*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.

 

 

-La motion de censure a permis de faire apparaitre une réalité, le retour aux pratiques de la IVe République et le régime des partis

La motion de censure est la conséquence de la faute d’Emmanuel Macron qui a cru récupérer par la dissolution, une légitimité dans l’exercice du pouvoir (la légalité étant incontestable), que des élections successives lui avaient enlevée. Erreur fatale, à une Assemblée Nationale dans laquelle il avait une majorité relative, a succédé un Assemblée dans laquelle il n’existe aucune majorité.

Cette situation aurait dû amener les diverse forces politiques à essayer de trouver les voies, sinon d’un accord de gouvernement, du moins celles d’un accord de stabilité politique et financière.

Mais chassez le diable, il revient au galop !

Il fallait trouver des solutions pour réduire la dette abyssale de la France. J’ai déjà dit dans ces colonnes combien il était immoral de creuser les déficits de fonctionnement, en faisant peser sur la tête de nos enfants les charges du remboursement d’une dette creusée pour satisfaire les désirs de fonctionnement de leurs parents.

Il fallait donc accepter de diminuer drastiquement les dépenses de l’Etat et rechercher le complément auprès des entreprises et des particuliers en capacité de le faire.

J’entends bien, à juste titre qu’augmenter encore les impôts ne peut pas être une solution pérenne.

Certains, plutôt à gauche, croient ou font semblant de croire, qu’il suffit d’augmenter les impôts, « de justice sociale » comme ils disent, pour permettre au pays et à ses habitants de vivre mieux.

Erreur grave, s’ils avaient raison, la France devrait être le pays du monde où on vit le mieux puisque c’est le pays où les prélèvements obligatoires, fiscaux et sociaux, sont les plus élevés !

Or rien ne marche.

Le pouvoir d’achat des particuliers est en berne, pendant que les entreprises écrasées par les charges sociales et les normes ne peuvent pas augmenter les salaires.

L’insécurité est galopante et touche désormais l’ensemble des villes et des villages, pendant que l’immigration n’est pas maitrisée.

L’agriculture est en crise, concurrencée déloyalement par une Commission Européenne qui favorise l’industrie allemande au détriment de l’agriculture, pendant que les bureaucrates français, voulant justifier leur existence, écrasent de normes supplémentaires la production française.

L’Education Nationale a des résultats médiocres, alors même que la dépense par tête d’élève est parmi les plus importante des pays développés. Il est vrai que là aussi, la bureaucratie écrase tout, puisque sur 1,2 million de fonctionnaires, 300 000 ne voient jamais les élèves.

Quant à la santé, inutile d’en relever les faiblesses que tout le monde peut constater : notre système dont les français sont si fier étant lui aussi dévoré par la bureaucratie, le laxisme dans les contrôles et une hypercentralisation destructrice incarnée par les ARS.

Il est inutile de parler de l’activité économique elle aussi en difficulté et de l’absence d’une politique volontariste de réindustrialisation.

Bref, tout va mal en France, mais les partis politiques ont décidé de faire entendre leurs voix, pas pour défendre la France et les Français, mais pour défendre leurs intérêts particuliers.

C’est ainsi que l’ancien gouvernement de Michel Barnier a été l’objet d’une attention particulière de la part des partis de gauche qui, avant même qu’il ouvre la bouche, ont décidé de le censurer.

De l’autre côté, la pression a été de même nature. Les lignes rouges se succédaient les unes après les autres, elles avaient toutes vocation à aggraver le déficit du budget, mais avant même l’utilisation du 49-3, apparaissait, en train d’arriver, une autre ligne rouge. Cette fois sur le déficit créé.

Bref, on crée le désordre et on s’offusque après du désordre créé.

Aujourd’hui, dans la situation de crise où se trouve le pays, les partis politiques n’hésitent plus à déclarer leurs priorités.

Pour les uns, ce serait la fin du non cumul des mandats ; pour les autres la proportionnelle aux élections législatives.

Même si les sujets sont sérieux, comment croire à l’urgence de la situation, face aux problèmes des français et de la France, qu’il faut impérativement résoudre. Non, ces sujets correspondent aux besoins des partis et non à ceux du pays.

Par ailleurs, si on veut les aborder quand même, alors il faudra, après que soient engagées les réformes profondes dont le pays a besoin, bien expliquer les problèmes à la population.

Le peuple français, plus que tout autre, a, en effet, comme comportement, d’adorer les causes dont il déteste les effets.

Il faudra expliquer que la proportionnelle conduit les régimes politiques qui l’utilisent, aux combinaisons parlementaires dont se réjouissent les partis. Il faudra expliquer que le nom cumul des mandats, s’il peut se justifier pour renforcer le pouvoir des parlementaires, face à l’exécutif et à l’administration, n’est pas applicable à des élus qui doivent consacrer tout leur temps aux exécutifs importants dont ils ont la charge.

Le général de Gaulle craignait, comme la peste, le régime des partis. Par son inconséquence, Emmanuel Macron l’a recréé.

 

Claude Barate, universitaire, député honoraire.