Tribune Libre/ Claude Barate* : “Halte au feu !”
par adminLuc le Jan 21, 2024 • 20 h 51 min Aucun commentaire*Claude Barate, Universitaire, député honoraire
-“Je dois avouer que je n’ai pas beaucoup d’atomes crochus pour la ministre des Sports et de l’Education nationale. Extrêmement dure dans les dossiers engagés contre les dirigeants des fédérations sportives, la voilà empêtrée dans un dialogue autour de l’inscription de ses enfants dans un établissement scolaire, qui a fait apparaitre sa fragilité politique.
Pourchassée par des médias et une partie de la gauche, on pouvait croire qu’elle avait commis un délit ou un crime.
Pour ses détracteurs elle avait effectivement commis une faute gravissime. Rendez-vous compte, elle avait inscrit son enfant dans un établissement privé catholique ! Existe-t-il une faute plus grave pour un ministre de l’Education ?
Et nous avons entendu se mettre en route le bal des hypocrites.
Nous avons entendu les plus virulents, ceux qui critiquent le plus, mais en cachette font la même chose, comme certains députés socialistes. Faites ce que je dis mais pas ce que je fais.
Nous avons entendu, le procureur Médiapart, stigmatiser un comportement inacceptable de la part de cette ministre, en oubliant, son silence assourdissant, lorsque son prédécesseur Pap’Diaye avait fait la même chose en inscrivant ses enfants à l’Ecole Alsacienne. Je ne savais pas, avant ces évènements, quel était l’engagement politique de Madame Oudéa-Castera mais l’attaque virulente de Médiapart nous indique déjà qu’elle n’est pas de gauche.
J’ai surtout entendu des mensonges, des contrevérités.
Ainsi par cette journaliste du journal Le Monde, que je croyais plus rigoureuse. D’après elle, les écoles privées catholiques, sous contrat avec l’Etat, seraient noyées sous l’immensité des subventions des pouvoirs publics ! Elles recevraient, 13% du budget de l’éducation nationale.
Ce qu’elle oublie de dire, c’est qu’avec 13 % du budget de l’éducation nationale, l’enseignement privé catholique prend en charge près de 19% des élèves français (Les chiffres peuvent varier en fonction des années : d’après Libération, en 2016, les 17% des élèves du privé coutaient 10% du budget total de l’éducation nationale).
Ce qu’elle oublie de dire c’est que si ces enfants étaient dans le secteur public, cela couterait beaucoup plus cher à l’Etat. En effet, dans l’enseignement sous contrat avec l’Etat, ce dernier ne paye que les enseignants, à des salaires inférieurs à ceux du public, mais tout le reste, les personnels de direction, de surveillance, administratifs, comptables, d’entretien, sont payés par les familles, de même que les investissements, la maintenance et les divers frais de fonctionnement.
D’autres ont fait état d’une absence de contrôle de l’Etat sur les programmes, ce qui est factuellement faux, puisque les établissements privés doivent respecter les programmes nationaux et se plier au contrôle des inspecteurs pédagogiques de l’éducation nationale.
D’autres encore se sont étonnés que l’on puisse débattre, dans le lycée Stanislas, de problèmes de société. Ne seraient légitimes à leurs yeux que les débats sur leurs sujets de prédilection. Mais si on ne peut pas débattre de manière contradictoire dans le secondaire ou le supérieur, où peut-on le faire ? En réalité, ce qu’ils veulent c’est imposer leur système de pensée, prélude à un contrôle des idées de régimes totalitaires.
D’autres enfin, ont essayé de contester le caractère propre de l’enseignement catholique reconnu par la loi Debré et validé par la jurisprudence du Conseil Constitutionnel. Ce caractère propre autorise ces établissements à rendre obligatoire pour tous les élèves l’enseignement de la culture chrétienne, alors que la préparation aux sacrements est facultative. Et il n’est pas venu à l’idée de ces enragés contre le catholicisme que connaitre la culture chrétienne est nécessaire pour qui veut analyser la civilisation dans laquelle nous vivons, que nous soyons chrétiens ou pas.
En fait ces attaques contre l’enseignement privé catholique sont surtout dirigées contre les racines chrétiennes de la France, contre sa civilisation, pour en détruire son âme.
Ce n’est pas dans un conflit factice avec l’enseignement privé catholique, que l’Etat pourra répondre à la crise que subit l’éducation nationale, notamment dans son secteur public.
En effet, tout observateur indépendant, est obligé de constater que la France est dans le peloton de tête des pays de l’OCDE pour les dépenses par tête d’élève, pour des résultats dans le classement PISA extrêmement médiocres. C’est donc que le problème ne vient pas de ressources insuffisantes, mais de la répartition de celles-ci, dans une organisation pédagogique douteuse.
Il faut dire que mai 68 et des réformes pédagogiques aussi farfelues qu’idéologiques sont passés par là ! En mai 68, le mot d’ordre de beaucoup d’enseignants était « Il est interdit d’interdire » et on en voit les conséquences en termes d’autorité des enseignants sur les élèves.
Quant aux réformes pédagogiques, elles ont donné des résultats lamentables, les élèves ne savent pas lire, font le double de fautes d’orthographe et sont largués en mathématique. Ils ne connaissent pas l’histoire de leur pays mais doivent faire de l’écriture inclusive, baignés dans une culture woke importée des Etats-Unis.
Conséquence, pour ne pas avoir à rendre des comptes sur ces erreurs magistrales, il vaut mieux essayer de supprimer ce qui fonctionne encore, est à contrario le témoin de ces fautes, l’enseignement catholique.
Le mal vient de loin, de ces inspecteurs généraux, de ces pseudo-pédagogues qui sous couvert d’une pseudo-modernité, sont en réalité porteurs d’une idéologie de déstructuration de la Nation.
Ils ont reçu le support actif des gouvernements de gauche et malheureusement le support passif des gouvernements de droite, les divers ministres ayant préféré la tranquillité de la cogestion avec les syndicats les plus engagés, que la lutte pour rétablir une éducation d’excellence.
Alors oui, il est impératif de redresser la barre, de faire de la recherche de l’excellence pédagogique, la bataille de toutes les batailles. Il en va de l’avenir de nos enfants et de celui de la France.
Et pour cela, que ceux qui ont péché se taisent.
Il faut revenir aux fondamentaux. En primaire apprendre à écrire, compter et lire, c’est-à -dire comprendre ce que l’on lit, savoir, en histoire, d’où on vient et en géographie, où on vit. Dans le secondaire apprendre à raisonner librement, ce qui est le but ultime de l’enseignement, pour faire de nos enfants des hommes et des citoyens.
Surtout il faut que nos enfants apprennent que rien ne se construit sans effort.
Que la ministre mette en route cette révolution et nous pourrons oublier ses balbutiements politiques !”.
*Claude Barate, Universitaire, député honoraire