Jean-Paul Alduy et François Calvet... Entre les deux, l'un des grands patrons de l'UMP. M. Marleix, ancien ministre.

“Ratatouille” : c’est le nom, parait-il, que Jean-Paul Alduy (Parti radical), alors sénateur en campagne, donnait à notre site, ouillade.eu… Visiblement, nous ne partagions pas les mêmes valeurs gastronomiques. D’ailleurs, nous rapporte-t-on encore, il avait interdit à ses collaborateurs de venir sur ouillade.eu
Mais comment l’un de nos hommes politiques comptant incontestablement parmi les plus brillants dans notre département, si ce n’est, à droite en tout cas, le plus fulgurant et le plus lumineux, en est-il arrivé là ? Comment l’élu qui avait en mains tous les pouvoirs locaux – l’agglo, la Ville de Perpignan, le chef-lieu du département avec tout ce que cela implique de gens redevables placés ou influençables à la tête d’administrations… – a-t-il pu se ramasser de la sorte au point, par exemple, en quelques heures, hier, de perdre un tiers de son électorat (146 voix sur 470 très exactement), entre les deux tours de ces sénatoriales ?…
Comment Jean-Paul Alduy a-t-il oublié de vivre sur le terrain qui lui a offert ses plus belles conquêtes et victoires, celui du quotidien où l’on rencontre le peuple tout simplement ?
Il avait tellement tout, Jean-Paul Alduy, qu’on le disait invincible, qu’il traînait derrière lui à chaque scrutin une réputation d’invulnérabilité.
En succédant à son père, en 1993 à la mairie de Perpignan, après un succès aux cantonales (Haut-Vernet) l’année d’avant, et en dépit d’un échec vite effacé aux législatives en suivant, la force de ses arguments (mais pas de ses convictions à ne surtout pas confondre) lui avait permis de théoriser, conceptualiser et sacraliser une contagion électorale perpignano-perpignanaise, “l’Alduyisme”. Un atout dont il s’est servi pour construire son département, l’agglo : Perpignan-Méditerranée Communauté d’Agglomération. Avec un peu plus de temps, et de rendez-vous électoraux gagnés, il ambitionnait d’y ajouter, à ce territoire de l’agglo, Narbonne au nord et plus au sud Figuéras et Gérone, en Espagne. Dépasser les bornes (ou déplacer les frontières en l’occurrence) ne l’a jamais impressionné, au sens propre comme au sens figuré. C’était son rêve, L’Archipel… Comme un théâtre d’ombres chinoises.
Certes, les erreurs commises connues sont tellement grosses et grossières qu’elles en deviennent caricaturales et que surtout elles ne correspondent pas à l’individu, que l’on sait fin stratège, titulaire d’une intelligence hors du commun et d’une compétence reconnue par tous. Et par toutes.
Quelle mouche l’a donc piqué quand il décide, six mois à peine après sa flamboyante réélection en plein scandale (international) de “l’affaire des chaussettes”, de passer le flambeau à Jean-Marc Pujol dans le fauteuil de maire de Perpignan ?
Qui diable lui conseille de quitter l’UMP et de prendre ses distances avec la politique de Nicolas Sarkozy, quelques semaines avant le renouvellement de son mandat de sénateur ? Etc-etc.
Lui qui pourtant maîtrisait les arcanes de la politique locale, lui qui tirait les ficelles d’une quarantaine de communes, lui qui savait être offensif du matin jusqu’au soir, et du soir jusqu’au matin ; le voilà s’effondrant subitement, soudainement, comme un mur de Berlin, dès le premier automne qui a suivi le printemps arabe.
Dans son propre camp politique, où on sait tirer sur les ambulances avec une précision extrême, les mots ne manquaient pas pour railler sur son sort, dès hier soir, quelques secondes à peine après 18 h 46, l’heure précise pendant laquelle son sort sénatorial était définitivement et officiellement scellé au micro.
Sur le refrain de “Alduy, c’est fini…” (toute ressemblance avec un certain Villard serait fortuite et pur hasard), chacun(e) y allait de sa chansonnette ; les uns lui reprochant de s’être “enfermé dans son Moi Je”, les autres lui reprochant “de s’être replié sur lui-même en éternel donneur de leçons”, d’autres encore s’agaçant de son côté effectivement “bien installé et moraliste” (…).
Jean-Paul Alduy
aurait donc si changé que ça ? Oui.
Où est passé celui qui avait promis une bouffée d’oxygène aux Perpignanais ? Qu’est devenu son parfum d’amitié ?…
“La vérité est que ce Jean-Paul-Alduy-Là qui voulait être partout à la fois a fini par être nulle part, à la fois sur l’échiquier politique et à la fois dans le coeur des gens. A force de ne vouloir que constituer des forces politiques supplétives, on ne s’ancre plus dans le paysage social et l’on devient vite un acteur tout juste bon à faire de la figuration”, confessait avec beaucoup d’amertume et de regrets un de ses proches. Et d’ajouter : “Beaucoup lui ont reproché d’avoir trahi le RPR, puis l’UDF, et maintenant l’UMP… Alors, Calvet ce serait en quelque sorte l’effet boomerang… Je sais que certains se réjouissent d’avance à l’idée de le voir finir sa route politique tout seul, lâché de tous…”.
Plus loin, un conseiller municipal de Perpignan d’enfoncer le clou : “Jean-Paul Alduy avait toute la matière première pour apporter à Perpignan et au département une société nouvelle, mais au lieu de ça il s’est pris les pieds dans ses incohérences et dans ses contradictions, donnant à ses adversaires “le” bâton pour se faire battre, électoralement parlant. C’est aussi simple que ça !”.
Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, nous avons assisté hier à la chute d’un géant… A un point tel que la défaite de Jean-Paul Alduy nous ferait presque oublier la victoire historique de la gauche roussillonnaise, grâce au président de la Région Languedoc-Roussillon et enfant de Saint-Féliu-d’Amont (dans le canton de Millas), Christian Bourquin, qui lui apporte son premier fauteuil de sénateur depuis… Mais ce véritable séisme dans la vie politique locale aura au moins le mérite de faire entrer sur la scène politique une nouvelle génération d’élu(e)s !