(Vu sur la Toile)
“Engagée” et “dynamique” : qui était Alexandra, l’éleveuse tuée sur un barrage dans l’Ariège ?
(Article de CA • Rédaction de RMC)
RMC/ Radio Monte-Carlo.- Alexandra était jeune et “vivait pour le monde agricole” : la mort d’une éleveuse, percutée par une voiture mardi à l’aube sur un barrage d’agriculteurs en Ariège, a plongé son minuscule village dans la “douleur” et “la peine”.
-“Elle se battait pour notre métier et était fière de nourrir la France”, a déclaré dans l’après-midi, le teint blême et les yeux rougis, Sébastien Durand, à la fois président de la FDSEA d’Ariège et maire du hameau de Saint-Félix-de-Tournegat où elle habitait.
“C’est un drame pour notre agriculture” et “moi je suis encore plus touché, car j’organisais le rassemblement”, a dit ce syndicaliste qui a évoqué une famille “très, très engagée” et une femme “très entreprenante”, “dynamique”.
Alors que la douceur des températures et la lumière d’un ciel voilé contrastent avec la gravité régnant dans le village, l’élu s’est présenté devant la forêt de micros des journalistes avec Clémence Biard, présidente départementale des Jeunes agriculteurs (JA), le syndicat dont l’éleveuse était membre.
Elle était adhérente depuis son installation, “toujours là à nos côtés dans tous nos combats”, a déclaré la responsable des JA. “Au-delà de ça, c’était aussi une fille avec qui j’étais au lycée”, “une petite femme qui me ressemblait un peu d’ailleurs”, a confié la syndicaliste, les yeux cernés, la parka noire du syndicat sur les épaules.
Une mère de deux enfants
Jusqu’au drame, ils étaient des dizaines d’agriculteurs de l’Ariège à protester contre la crise que connaît leur profession: avec 180 tracteurs, ils avaient bloqué la nationale RN20 à la hauteur de Pamiers.
Au moment de la violente collision qui, vers 05H 30 du matin, a tué l’éleveuse d’une trentaine d’années et grièvement blessé son mari, ainsi que l’une de leurs filles adolescente, une trentaine de manifestants étaient là, malgré le froid de la nuit.
En début d’après-midi, il ne restait plus rien du barrage, à l’exception de policiers empêchant l’accès aux nombreux journalistes et, sur la chaussée, un tas de paille et de palettes, auquel les agriculteurs ont mis le feu pour finir de débarrasser les lieux.
“Ils ne peuvent pas rester sur place”, a expliqué Daniel Negroni, un ancien pompier venu apporter son aide et du soutien. “Le moral est à zéro, c’est normal après ce qui vient d’arriver”, a-t-il souligné.
Peu avant 13H, les trois derniers tracteurs, dont deux avec des remorques remplies de débris, ont quitté les abords du rond-point.
Une femme engagée
La victime qui, avec son mari, élevait des vaches laitières et cultivait du maïs, s’était confiée lundi à un journaliste de l’antenne locale Radio Transparence. Elle avait expliqué, d’une voix vibrante, être venue “défendre (leur) métier” sur le barrage.
“Trop de contraintes, trop de contrôles”, avait-elle dit, décrivant des difficultés pour l’irrigation, et face à la maladie hémorragique épizootique (MEH) qui touche son bétail.
“Avec la nouvelle maladie, on a encore plus de contraintes, des prises de sang à faire pour pouvoir vendre…”, soupirait-elle.
“On fait partie des seuls métiers pour lesquels on a des produits dont on ne décide pas le prix de vente”, déplorait-elle, dénonçant un état de fait “inadmissible”.
“J’ai quand même une famille à nourrir (…) Moi, j’ai deux enfants à charge et on vit pour elles. On ne part pas en vacances, on n’a pas de jour de repos, aucun plaisir avec nos enfants”, regrettait-elle d’une voix par moments frémissante de colère.
Et le journaliste de tenter de conclure sur une note positive : “Ce soir, normalement, vous allez vous remonter le moral? A priori, c’est un peu festif aussi quand même!”.
“C’est ça”, avait-elle répondu. “C’est ça.”
(Source RMC)