Dans L’Œuf du serpent d’Ingmar Bergman, le réalisateur peint le portrait d’un homme passif, spectateur impuissant de son propre malheur et qui observe avec un détachement glacé ceux qui manipulent et formatent les cerveaux…

 

Une œuvre visionnaire, tant elle résonne avec notre époque, où des figures politiques populistes, des États-Unis à l’Europe, prospèrent en entretenant la peur et la défiance. Ces idées, souvent relayées et encouragées par des milliardaires de la tech ou de puissants patrons de presse en France, s’enracinent dans un climat qui ne laisse pas d’inquiéter. Rester immobile face à cela serait une erreur : il est temps de réagir et d’agir !

Cette idéologie qui d’adosse sur une vision rétrograde des femmes et le retour de valeurs ultra conservatrices prônées par des machistes de tout poil, gagne du terrain. Le récent rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes confirme cette tendance : non seulement le sexisme demeure profondément ancré dans notre société, mais ses formes les plus violentes s’aggravent. Pis encore, 40 % des hommes, tous âges confondus, considèrent qu’il est normal qu’une femme arrête de travailler pour élever ses enfants. Une statistique qui fait froid dans le dos.

Malgré le mouvement #MeToo et l’onde de choc du procès Muriel Pelicot, certaines pratiques perdurent, y compris chez nos élus locaux. Que penser, par exemple, de ce maire condamné pour violences avec arme sur sa compagne, ou de cet autre mis en examen pour agressions sexuelles et harcèlement sur des agents communaux ? Et comment accepter qu’un élu puisse justifier la démission de sa première adjointe en invoquant, à demi-mot, ses « obligations familiales », sous-entendant qu’elle aurait mieux à faire à la maison qu’à la mairie ?

Ces attitudes ne sont pas nouvelles. Mais elles rappellent l’urgence de se lever. Rappelons les retentissants mots lancés par Gisèle Halimi, à l’endroit de Robert Badinter lors d’une plaidoirie qui l’opposait à celui-ci : « Je ne me laisserai pas renvoyer à mes fourneaux par le professeur Badinter » !

Dans ce même esprit, les femmes de ce département – qu’elles soient politiques, syndicalistes, entrepreneuses ou actrices du monde associatif –ne comptent pas retourner à leurs fourneaux !!!

 

*Hélène Broc, Directrice Générale des Services (DGS) du District de la Côte Vermeille et de la communauté de communes de la Côte Vermeille, Co-directrice générale de la communauté de communes des Albères et de la Côte Vermeille, Présidente du Conseil national d’orientation auprès du CNFPT à Paris (de 2015 à 2023). Retraitée depuis le 1er mai 2023.