Politiques territoriales de résilience et de transition écologique : la piste des monnaies locales
Les monnaies locales font partie de la palette d’outils permettant de renforcer la résilience d’un territoire à une crise, qu’elle vienne d’un choc économique, sanitaire ou environnemental. La crise sanitaire que nous traversons illustre la plus grande probabilité de survenue d’une de ces crises dans un horizon plus ou moins court. Les monnaies locales peuvent également être saisies comme des outils utilisables pour avancer dans la transition écologique au niveau des territoires. L’analyse de l’économiste Jérôme Blanc pour Terra Nova est à retrouver ci-dessous.

 

Synthèse

“Les monnaies locales font partie de la palette d’outils permettant de renforcer la résilience d’un territoire à une crise, qu’elle vienne d’un choc économique, sanitaire ou environnemental. La crise sanitaire que nous traversons illustre la plus grande probabilité de survenue d’une de ces crises dans un horizon plus ou moins court. Les monnaies locales peuvent également être saisies comme des outils utilisables pour avancer dans la transition écologique au niveau des territoires.

Les monnaies locales font partie de la palette d’outils permettant de renforcer la résilience d’un territoire à une crise, qu’elle vienne d’un choc économique, sanitaire ou environnemental. La crise sanitaire que nous traversons illustre la plus grande probabilité de survenue d’une de ces crises dans un horizon plus ou moins court. Les monnaies locales peuvent également être saisies comme des outils utilisables pour avancer dans la transition écologique au niveau des territoires. Une monnaie locale constitue un projet défini selon les priorités des acteurs, le plus souvent issus de la société civile, qui décident de s’associer pour le mettre en œuvre. Concrètement, il s’agit de convenir, entre des acteurs économiques (particuliers, associations, commerçants, artisans, PME… et parfois collectivités publiques) de l’usage d’une monnaie sur un territoire donné en fonction d’une charte de valeurs à laquelle adhèrent les participants.

Cette charte de valeur précise les objectifs sur lesquels ils s’engagent : consommation responsable, production écologiquement soutenable, promotion de l’activité locale, etc. La monnaie locale émise est reconvertible en euros, ce qui garantit sa valeur, mais les acteurs sont bien sûr incités à privilégier son usage. L’idée générale est d’orienter la consommation des ménages (voire la consommation intermédiaire des entreprises) vers des dépenses compatibles avec le respect de l’environnement, de normes sociales ou éthiques élevées, etc.

Plus incitatives qu’une labellisation, ces monnaies encouragent les acteurs économiques à s’engager dans une économie de proximité plus résistante aux chocs externes. Participatives, elles répondent aussi à une aspiration citoyenne visant l’échelle la plus pertinente pour transformer les échanges économiques quotidiens. Depuis le début des années 2000, on observe un assez large engouement pour ces outils en France, avec des initiatives diverses et hétérogènes et, à ce jour, environ 80 monnaies locales en activité.

Le fait que la monnaie constitue un outil capable de relier les agents économiques d’un territoire et un véhicule de valeurs sociales laisse raisonnablement penser que la transition écologique pourrait s’appuyer sur elle et que les collectivités locales pourraient s’en saisir pour construire des politiques locales de transition et de résilience territoriale.

Pour y parvenir, cependant, une série d’obstacles doivent encore être surmontés. Une première difficulté vient de la perspective de construire une politique publique avec un projet pensé au départ comme un auxiliaire de participation citoyenne.

Comment garantir la dimension participative de ce type de projet tout en le développant à l’échelle d’une politique publique d’ensemble ? Un deuxième obstacle à un usage plus étendu et plus intense des monnaies locales est de nature plus technique puisqu’il s’agit d’en développer des versions numériques aux côtés des formes papier, qui constituent néanmoins un appui essentiel pour sa légitimité et son adoption. Pour développer leur usage effectif, l’expérience montre en outre qu’il faut une animation du projet, ce qui implique un engagement financier pérenne des collectivités. Celles-ci pourraient aussi favoriser le développement des monnaies locales en développant l’acceptation de paiements de services locaux en monnaie locale et en engageant certaines de leurs dépenses de cette manière, comme les achats publics, le versement de subventions, les indemnités d’élus ou des aides sociales.

Enfin et surtout, les monnaies locales pourraient être employées dans une logique de financement de l’investissement écologique, afin d’opérer une transformation effective des structures économiques locales vers des pratiques plus sobres en ressources, moins émettrices de gaz à effet de serre et plus respectueuses de la biodiversité”.