l’Etat de passer cette unité en situation de crise au motif de la défense de la rente touristique.
Plus globalement, notre fédération fait le constat que le protocole de gestion d’étiage ne permet plus :
• d’assurer pour les milieux le Débit Minimum Biologique réglementaire de 840 l/s au pont de Elne.
• d’assurer le Débit Réservé pour le drain du Tech concernant l’eau potable (AEP) de 450 l/s
• d’assurer les débits de dilution des effluents pour le bon fonctionnement des 3 stations d’eaux usées (STEP) identifiées comme trois points névralgiques dans le SDAGE Rhône Méditerranée.
Faudra-t-il demander la fermeture de la STEP d’Amélie-les-Bains-Palalda pendant le mois d’août pour assurer les prélèvements actuels ? Le protocole de gestion d’étiage doit être revu de la cave au grenier face au changement climatique que nous vivons. Ce jour, le débit au pont d’Elne est de 395 l/s alors même qu’il est de 1 000 l/s à la station d’Arles-sur-Tech. Il y a donc bien de l’eau dans le Tech.
Le débit de crise prévu dans le PGRE à 500 l/s au pont d’Elne est également inadapté à la situation constatée sur le terrain. Pour l’illustrer, ce 9 août 2025, une apparition de cyanobactérie constatée à Elne a déclenché une alerte de la mairie alors même que le débit mesuré au pont d’Elne était de 765 l/s, certes inférieur au DMB mais supérieur au débit de crise prévu dans le PGRE à 500 l/s. Avec un débit de dilution non respecté et des températures très élevées, rien d’étonnant de voir apparaître une eutrophisation de l’eau.
L’objectif du PGRE pour la période de 2018-2021 était de définir des trajectoires pour un retour à l’équilibre et au bon état des masses d’eau. Nous constatons que nous en sommes très loin au regard d’une situation qui semble récurrente et non plus exceptionnelle. Cet objectif doit pourtant être poursuivi et prioritaire. À l’issue de ce premier plan, nous rappelons également que le PGRE prévoyait la révision des autorisations de prélèvements à la baisse. Rien n’a été entrepris dans ce sens. Qu’est devenue également l’étude initiée en 2018 des flux admissibles des stations d’épuration sur le Tech ? On cherche, on ne trouve rien.
Les associations des irrigants des Pyrénées-Orientales proposent pour régler cette crise la construction de barrages sur le fleuve. C’est l’idée la plus farfelue que nous ayons pu entendre. En dehors d’une remise en cause du principe même de la continuité écologique inscrite dans le marbre de la loi, dont on connaît aujourd’hui scientifiquement les bénéfices, cette idée nécessiterait de faire modifier en profondeur le code de l’environnement et de se rendre à Bruxelles pour faire modifier accessoirement la Directive Cadre Européenne sur l’Eau.
La FRENE propose de chercher des idées dans le champ des possibles pour apporter des solutions à cette crise.
Enfin pour ceux qui refusaient la proposition de l’état de mettre le Tech en crise pour la défense d’une rente particulière, fort éloignée de l’intérêt général, la question qui se pose est celle de l’avenir d’un département où l’on assèche les fleuves et les nappes”.
FRENE66