*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire

 

Lorsque les scientifiques recherchent dans l’Univers, des marques d’une possible vie, la première c’est la présence d’eau sur les planètes. Pas d’eau, pas de vie

 

Notre département subit depuis vingt mois une sécheresse inhabituelle, qui remet en cause notre manière de vivre et les activités économiques. Sont ainsi directement impactées l’agriculture et le tourisme, l’entretien des stades et des équipements paysagers.

Cette sécheresse occasionnelle vient s’ajouter à une tendance lourde de ce département méditerranéen. Depuis quelques années, avec le réchauffement climatique, notre réserve naturelle en eau, la neige des Pyrénées, se réduit, au moment même où l’eau va plus rapidement se jeter en mer.

L’urbanisation importante, les routes, les nouvelles techniques agricoles où le labour se réduit, l’entretien incomplet des ruisseaux, tout conduit à une accélération de l’évacuation de l’eau vers la mer.

C’est pourtant le moment où nous avons le plus besoin d’eau. Pour la consommation croissante des ménages, pour l’activité économique, pour l’accueil de nouvelles populations.

Face à cette situation de besoin permanent et de crise conjoncturelle, la première réaction, naturelle, est d’économiser l’eau. C’est ce que fait le département depuis les vingt mois de crise conjoncturelle. Comportement logique dans l’attente d’un retour des pluies ?

Mais cette attitude ne convient pas à la perspective de besoins en eau sur le moyen et le long terme.

Une politique qui s’appuierait sur la seule réduction de la consommation d’eau serait suicidaire pour le département.

Je vois bien la tentation de certains d’interdire, c’est dans leurs gênes. Aujourd’hui, les uns veulent interdire l’arrosage des arbres, l’utilisation d’eau dans les piscines, les autres veulent en profiter pour faire abandonner les équipements en terrains de golf… Demain, les mêmes voudront limiter le nombres de douches par semaine, ou l’utilisation des toilettes par jour… !

Mon refus d’un comportement qui porte atteinte à nos libertés, ne veut pas dire qu’il ne faut pas économiser cette source de vie, mais qu’il faut, pour accompagner notre développement, aller chercher l’eau où elle est.

Le sénateur Jean Sol, interrogeant au Sénat, le ministre de la transition écologique M. Béchu**, a souhaité la mise en place d’un plan Marshall pour redonner l’eau à nos territoires. Il a raison. Il faut sortir des querelles subalternes, d’une vision étriquée et conflictuelle des choses pour aller à l’essentiel.

Le plan Marshall pourra comprendre des actions structurantes sur les économies d’eau. C’est ainsi qu’il devra contraindre, mais en même temps aider les communes à refaire leurs canalisations de distribution d’eau potable dont les fuites importantes sont estimées, dans les Pyrénées-Orientales, à 50% pour un tiers d’entre elles. Il faudra également rendre obligatoire sur le moyen terme, l’utilisation pour l’arrosage des eaux usées en sortie de stations d’épuration efficaces.

Il devra comprendre surtout des actions de recherche sur de nouvelles ressources en eau. L’eau du Rhône arrive jusqu’à Narbonne. Elle doit arriver chez nous. Une nappe phréatique importante existe sous les Corbières. Il faut l’utiliser. Barcelone utilise en partie la désalinisation de l’eau de mer. Il faut faire de même.

Par ailleurs, parce que l’absence de précipitations ne durera pas toujours, il faut que soit mis en place sur l’ensemble du département, un plan de retenues collinaires en rendant prioritaires celles qui pourront, avec les barrages, réalimenter les nappes phréatiques.

La mise en place en place d’un tel plan nécessitera des financements très lourds, que devront abonder, chacun à son niveau, les collectivités intéressées : les Intercommunalités, le Département, la Région et l’Etat.

L’effort sera important. Mais il sera d’autant plus accepté qu’il sera source de croissance, donc d’emploi et de revenus.

Enfin pour supporter la mise en place du plan, je suggère que les intercommunalités se regroupent dans un syndicat à vocation, recherche et prospective, sur l’aménagement du territoire : Le sujet de l’eau pouvant être la première phase d’un plan d’aménagement du territoire dont le département a tant besoin.

 

Claude Barate, universitaire, député honoraire

**Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France