Certes, depuis quelques années, on assiste à un phénomène nouveau qui fait que la haute-saison, traditionnellement plantée dans le décor touristico-économique qui s’étire de mi-juillet à mi-août, s’est déplacée au mois d’août. Tous les professionnels de la Côte vous le confirmeront : Que ce soit dans l’hôtellerie de plein air, la restauration, les locations diverses, etc.-etc., le remplissage désormais se fait du 1er août au 25 août.

Il n’en demeure pas moins que de mi-juin à mi-juillet, une certaine clientèle, dite “de proximité” – notamment pour les clubs de plage et commerces de bouche – permettait comme ont dit vulgairement “de payer les fournisseurs avant saison”

Cette année, le mauvais temps – Qui a balayé nos côtes avec des vents soufflant en permanence et durant de longues périodes entre 50 km/ h et 100 km/ h – a plombé nombre d’établissements ayant pignon sur plage, au point que certains ont dû retarder l’embauche estivale de personnel quand, comme ce fut le cas d’exception (Qui confirme la règle !) à Argelès-sur-Mer, pas plus tard que la semaine dernière, un restaurant ayant une capacité d’accueil de quelque 200 couverts (!) a dû mettre la clé sous la porte. Incroyable, mais vrai.

D’autres, ailleurs sur le littoral, seraient en très mauvaise posture également.

Il faut dire que la clientèle étrangère, jusqu’à ce week-end du 14-Juillet en tout cas, a “oublié” de venir sous le soleil du Roussillon. Britanniques, Belges et, surtout, Néerlandais, n’ont toujours pas débarqué dans nos ports “d’attache”. Quand à la clientèle locale, c’est une certitude tellement c’est évident : ses moyens ont fondu comme neige au soleil.

Mais les raisons de cette “sinistrose” ambiante ne sont certainement pas uniquement météorologiques et économiques : les décideurs du Tourisme dans le département (en existent-ils vraiment ?), qu’ils soient élus ou “professionnels de la profession”, portent une (très) large part de responsabilité dans la situation actuelle, tant ils ont manqué quand il le fallait – et ça continue ! – d’idées, d’originalité et d’ambitions, pour promouvoir, attirer et séduire. Seule Arlette Franco, aujourd’hui disparue, alors maire de Canet-en-Roussillon et députée UMP, avait osé considérer le Tourisme comme une industrie à part entière.

Arlette Franco avait été pionnière dans ce secteur en organisant les 1ères Assises du Tourisme, en bataillant pour installer sur le territoire de sa commune un Pôle nautique (avec l’entreprise Catana pour leader), en imposant aux clubs de plage un minimum d’hygiène sanitaire et de décoration afin de créer une façade maritime commerciale attractive et confortable, etc.-etc. Elle avait même créé – avec d’autres élus de la Côte – l’ACCLR : l’Association des Communes Catalanes du Littoral Roussillonnais qui avait permis – c’était le but du jeu de mots ! – un sacré coup d’accélérateur, donnant leur chance à des artistes du cru (pour par exemple “ripoliner” des casots ou des transformateurs dont les façades visibles défiguraient l’environnement).

Depuis, le Tourisme sur le littoral roussillonnais semble avoir été placardisé : les animations estivales sont ringardes (à de très rares exceptions près) ; ils ont tué les feria – et dans la foulée un pan des traditions locales – pour faire plaisir à des hobbies qui viennent deux semaines par an entre le 14-Juillet et le 15-Août pour faire chier le peuple ; c’est la galère pour se déplacer à cause d’élus de droite comme de gauche qui n’arrivent pas à s’entendre territorialement pour mettre en été une ligne de bus cohérente qui irait de Leucate à Cerbère ; dès que le mauvais temps s’installe on annule tout (feu d’artifice et cavalcades nocturnes compris) mais on ne les remplace par rien pour occuper les touristes ; les plans de circulation et de stationnement sont inexistants dans la plupart de nos stations balnéaires ; etc.-etc.

Une note plus réjouissante cependant sur ce tableau sombre : elle nous vient de l’arrière-pays. Dans nombre de villages situés notamment à une dizaine de kilomètres des côtes, voire jusqu’à 30-40 km à l’intérieur des terres, les restaurants semblent avoir beaucoup mieux marché, ils auraient en tout cas bien résisté à cette “sinistrose” ambiante. Certains, en Vallespir et dans les Aspres, afficheraient par rapport à l’an passé, une progression de plus de 30% de leur chiffre d’affaire. Signe des temps ?

LE TEMPS DES FESTIVALS…

Mais nos décideurs ont trouvé la parade pour nous dire “Que tout va très bien, tout va très bien !” : ils gonfleraient les chiffres d’affluence, la fréquentation.

Vous allez le voir avec les deux festivals qui viennent de s’achever : Les Déferlantes, à Valmy (Argelès-sur-Mer), et l’ElectroBeach, au Barcarès. S’ils continuent, dans les effets d’annonce en tout cas, sur la lancée de l’an passé, vous pariez combien que les organisateurs de ces deux festivals vont nous confirmer un taux de remplissage “en spectateurs payants” équivalent à deux fois la population du département ?… Ou presque !

La réalité est toute autre. Et plutôt inquiétante, à la vue des moyens financiers déployés. Oseront’ils dans la foulée de leur “Cocorico !” répondre simplement à cette question : “Combien ça coûte aux contribuables ?”. Sachant que les entrées à ces deux festivals sont payantes. C’est juste pour voir si une partie des larges subventions accordées sur ces deux seules scènes, qui se déroulent pratiquement en même temps, ne pourraient-elles pas être mieux réparties…