(Vu sur la Toile)

 

Election présidentielle : Christiane Taubira lâchée par le PRG
(Par Thibaut Déléaz, avec Michel Revol – Rédaction de l’hebdomadaire Le Point)

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Le Point.- Il voulait « tordre le cou aux rumeurs et aux fantasmes », notamment sur un éventuel retrait de Christiane Taubira, qui circulaient ces derniers jours à gauche. Le président du Parti radical de gauche (PRG) Guillaume Lacroix, soutien de l’ex-garde des Sceaux depuis la mi-décembre, avait convoqué une conférence de presse ce lundi 14 février en début d’après-midi pour « faire un point » sur la campagne, ou plutôt pour mettre un point final au soutien du PRG à la gagnante de la primaire populaire.

Accroché nerveusement à son pupitre, la mine grave, Guillaume Lacroix pèse soigneusement ses mots, tourne autour du pot. Puis finit par lâcher clairement que le parti « se met en retrait » de la campagne, estimant être allé « au bout de sa démarche » de rassemblement. Avant de se livrer à un périlleux exercice d’équilibriste : non, « il n’y a pas de lâchage [sic] en rase campagne », non, « il n’y a pas de rupture », mais oui, le PRG refuse de « contribuer à la campagne d’une candidature qui vient s’ajouter aux autres ».

 

« Les élus du PRG sont libres de la parrainer ou non »
« Nous soutenions une candidature de rassemblement », justifie-t-il, assurant n’avoir « jamais varié de discours ». Jusqu’à la primaire populaire pourtant, Guillaume Lacroix a largement oeuvré en coulisse pour porter la candidature de Christiane Taubira. « Elle incarne une forme d’espoir », confiait-il à Libération fin janvier. L’absence de dynamique après la victoire à la primaire populaire ? Elle stagne à 3 % dans les sondages, et l’échec du rassemblement qu’elle devait mener à gauche ont douché cet espoir. Et on ne sent plus le patron du PRG aussi enthousiaste, lui qui juge désormais que « la candidature de Christiane Taubira a pris un autre tournant ».

 

Son parti devait apporter un socle de parrainages à Christiane Taubira. Fin janvier, à quelques jours de la primaire populaire, Guillaume Lacroix tenait les comptes et tablait sur plus de deux cents parrainages d’élus de sa formation. Près de cent soixante-dix promesses avaient été réunies. Au dernier décompte du Conseil constitutionnel, la candidate n’en a réuni que quarante-sept. Et plus les jours passent, plus les doutes grandissent sur sa capacité à récolter les cinq cents nécessaires d’ici le 4 mars pour pouvoir se présenter. « Il n’a jamais été convenu que sa candidature ne reposerait que sur les parrainages du seul PRG?».

Pas de trace non plus des parrainages issus des réseaux des socialistes qui la soutenaient, tels Benoît Payan, maire de Marseille, Marie-Guite Dufay, présidente de Bourgogne-Franche-Comté, ou Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, et sur lesquels Guillaume Lacroix pensait pouvoir s’appuyer.

Au sein même de son parti, la question des parrainages est source de tensions. Ce lundi, Le Parisien se faisait l’écho d’élus du PRG peu enthousiastes à l’idée de parrainer la gagnante de la primaire populaire. Un cadre du Parti socialiste soufflait aussi il y a quelques jours que Jean-Michel Baylet, l’ancien patron du PRG, bloquerait une centaine de signatures en Occitanie. « Aucun élu PRG ne s’est vu soumettre à des pressions, que ce soit en interne ou en externe », désamorce Guillaume Lacroix, qui affirme cependant que « les élus du parti sont libres de parrainer ou non » Christiane Taubira. Lui n’a pas encore envoyé le sien à la candidate : « Il est sur mon bureau, il partira ce soir ».