Depuis le début de l’année, le monde des journalistes, politologues, commentateurs divers, experts pluridisciplinaires est en véritable ébullition. Les rumeurs d’un remaniement ont éclipsé tout le reste de l’actualité. Fini l’Ukraine et la Palestine, seule la surprise de voir qu’en hiver il fait froid et que la neige tombe aussi sur la route a su trouver un écho dans nos médias…

 

Point d’orgue de cette ébullition la journée d’hier et l’interminable attente de l’annonce du gouvernement. Dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, les rédactions avaient envoyé leurs journalistes les plus téméraires faire le pied de grue devant Matignon et l’Elysée dans l’espoir de fournir des images de la du premier ministre voitures faisant des Allers-retours. Dur métier que d’attendre immobile la divine parole.

Au fil de la journée, les indiscrétions pleuvent et lors de l’annonce officielle, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, ne fait finalement que confirmer ce que tout le monde savait déjà.

Le gouvernement Gabriel Attal, penche à droite ! Pour le ni droite ni gauche il faudra attendre la nomination de secrétaires d’Etat ou de ministres délégués. Bref un équilibre de statistique au mieux mais pas de pouvoir.

Exit de ce nouveau gouvernement les ministres issus de la gauche qui ont manqué de solidarité avec le gouvernement ou le Chef de l’Etat. Pas de frondeurs en Macronie. Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne avait dit en son temps Jean-Pierre Chevènement.

Bien sûr on nous rappellera que le Premier Ministre vient du PS tout comme le ministre des Affaires Étrangères. Personne ne sera dupe.

Mais une question cependant devrait être posée : C’est quoi la gauche aujourd’hui ? Elle représente qui ou quoi ?

La vraie gauche, celle de gouvernement : la gauche plurielle de Lionel Jospin, la gauche sociale-démocrate de François Hollande semble avoir disparu. Il est loin le temps de l’entente et d’un programme commun à gauche.

La NUPES n’a été qu’une alliance électorale pour sauver quelques strapontins pour le PS, les Verts et le PC. D’ailleurs ce dernier n’a pas hésité à prendre ses distances avec les imprévisibles insoumis. Les Insoumis, parlons-en, il faudrait les appeler les très soumis à leur chef, Jean-Luc Mélenchon, de plus en plus aigri en pensant que sa carrière politique pourrait se terminer sans qu’il ne devienne Président de la République ni même Premier Ministre. Alors en véritable capitaine il n’hésite pas à saborder son propre navire : après moi le néant !

Depuis les déroutes lors des élections présidentielles et législatives de 2017 et 2022 le parti socialiste n’est plus que l’ombre de lui-même. Olivier Faure, piètre premier secrétaire n’a réussi qu’à en faire un vassal des insoumis au sein de la NUPES. Pour la sociale démocratie, il faudra repasser, pas de force de proposition, tout est dans l’opposition.

 

De grandes figures à Gauche ?

 

Là aussi il ne reste plus personne et encore moins qui trouvent de l’intérêt aux yeux des Français.

Manuel Valls, lui, est candidat à tout mais son opportunisme électoral lui vaut une certaine impopularité. Idem pour Ségolène Royal.

Montebourg, très à gauche, certainement Mélenchon mais en plus jeune… Il pense à lui plus qu’à la France.

Benoît Hamon, l’ancien candidat de 2017 est désormais dirigeant d’une ONG.

Qui se souvient des ministres et secrétaires d’Etat des gouvernements Valls et Cazeneuve ?

Voici quelques noms pêle-mêle : Najat Vallaud-Belkacem ; Marisol Touraine ; François Rebsamen ;Marylise Lebranchu ;Stéphane Le Foll ; Fleur Pellerin ; George Pau-Langevin ; Sylvia Pinel ; Patrick Kanner ; Emmanuelle Cosse ; Audrey Azoulay ; Jean-Marie Le Guen ; Thierry Mandon ; Harlem Désir ; Annick Girardin ; Thomas Thévenoud ; Alain Vidalies ; Geneviève Fioraso ; Christian Eckert ; Kader Arif ; Laurence Rossignol ; Ségolène Neuville ; Pascale Boistard ; Carole Delga ; Axelle Lemaire ; André Vallini ; Myriam El Khomri ; Thierry Braillard.

A la lecture de cette liste les « ha oui c’est vrai » et les « c’est qui ça déjà » s’enchaînent. Difficile de trouver un effet waouh, de trouver un nom rassembleur.

Sauf peut-être… Bernard Cazeneuve, l’efficace ministre de l’Intérieur dans les gouvernements Valls. Un fidèle au socialisme. Macron compatible en partie mais son cÅ“ur reste à gauche, comme sa loyauté, chapeau !

Le second nom qui sort de la mêlée, celle qui croit de plus en plus en son destin présidentiel : Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, présidente de l’association des Régions de France. Bien qu’elle continue d’arpenter quotidiennement les routes de sa Région, elle sillonne désormais les routes de France. Elle incarne un espoir pour la gauche de gouvernement et le PS. Mais avec qui gouverner et avec quels soutiens ? Là c’est une autre histoire.

Bref ! La gauche aujourd’hui semble pour le moins reléguée au second plan, en voie de disparition mais pas encore sous le statut d’espèce menacée. Et si c’est la société qui avait glissé à droite ?

En déséquilibrant encore un peu plus Les Républicains, en les poussant de plus en plus vers l’extrême droite Emmanuel Macron ne rebat-il pas les cartes des frontières politiques ? Dans ce monde où tout est relatif, n’est-on pas en même temps toujours à droite et à gauche d’un courant de pensée politique ?

F.A.