(Illustration : tableau de l’artiste provençal JOVINE).

“Que faire de nos vieux ?

La question de la dépendance et de la prise en charge des personnes en perte d’autonomie doit être une des priorités de nos politiques publiques. Celle-ci est cependant passée sous silence depuis déjà plusieurs années.

De nombreuses questions se posent chaque jour à des milliers d’hommes et de femmes de notre pays.

Que faire de nos anciens ? Quel accompagnement ? Vers quelle structure ?

Quelles conditions de vie peut on leur offrir notamment lorsque ces mêmes hommes et femmes ont travaillés durement toutes leurs vies.

De nombreuses questions mais très souvent peu de réponses adaptées et des politiques publiques inefficaces menées depuis plusieurs années.

Nos « vieux » souffrent de malnutrition.

Un des nombreux problèmes qui se pose aujourd’hui est l’alimentation des personnes âgées lorsque celle-ci sont confiées à des EHPAD (maisons de retraite).

L’UFC-Que Choisir de mars 2015 a rendu publique une enquête sur l’alimentation dans les EHPAD.  43 établissements publics et privés ont été concernés par cette enquête. Cette étude révèle des carences en matière de prévention de la dénutrition.

La dénutrition est une véritable maladie, on estime qu’environ :

  • La dénutrition touche entre 450 000 et 700 000 personnes âgées en France
  • 5% des personnes âgées vivant à leur domicile sont en état de dénutrition.
  • 30% des personnes âgées en EHPAD souffrent de dénutrition.
  • · 50% à 70% des personnes âgées hospitalisées souffrent de dénutrition.

La nutrition joue un grand rôle dans le maintien de l’autonomie des personnes âgées. Une personne âgée qui ne mange pas correctement voit ses défenses immunitaires s’affaiblir, s’expose à un risque plus important d’escarre, de risques infectieux ou encore de fractures dues à des chutes.

L’enquête dénonce notamment les économies faites sur les repas insuffisant en apport caloriques. Les experts préconisent une moyenne de 1 euros 70 par repas et par personne alors que très souvent le budget est d’environ 3,50euros par personne. Ceci est un véritable scandale public lorsque l’on connait le coût exorbitant des frais d’hébergement en EHPAD. Un coût qui peut atteindre les 4000 euros dans les EHPAD privés en pays catalan.

Des repas qui ne sont pas forcément adaptés à des patients qui pour certains d’entre eux ne peuvent même pas tenir une cuillère dans les mains ou un verre d’eau.

Un personnel qualifié en nombre insuffisant et des rythmes inadaptés.

En France, si on se réfère au projection de l’INSEE, notre pays comptera 22 millions de personnes âgées de plus de 60 ans. Ce chiffre doit alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en place les moyens nécessaires.

Manger correctement nécessite du temps, et des moyens humains suffisants.

Nos maisons de retraite accueillent en moyenne plus de 80 résidents répartis très souvent selon leur niveau de dépendance mesuré par des échelles d’autonomie (GIR). Des « vieux » qui très souvent ont besoin d’être accompagnés décemment et nécessite une surveillance lors des repas, voir une aide humaine totale afin d’éviter notamment les fausses routes et autres problèmes de déglutition.

Les dotations en personnel sont très largement insuffisant ce qui peu avoir pour conséquence une maltraitance lors des repas avec un rythme effréné lorsque l’on sait que nos « anciens » ont besoin de plus de temps pour s’alimenter.

Ce timing très serré entraine très souvent un épuisement du personnels soignants, voir des burn out.

Respectons nos vieux

Revenons à notre enquête , celle-ci recommande 4 axes de travail :

Ø  Respecter le rythme alimentaire.

Ø  Proposer une alimentation de qualité (nutritive et gustative)

Ø  Proposer un cadre et un environnement agréable pour manger.

Ø  Un suivi resserré de l’alimentation

Cela ne pourra être possible que par une dotation en personnels suffisants, un budget alimentaire adapté et donc une véritable volonté de nos hommes et femmes politiques”.

Farid Mellal