Depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, cinq Premiers ministres ont démissionné…
Le lundi 6 octobre 2025, Sébastien Lecornu, Premier ministre en fonction depuis trois semaines, a présenté sa démission quelques heures seulement après avoir nommé son gouvernement, sans même que les passations de pouvoir aient eu lieu.
Dans l’histoire des cinq républiques françaises, sa démission place le pouvoir politique dans une situation inédite. Pire encore, pour la troisième fois en un an, les choix du Président Emmanuel Macron sont sévèrement désavoués.
Charles de Gaulle, fondateur de la Ve République n’aurait jamais imaginé que l’un de ses successeurs à l’Élysée ne serait plus capable de gouverner convenablement, et cela en toutes circonstances.
Le nœud de la crise actuelle ?
Après trois longues semaines de concertations, de réunions, de déclarations, le Premier ministre Sébastien Lecornu avait promis la rupture et la transparence, mais la composition de son gouvernement ne reflétait ni la rupture promise, ni la transparence. Et selon Bruno Retailleau, ministre d’État en plein exercice, Sébastien Lecornu ne lui avait pas signifié, au cours d’un long entretien, la nomination du Bruno Le Maire au ministère des Armées.
Comment peut-on oublier à ce point l’audition de Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie et des Finances, fin 2024, par les deux présidents des commissions d’enquête du Sénat et de l’Assemblée nationale sur les dérapages budgétaires relatifs à un déficit évalué à 6,1% du PIB pour l’année 2024 ?
Une telle nomination n’était nullement compatible avec « la rupture promise » par Sébastien Lecornu. En outre, cerise sur le gâteau, la nomination d’Éric Woerth au sein du nouveau gouvernement, tout juste relaxé dans le procès des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, devenait ubuesque.
Et le comble de l’ironie réside dans le fait que Bruno Le Maire avait déclaré le 22 septembre dans une interview dans le magazine l’Usine nouvelle : « mon retour dans le monde politique est totalement exclu ».
Et dire que Sébastien Lecornu avait promis « ruptures » et « changements de méthode ». En  dévoilant un gouvernement peuplé d’anciens ministres, il a suscité l’indignation jusque dans son propre camp.
Il est grand temps de dire non au Président Emmanuel Macron !
Peu d’investisseurs internationaux vont vouloir s’engager dans un pays en proie au chaos politique. Aujourd’hui, le taux de la dette française avoisine les 3,60%, légèrement au dessus de l’Italie. L’Italie devient plus fiable que la France aux yeux des investisseurs.
Pour que la France puisse se redresser, pour que les Français puissent enfin connaître une politique de souveraineté industrielle, de maîtrise budgétaire et de justice sociale, le préalable à un tel sursaut ne peut se traduire que par la dissolution de l’Assemblée nationale.
Selon Pierre Mendès-France, gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix.
En 1953, il concluait ainsi son intervention à l’Assemblée nationale : « Pensons à cette jeunesse anxieuse dont le destin est le véritable enjeu de nos débats, à ce pays inquiet qui nous observe et qui nous juge. Travaillons ensemble à lui rendre la foi, les forces, la vigueur qui assureront son redressement et sa rénovation ».
La soumission, l’absence d’éthique et de courage sont les principales causes de l’actuelle crise politique française.
Henri Ramoneda