C’était il y a trois décennies… quelque part au début des années 1990. Michel Moly (PS) – alors maire de Collioure (de mars 1989 à mars 2014), et pas encore 1er vice-président du Conseil Général des P-O, puis président du Conseil de gestion du Parc naturel du Golfe du Lion -, depuis le 2e étage de sa maison, dans les ruelles étroites et historiques du vieux village, solidement et confortablement installé sur son balcon, encourage musiciens, choristes et danseurs venus en costumes folkloriques catalans interprêter des chants traditionnels sous ses fenêtres. Nous sommes en plein week-end de Pâques. La tradition veut, en guise de remerciement, à la fin de l’aubade, que les habitants leur offrent – par la fenêtre – des oeufs, toutes nourritures et boissons, avec une cistella. Et ce, pour concocter ensuite un repas pris en commun le Lundi de Pâques, en plein air si le beau temps le permet (traditionnellement sur les hauteurs de Collioure, à l’Ermitage de Consolation). Cette tradition remonte au Moyen-Âge. Le culte de la Vierge Marie amena à chanter les “gaudia beata Maria Virginis” (les joies de la bienheureuse Vierge Marie). Au XVIe siècle, les Goigs deviennent alors une des manifestations les plus vives de la créativité populaire. Jacint Verdaguer raconte que les bergers de Benda, il y a cinq cents ans, entendant, le samedi Saint, l’alléluia du monastère de Sous, eurent envie de chanter… Levant les yeux, ils virent l’hermitage de Notre-Dame dels Monts (Nostra Senyora del Mont) et c’est ainsi que les goigs de cette Vierge leur vinrent tout naturellement aux lèvres. Ils allèrent alors de métaierie en métaierie offrir leur cantique… et c’est ainsi que naquirent les “Goigs dels ous” (Joie des oeufs). Pourquoi “l’oeuf” ? Parce que l’oeuf est symbole de la naissance, de la résurrection. Et puis, pour remercier les chanteurs, on leur donnait des oeufs, parfois du boudin et du petit salé… Grâce à ces trois ingrédients on pouvait confectionner l’omelette qu’on dégustait à Pâques (photo plus récente ci-dessous). Michel Moly y a ajouté des rousquilles, des bunyettes (prononcer “bougnettes”) et quelques bonnes bouteilles !

 

L.M.

L’omelette pascale mijotée par ce quatuor de Colliourencs : un grand moment !