Jeudi prochain, en conseil municipal, Jean-Marc PUJOL (LR/ Les Républicains), maire de Perpignan, président de la Communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole, annoncera en séance publique du conseil municipal qu’il retire les délégations à son jeune adjoint en charge du Transfrontalier, Brice LAFONTAINE, l’ex-catalaniste (il a abandonné son poste de Secrétaire Général d’Unitat Catalana/ UC pour rejoindre le mouvement En Marche! de l’ex-ministre de l’Economie de François HOLLANDE, Emmanuel MACRON), et dans la foulée qu’il le décharge de ses fonctions d’adjoint.
La situation devenait intenable pour Jean-Marc PUJOL qui, rappelons au passage, est le référent du candidat François FILLON dans le département des Pyrénées-Orientales. En ne réagissant pas, le maire de Perpignan prenait le risque de voir d’autres membres de son équipe municipale aller soutenir d’autres candidats à la présidentielle dans le camp d’en face.
Selon nos informations, Jean-Marc PUJOL a laissé le temps à Brice LAFONTAINE de réfléchir. Plus d’un mois. Espérant que ce dernier lui apporterait sa démission, plutôt que de devoir en arriver là : son exclusion de l’équipe.
Au passage, Brice LAFONTAINE, sur lequel nombre de personnes fondaient des espoirs, dont l’espoir de représenter une nouvelle manière de faire localement de la politique, aura tout perdu : ses amis catalanistes (à l’exception de son père spirituel, Jaume ROURE, fondateur d’UC et auquel il a succédé en 2014 au poste d’adjoint), des indemnités conséquentes (qui lui permettaient de doubler son salaire de sapeur-pompier professionnel)… et l’opportunité d’être élu sur la 1ère circonscription des P-O, qu’il visait “al dente” et dont on sait maintenant que les “Macronistes” la destinent au député socialiste en place Jacques CRESTA, par ailleurs conseiller régional.
Certes, en politique, rien est jamais définitif, nous avons souvent assisté à des remaniements, à des repêchages, à des retrouvailles de circonstances… sans parler du reste !
Qu’on soit d’accord ou pas avec Jean-Marc PUJOL, sa décision, aussi cassante et surprenante soit-elle, est bien la décision qu’il fallait prendre. Et il l’assume, encore ce matin dans les colonnes du journal local. Brice LAFONTAINE ne pouvait plus continuer à faire partie d’une équipe municipale dont par ailleurs, sur les réseaux sociaux, sur son blog en particulier, il critique “l’option présidentielle”. Certes, tous les membres de l’équipe municipale de Jean-Marc PUJOL ne voteront pas François FILLON, et Dieu seul sait ce qui se passera dans les isoloirs, mais comme le disait Jean-Pierre Chevènement en 1983, à l’occasion d’un remaniement ministériel : “Un ministre, ça démissionne ou ça ferme sa gueule !”. Brice LAFONTAINE aurait du s’en inspirer, entr’autre.
Cette décision du maire de Perpignan, de retirer ses délégations à l’un de ses adjoints, calmera-t-elle les ardeurs et ambitions d’autres élus perpignanais qui s’apprêtaient à franchir le rubicond pour aller soutenir un autre candidat que François FILLON ? On pense là notamment à Nathalie BEAUFILS et Annabelle BRUNET. Notamment…
Ailleurs qu’à Perpignan, Jacques MANYA (LR), maire de Collioure, devra trancher sur le cas d’un proche, Jacques GARSAU, président départemental du Parti Radical des P-O, qui a décidé de soutenir… Emmanuel MACRON, évidemment. Si Jacques GARSAU n’est pas élu au sein de l’équipe municipale, il n’en est pas moins le Directeur de la communication de la commune de Collioure. Un communicant d’une collectivité locale/ territoriale patron d’un parti politique ? Cela n’est pas banal, non ? Des Colliourencs s’en sont déjà offusqués.
Que dire encore du cas de Jacques CRESTA, ex 1er secrétaire de la fédération catalane du Parti Socialiste (PS), député élu en 2012 sous les couleurs du PS et qui a aujourd’hui décidé de tourner le dos au candidat socialiste à l’élection présidentielle, Benoît HAMON, pour rejoindre Emmanuel MACRON ? L’actuelle 1ère secrétaire fédérale, Ségolène NEUVILLE, par ailleurs secrétaire d’Etat en charge des personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion, soutien de Benoît HAMON, va devoir trancher. Et vite ! Dans un sens ou dans l’autre.
Les élus doivent prendre leurs responsabilités. On ne peut plus faire aujourd’hui de la politique comme sous la IVème République, on ne peut pas avoir un pied ici et un pied là -bas, un pied dedans et un pied dehors, par pur calcul électoraliste, sinon c’est prendre le risque d’écoeurer définitivement les électeurs-rices en les dirigeant vers l’abstention ou les extrêmes de l’échiquier politique.