(Communiqué)

 

La France Insoumise / NUPES a pris conscience très tôt de l’urgence de la question de l’eau. En témoignent les efforts à la dernière présidentielle du candidat Jean-Luc Mélenchon d’installer le sujet de l’eau comme un axe fort de sa campagne, dont un des événements de lancement fut la tenue d’un meeting pédagogique. Dans notre département des Pyrénées-Orientales, les urgences y prennent une ampleur décuplée et paroxystique.

Pourtant, les pouvoirs publics et les élus locaux n’ont pas pris la mesure des enjeux, faisant au contraire preuve de pusillanimité (dans le meilleur des cas) ou tout simplement d’imprévoyance aggravée. C’est ainsi que le plus haut niveau de vigilance en la matière, celui de « crise de sécheresse », ne sera activé pour les Pyrénées-Orientales qu’à partir du 10 mai. Que de temps perdu ! Et que d’eau gaspillée !

Les paroles sont désormais vaines. Seuls les actes concrets compteront pour s’attaquer résolument à une crise, dont nous n’en minorons ni la réelle complexité ni la dimension systémique. Définir des priorités dans les usages de l’eau et pour les besoins des usagers était un préalable incontournable. Donc acte. Mais les décliner de manière concrète au quotidien constitue une autre paire de manches !

La France Insoumise / NUPES s’inquiète de la pente que semblent prendre les discussions actuelles. Il n’y est question que de dérogations à arracher pour les uns et les autres. La multiplication de dérogations signifierait in fine le détricotage des priorités précédemment exprimées et la relativité des principes établis. Il s’agirait d’une fuite en avant mortifère.

Cependant, les enjeux sociaux ne sauraient être non plus sacrifiés. Les solutions pérennes ne peuvent faire l’économie d’une articulation entre périls écologiques et urgences sociales. Les dérogations aggravent au final les premiers, exacerbent les secondes. Après avoir fait respecter les priorités et les principes, sans faillir au regard de la situation de crise, le temps sera également de penser les compensations sociales engendrées par une situation trop longtemps incontrôlée. Puis de passer dans un même élan aux travaux pratiques. Il en va de la responsabilité des pouvoirs publics. Et nous aurions tendance à rajouter « quoi qu’il en coûte »…

En réalité, prenons véritablement conscience que l’environnement ne peut s’accommoder de la récurrence de dérogations destinées à se transformer alors en nouvelles règles et priorités, à rebours des premières édictées. Il n’est plus temps pour cela. Mais aussi symétriquement que l’intensification des réalités sociales exige des compensations significatives. C’est de cela dont il est maintenant plus que jamais temps et question.

Gardons présent à l’esprit, qu’à court terme comme à long terme, l’articulation entre l’écologique et le social passe par une modification des modes de vie et de consommation des ressources. Il ne peut être question de céder, à l’occasion, à des groupes de pression (ou même à des individus) défendant des intérêts particuliers et s’échinant à retirer quelques profits médiocres, au regard de leur caractère dérisoire et à courte vue. Car les compensations doivent veiller absolument à ne pas perpétuer les causes structurelles qui nous ont menés à la catastrophe actuelle.

Il s’agit en définitive de conjuguer temps court et temps long, et ceci dans un contexte d’urgences. Ceci pourrait se nommer « planification écologique », plus que jamais à l’ordre du jour, comme une resucée de la dialectique entre « fin du monde et fin du mois » qui ne sauraient être opposées ou mises en concurrence.

Francis Daspe, animateur de groupe d’action La France Insoumise / NUPES