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Leqembi : pourquoi la France renonce à autoriser ce premier médicament contre Alzheimer
(Article de Maxime Birken • Rédaction Le Huffington Post)

Le Huffington Post.- Un motif d’espoir pour les patients et leurs proches, sauf en France. Dans l’immédiat, le nouveau traitement développé contre la maladie d’Alzheimer ne sera pas remboursé dans l’Hexagone après une décision de la Haute autorité de santé (HAS), encore sceptiques au sujet des effets indésirables du Leqembi.

« L’accès précoce à Leqembi n’a pas été retenu », a ainsi résumé Pierre Cochat, président de la commission de la transparence de la HAS, à l’occasion d’un avis rendu ce mardi 9 septembre par l’institution et très attendu par les spécialistes de la maladie d’Alzheimer. Cette maladie étant la plus courante des démences avec des dizaines de millions de malades à travers le monde.

En cause ? « Des effets secondaires qui ne sont pas faibles du tout » en comparaison de bénéfices insignifiants, estime la HAS au sujet du médicament développé par les laboratoires Biogen et Eisai. Car au même titre que le traitement Kisunla d’Eli Lilly, les essais cliniques sur ces nouveaux traitements ont montré un léger ralentissement du déclin de patients dont la maladie commençait. En revanche, les bénéfices observés sont jugés si maigres qu’ils ne font pas de différence pour les patients. D’autant que des effets graves et parfois mortels ont été clairement observés. Parmi eux : des hémorragies et des œdèmes cérébraux.

Pour les plus sceptique, la faible efficacité de ces médicaments signifie que la recherche se concentre depuis trop longtemps sur une piste inadéquate. D’ailleurs suivie par Leqembi comme Kisunla, qui consiste à chercher à limiter la formation de plaques de protéines dites amyloïdes dans le cerveau des malades. Il reste néanmoins l’un des principaux espoirs auxquels s’accrochent les associations de patients et de proches.

 

 

Pas d’accès « précoce », mais…

 

La HAS, dont les avis sont consultatifs mais généralement suivis par le gouvernement, s’exprime donc à un moment où la controverse reste vive et où d’autres autorités sanitaires se sont déjà prononcées. À ce titre, les États-Unis ont déjà approuvé ces traitements, tout comme l’Union européenne. Mais dans l’UE, le feu vert a été donné après un premier refus. Finalement, la prise du Leqembi a été autorisée, mais uniquement pour les patients les moins à risque d’effets graves.

Mais autorisation ne veut pas dire remboursement. Le problème, c’est que ces médicaments ont un coût très élevé : jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de dollars par an aux États-Unis. Et signe que la distinction est importante, le Royaume-Uni a elle aussi déçu les associations en autorisant ces traitements sur le principe, mais sans valider leur remboursement.

En France, c’est donc sur ce dernier point que la HAS devait se prononcer et, plus spécifiquement, sur le bien-fondé d’un « accès précoce ». Celui-ci signifie que le médicament peut, dès maintenant, être remboursé à un prix fixé par son fabricant. Une méthode à double tranchant car elle permet d’éviter la procédure normale, mettant ainsi à disposition un traitement innovant pour les patients, tout en permettant au laboratoire de commercialiser au plus tôt son produit. Ce qui a donc été rejeté ce mardi en France. La HAS conclut, au vu des études fournies par les laboratoires, que rien ne justifie d’accorder un tel traitement de faveur.

Toutefois, cette décision ne remet pas en cause la possibilité que le Leqembi soit un jour remboursé dans le pays. Dans son avis, la Haute autorité de santé souligne d’ailleurs que rien n’est exclu à ce stade, sachant qu’elle devra se prononcer d’ici quelques mois sur l’opportunité d’une procédure normale.

(Source : Le Huffington Post)