“Sans aucun doute”, Manuel Valls “a des chances” de devenir maire de Barcelone

Selon l’historien spécialiste de l’Espagne contemporaine, Benoît Pellistrandi, Manuel Valls dispose d’une expérience supérieure à ses concurrents dans la course à la mairie de Barcelone, dont les élections auront lieu en mai 2019, ce qui est un atout.

 

C’est désormais officiel. Manuel Valls est candidat à la mairie de Barcelone lors de l’élection qui aura lieu en mai 2019. L’ex-Premier ministre de François Hollande a fait l’annonce, mardi 25 septembre. Les feux semblent au vert pour le candidat qui est assuré du soutien du parti libéral Ciudadanos, fer de lance de l’opposition à l’indépendantisme, selon Benoît Pellistrandi. L’historien, spécialiste de l’Espagne contemporaine, était l’invité de franceinfo, mercredi matin.

 

franceinfo : Manuel Valls a-t-il des chances ?
Benoît Pellistrandi : “Sans aucun doute, il a des chances, mais il arrive dans un climat politique très particulier. Le climat politique catalan et barcelonais est absolument bouleversé par ce qui s’est passé, il y a un an, au moment de la déclaration d’indépendance et des conséquences. Il a pris l’étendard de l’anti-indépendantisme et du coup, il risque de coaliser contre lui tous ceux qui sont favorables à cette indépendance”.

 

Pourra-t-il prendre des voix à gauche ?
“Ça sera difficile, car les socialistes catalans sont eux-mêmes dans un état de crise majeure. Ils voient l’arrivée de Manuel Valls avec beaucoup de réticences, mais il n’est pas impossible que Manuel Valls ait obtenu des garanties du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, dont il est relativement proche, un socialiste (…) Ce qui est clair, c’est que Manuel Valls sera le prochain maire de Barcelone si, et seulement si, la liste qu’il conduit et la liste du Parti socialiste obtiennent la majorité absolue des sièges, c’est-à-dire 21 sur 41. Si en revanche, ils n’obtiennent pas cette majorité absolue, il y aura un front anti-Valls qui se formera et Ada Colau aura toutes les chances de continuer à diriger la mairie de Barcelone”.

 

Un front anti-Valls pourrait-t-il se mettre en place ?

“Il y avait un candidat désigné pour la gauche républicaine catalane qui a cédé le pas à celui qui sera le candidat : Ernest Maragall qui n’est autre que le frère de Pascual Maragall qui était le grand frère socialiste de la Barcelone olympique [des JO de 1992]. On va avoir un affrontement entre deux familles. Valls c’est une famille importante à Barcelone, la famille Maragall, c’est une famille absolument considérable aussi. Il y a un côté clanique”.

 

Apparaît-il comme un parachuté français ou un Catalan ?
“Il a une image très positive, parce qu’il y a en Espagne une immense admiration pour le parcours qu’il a eu. Qu’un Espagnol soit devenu Premier ministre de cette grande République française, c’est considérable. Cela veut dire que dans cette campagne électorale, il a un atout supplémentaire, il a une stature d’homme d’État que n’auront pas ses compétiteurs. Il a une habitude de la campagne électorale. Bien sûr, il ne connaît peut-être pas aussi bien le climat municipal qu’Ada Colau, la maire sortante, mais il a une expérience infiniment supérieure à celle de ses concurrents”.