Tribune Libre/ Claude Barate* : “Un pape en mission !”
par adminLuc le Mai 14, 2025 • 11 h 41 min Aucun commentaire*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.
-“Léon XIV, nouvel évêque de Rome et chef de l’Eglise Catholique, vient à peine de commencer son mandat. Déjà les questions fusent, sera-t-il le continuateur de François, sera-t-il un progressiste ou un conservateur, voudra-t-il réformer l’Eglise, lui faire épouser la modernité du monde, ou au contraire diffuser le message du Christ sans se préoccuper de la modernité ? Autant de questions posées par des Hommes, pour des hommes. La force inouïe du message de Jésus, mérite mieux que cela !
Oui, le nouveau pape l’a dit, il sera un missionnaire.
Quoi de plus normal, sa mission première est de d’évangéliser, c’est-à -dire de porter auprès des Hommes du monde entier, le message d’amour du Christ en même temps que celui d’une vie éternelle.
Le pape sera donc conservateur pour tout ce qui concerne le message de Jésus.
Comment pourrait-il en être autrement ? Comment pourrait-on contester ou modifier le message du fils de Dieu.
Et ce message d’une force inouïe est le message d’amour, du « tu aimeras ton Dieu et tu aimeras ton prochain comme toi même »
Même limité à son prochain, cet amour des autres a eu des conséquences immédiates au temps du Christ, car il faisait de l’autre un homme libre et égal. Dans l’empire romain esclavagiste, c’était une révolution.
C’est une application de ce commandement qui a guidé, dans l’ordre des Léon, le prédécesseur de Léon XIV, le pape Léon XIII (1878-1903) à devenir le pape des pauvres, des malheureux.
C’est lui qui fut le pape des ouvriers, contre un capitalisme sans foi ni loi mais aussi contre un socialisme égalitariste dressant les classes, les unes contre les autres : la solidarité concrète et efficace, plutôt que l’égalitarisme et sa conséquence l’uniformité.
Il défendait le droit à la propriété privée comme fruit du travail de l’homme, mais voulait un ordre social juste ainsi que la participation de chacun au bien commun, qui n’est pas seulement une responsabilité collective, mais aussi une voie vers le perfectionnement moral et social.
Il intégrera cette vision des choses, en 1891, dans une encyclique toujours d’actualité «Rerum novarum » .
L’époque a changé mais les principes restent les mêmes : toujours l’amour et la clémence. !
• A ce message d’amour, le Christ en a ajouté deux autres d’une grande modernité et actualité.
Il a été le premier à invoquer la laïcité « Rends à César ce qui appartient à César et à Dieu, ce qui appartient à Dieu », séparant ainsi le spirituel du temporel.
De même a-t-il défendu, dans une période de culture patriarcale, le principe de l’égalité homme-femme dans l’épisode célèbre « Marthe, Marthe tu t’agites…. »
• Mais le caractère universel de ces messages ne doit pas conduire l’Eglise à vouloir imposer partout des normes qui seraient contraires aux cultures et mœurs locales : une seule mission, rassembler et diffuser la parole du Christ !
L’Eglise catholique, ne doit pas commettre la même erreur que celle de l’Islam radical qui confond charia er Sunna.
La charia est la loi de Dieu qui touche uniquement au culte. La Sunna, composée des hadiths du prophète ne sont que le recueil des traditions, des coutumes de son époque.
Or cette organisation de la société, est celle d’une période moyenâgeuse qui n’a strictement rien à voir avec nos temps modernes.
Vouloir imposer les mêmes normes sociétales à des peuples de culture très différentes, comme laisser croire que l’organisation sociale est la parole de Dieu, serait une grave erreur.
Mais le pape sera réformateur pour adapter l’Eglise à la modernité
Le Christ a dit « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise », mais il n’a jamais dit comment devait être organisée cette l’Eglise,
Il appartient donc au pape d’organiser cette Eglise pour l’adapter au temps modernes.
• Et d’abord en appliquant les commandements de Jésus :
Aimer les Hommes, c’est-à -dire s’écarter de toute attitude narcissique, de tout comportement conduisant à l’ascétisme, ou encore au refus de pardonner, « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »
Traiter les femmes à l’égal des hommes, en les faisant accéder aux mêmes responsabilités que les hommes Les places à couvrir sont immenses, alors pourquoi hésiter.
Défendre le principe de laïcité comme essentiel pour la liberté religieuse
• Ensuite, travailler à l’unité des Eglises :
Tourner le dos aux schismes, qui ne sont souvent que la marque de l’orgueil des hommes et de leur autoritarisme. L’Eglise doit empêcher ce fléau, même si les revendications des uns et des autres rendent parfois la chose difficile. Comme a pu le dire Erasme, Il ne faut surtout pas « déchirer la robe sans couture du Christ » Tous les enfants de Dieu doivent être rassemblés.
• Enfin, Une Eglise en mode évangélisation, au contact des hommes.
Pour cela, il faut que l’Eglise soit ferme sur le message de Jésus, mais souple dans son organisation.
L’Eglise doit être ouverte sur le monde et sur les hommes. Dans sa mission d’évangélisation, il faut qu’elle sorte des églises, manifeste sa présence et porte le message de Dieu partout.
Les paroles doivent être claires, simples et accessibles à tous, par exemple en refusant des termes comme « le synode sur les synodalités » que personne ne comprend.
Il faut enfin que l’Eglise soit au soutien des hommes en les accueillant dans la joie du maitre. La rencontre avec Dieu doit être joyeuse.
Son message est si beau. Pourquoi faudrait-il rajouter autre chose ?
L’efficacité ne réside pas dans l’entre soi, souvent narcissique, mais dans la rencontre avec l’autre, pour finir par le convertir.
Comme on le voit, la tâche est immense, mais était-elle plus facile à l’époque du Christ !”.
*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.