C’était il y a vingt-neuf ans… Le 10 février 1995. Nous sommes en pleine campagne pour les élections municipales programmées pour les 11 & 18 juin. Elu deux ans plus tôt maire de Perpignan, suite à une élection municipale partielle, Jean-Paul Alduy qui avait alors pris le relais de son père, Paul Alduy – lequel tenait sans sourciller et sans partage les rennes du pouvoir local depuis le 20 mars 1959 -, était candidat à sa propre succession (il sera réélu au second tour dans une triangulaire face à Jean-Louis de Noëll, FN et au socialiste Claude Cansouline). Pour la première fois, les Perpignanais vont connaître une campagne électorale des plus médiatiques, où tous les coups sont permis, mais surtout dans laquelle Jean-Paul Alduy (JPA pour la presse) va exceller, innover, déployant une énergie spectaculaire, inépuisable et infatigable, carrément monté sur ressort – au point d’être surnommé Zébulon par les journalistes – labourant les terrains associatif, culturel et sportif comme avant lui aucun candidat n’avait osé le faire ou ne serait-ce que l’imaginer, à Perpignan en tout cas. Il s’invite dans tous les quartiers, chez l’habitant, dans les cafés et les restaurants de cette ville si cosmopolite, devenue SA ville en moins de deux ans. Une Cité dont il connait vite tous les recoins, toutes les places, toutes les expressions catalanes, tous les excès, dont il a appris les réflexes, les subtilités, le patrimoine immatériel, aussi à l’aise dans un mariage gitan entre Saint-Jacques et Saint-Matthieu, que dans une conférence littéraire haut-perchée dans le patio de l’Hôtel Pams. Tranquille dans toutes les situations : avec les vignerons ou les joueurs de l’USAP, avec le personnel communal et les élus de tous bords – ceux de son équipe (qui peinent souvent à le suivre dans ses gesticulations et tribulations), ou parmi ses opposants -, avec les jeunes et avec les aînés. Rien ne lui fait peur, et surtout pas la présence des paparazzi (l’inverse absolu de son père), pour lesquels il est devenu LE bon client, sans pour autant emboucaner. C’est le Copain d’abord. Comme sur la photo ci-dessus où tel Dionysos, dans l’apparat, il n’hésite pas à prendre la pose en s’érigeant sur un tonneau, invité à le faire par les maîtres-tasteurs du Roussillon ! Bon public, JPA ne (se) refuse rien, et c’est ainsi que les Perpignanaises et les Perpignanais vont vite l’adopter, tout en respectant la fonction. Il restera maire de Perpignan jusqu’en 2009 (soit 16 ans, 3 mois et 29 jours). Il sera même sénateur des P-O de 2001 à 2011, président de la la communauté d’agglomération Perpignan Méditerranée (qu’il a créée) de 2001 à 2014, conseiller général des P-O de 1992 à 1998. Aujourd’hui, à 81 ans, il navigue et nage en plein bonheur entre Collioure et Perpignan.

 

L.M.

 

 

Jean-Paul Alduy intrônisé par les “maîtres-tasteurs” du Roussillon, le 10 février 1995 (photos @DominiqueAllié).