L’article du Canard Enchaîné signé Christophe Labbé, paru le 14 septembre dernier et intitulé « à Port-Vendres, un trésor archéologique bientôt coulé sous le béton ? » est pour une immense majorité de Port-Vendrais, d’un grand réconfort. Enfin, le débat sur l’opportunité de la construction d’un troisième quai à Port-Vendres dépasse nos frontières départementales et régionales et devient, si l’on peut dire, une affaire d’état

 

 

 

L’article publié dans l’hebdomadaire satirique met en lumière des informations de première importance, notamment l’attitude des autorités administratives et politiques : mairie, présidence du conseil départemental et préfecture, donnant le feu-vert, le 3 août, aux travaux géotechniques de repérage et de carottage, préalable nécessaire à la construction d’un troisième quai dont les piliers sous-marins devraient s’enfoncer dans un granit appelé « roche bleue » à quatorze mètres de profondeur environ.
Ce projet de 3e quai, alimente, le saviez-vous ?, les phantasmes de nos responsables politiques depuis une bonne quarantaine d’années.
Si en 1980 l’importance du trafic aurait pu justifier une telle réalisation, le projet est aujourd’hui obsolète et dénué de tout sens.

En effet, c’ est un trafic sous respiration artificielle qui est maintenu grâce aux larges avantages concédés à l’unique Compagnie fruitière qui génère la quasi-totalité du trafic de Port-Vendres. Si celle-ci venait à claquer la porte, ce serait une mort clinique programmée, s’en serait fini de toute activité marchande !
Les ports de Port-la-Nouvelle (Aude) et de Sète (Hérault), autrement mieux équipés ne sont qu’à quelques mille marins et pourraient récupérer la plus petite once de trafic.
Saviez-vous encore que la rade du port de Port-Vendres n’est pas suffisamment large pour permettre aux bateaux de plus de 150 mètres (la grande majorité de la flotte internationale) de manœuvrer ? De fait, l’entrée du port leur serait interdite. En outre, la tramontane et les coups de vent d’Est malmèneraient les bâtiments ayant pu rester à quai.
Vous-a-t-on dit encore que l’emplacement du port antique et de ses dallages (les premiers sondages ont été réalisés entre 2001 et 2003) se situent très vraisemblablement devant l’hôtel des Tamarins et sa petite plage qui devraient recevoir le 3e quai ? Ils seraient définitivement détruits par le bétonnage alors que les efforts concernant les fouilles archéologiques doivent précisément se concentrer sur cette zone.
Déjà, en 2019, le pire n’est-il pas arrivé lorsque des opérations de dragage (prémices des premiers travaux sous-marins) ont permis de remonter en surface de grands blocs de calcaire taillés appartenant sans doute au temple de Vénus, obligeant l’association « Port-Vendres et les Port-Vendrais » à déposer une plainte pour « destruction archéologique sans fouille préventive » ?
L’affaire sera classée un an plus tard par le parquet de Perpignan. Qu’à cela ne tienne, c’est le procureur de Montpellier qui sera alors saisi, lequel ordonnera la réouverture du dossier.
Nous en sommes là, à l’heure où j’écris ces lignes.
N’est-il pas singulier que le ministère de la culture, qui a classé Port-Vendres « site patrimonial remarquable » (SPR), fasse la sourde oreille et reste coi alors que les associations ont sollicité dans cette affaire, son arbitrage et son appui ?
Que ce soit clair ! Nous ne voulons pas de ce 3e quai. Il est temps de refermer définitivement ce dossier pour nous tourner vers des projets novateurs porteurs d’avenir :

1) Misons sur la rénovation, l’embellissement et la consolidation des deux quais existants qui permettront le développement et le meilleur accueil de la grande et moyenne plaisance tout au long de l’année. Eux-mêmes généreraient la création d’une zone artisanale nautique abritant de petites entreprises d’électronique, de manutention, de carénage, de rénovation, de voilerie…l’utilisation des hangars actuels serait tout indiquée.

2) Misons sur l’utilisation, et la valorisation de l’actuelle gare maritime (photo jointe) qui n’a, pour l’heure, et depuis les années 60, aucune vocation et se contente d’exposer sur ses trois étages comptant plusieurs centaines de m², d’immenses galeries entièrement vides (hormis quelques bureaux).
Un magnifique musée dominant le port y serait aménagé. Les pièces de ce musée sont à portée de main. Port-Vendres renferme dans d’obscures dépendances une collection exceptionnelle de trésors archéologiques sous-marins (parmi les plus riches de la méditerranée) embrassant les époques phénicienne, grecque, romaine… des colonnes, des chapiteaux, des pierres gravées, des amphores et des milliers de fragments de poteries.
Depuis des décennies nous sommes incapables, pauvres de nous, de mettre en lumière ces inestimables richesses et de les exposer au public !
Dans les galeries de l’actuelle gare maritime, on trouverait des boutiques, un centre commercial, un centre d’animation et d’exposition, quelques restaurants, un office de tourisme à la pointe de la technologie, un cinéma…etc, etc…
L’immense zone où sont entreposés à ce jour les containers et les engins de levage serait utilisée en partie pour le stationnement des voitures et le départ des navettes vers la jetée et le phare de Béar.

3) Misons encore sur la sanctuarisation de l’hôtel des Tamarins et de sa petite plage. Ils jouissent d’un emplacement exceptionnel. Redonnons à cet hôtel le lustre de son glorieux passé, mettons en valeur son style rococo, en réaménageant une hôtellerie et une restauration haut de gamme.

4) La création d’une petite usine de désalinisation permettrait d’alimenter la consommation d’eau de tous les plaisanciers. Il y a de la place. Elle serait située en bout de l’actuelle zone de stockage des containers.

Les opérations que je viens d’énumérer pourraient être financées en grande partie par l’enveloppe de trente-sept millions d’euros d’argent public prévue pour l’aménagement du 3e quai (évaluation faite par le Conseil général en 2013).

C’est à ce bel avenir que je pense pour Port-Vendres, un avenir privilégiant, par une impulsion naturelle, une navigation de plaisance diversifiée abritant et accueillant, à l’année, de grandes et petites unités, au centre d’une dynamique commerciale, culturelle, nautique, artisanale et touristique palpable, bien loin de cet acharnement à vouloir construire, coûte que coûte, un horrible 3éme quai dont personne ne veut, rectiligne, bétonnant et géométrisant plus encore la belle rade de notre port, de notre port de Vénus, de notre Portus Venéris.
Pour terminer, ne misons surtout pas sur les projections, le flair et les calculs savants de l’actuel Conseil Départemental des P-O et autres décideurs. Il y a dix ans, une grue qui a coûté la modique somme de 4,5 millions d’euros a été installée sur le quai de la Douane. Depuis ces dix années écoulées, elle n’a pas été utilisée plus de sept fois soit : 0,7 fois par an. Un sacré retour sur investissement ! Il fallait le faire ! Ils l’ont fait… !
Il s’agissait, me direz-vous, d’argent public.

Pierre Leberger, Port-Vendrais, ex conseiller municipal d’opposition de la ville (sous le mandat de Jean-Pierre Roméro.

 

En face la gare maritime, sur la gauche au niveau du bateau bleu, l’emplacement du 3e quai,  derrière le bateau bleu, l’hôtel et la plage des Tamarins.