« Le travail, ce n’est pas l’aliénation, c’est l’émancipation » Laurent Berger
*Par Claude Barate, Universitaire, député honoraire.

 

Dans une interview donnée au Figaro du 10 juin 2023, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT pour quelques jours encore a déclaré « Le travail, ce n’est pas l’aliénation, c’est l’émancipation ».

Cette sincérité du patron de la CFDT ne m’étonne pas. C’est vrai qu’il faut aller à l’essentiel. Et aujourd’hui, l’essentiel, c’est la qualité de vie au travail et le pouvoir d’achat. Que les syndicats s’impliquent aujourd’hui à côté des entreprises pour agir sur ces problèmes, voilà qui est rassurant et peut les rendre plus puissants. Car nous avons besoin de syndicats puissants, non pas pour contester, protester ou s’agiter, mais pour négocier ce qui est essentiel.

L’essentiel, ce n’est pas de contester une réforme de retraite que tout le monde sait inéluctable .L’essentiel, c’est de permettre à tous et à chacun d’avoir plaisir à faire ce qu’il fait. Laurent Berger a raison de parler de l’émancipation qu’apporte le travail. Il aurait pu ajouter que c’est souvent par le travail que les hommes et les femmes trouvent la plénitude de leur être, que le travail est souvent le lieu du dialogue social, de la rencontre avec les autres.

Il aurait pu également dire qu’au-delà de l’accomplissement de la vie de chacun, le travail est nécessaire à une nation pour lui permettre de faire face à ses engagements économiques, sociaux, éducatifs, internationaux ou encore d’indépendance.

Mais alors, pourquoi avoir accepté les réformes qui au lieu de rechercher la qualité de vie dans un travail nécessaire à chacun et au pays, ce sont efforcées d’organiser un rejet du travail lui-même.

Pourquoi avoir accueilli comme un événement majeur, la retraite à 60 ans ou la semaine de 35 heures, anachronisme en Europe, qui au-delà de l’effet d’annonce, ont entrainé une perte de pouvoir d’achat pour chacun et un manque de moyens pour le pays, pour lui permettre de faire face à sa politique sociale et éviter les déficits, la désindustrialisation du pays et sa conséquence logique, son endettement prodigieux.

Pourquoi avoir refusé longtemps la voie de la participation et de l’intéressement dans l’entreprise ou les collectivités ? Pourquoi avoir refusé le financement des retraites et sécurité sociale par la TVA sociale, plutôt que par une charge sur les salaires ? N’était-il pas plus conforme à l’intérêt du pays et des salariés que ces charges soient supportées par les produits surtout d’importation plutôt que par le travail des Français ? (Notez qu’aujourd’hui, le prix de revient des produits français est grevé par les charges sociales sur les salaires que ne supportent pas les produits d’importation, ce qui les rend plus compétitifs… on marche sur la tête, on se tire une balle dans le pied).

Oui, Laurent Berger a raison, il faut sacraliser le travail qui est l’outil de l’émancipation de l’homme.

Que les nouveaux leaders syndicaux en prennent conscience et qu’ils placent, en logique, leurs actions en soutien de ces objectifs.

 

Claude Barate, universitaire, député honoraire