Depuis la destitution du roi catholique d’Angleterre et d’Écosse, Jacques II Stuart, par la révolution de 1688 menée par Guillaume d’Orange, le pouvoir royal français considérait les Jansénistes et les Francs-Maçons anglais comme de dangereux séditieux

 

En ces temps là, une telle méfiance de la part de l’autorité royale française était légitime puisqu’en 1702, l’Angleterre avait rejoint l’Autriche et les Provinces Unies contre la France et l’Espagne dans le cadre de la guerre de succession d’Espagne.

Désigné par le cardinal de Fleury, comme lieutenant général de police et conseiller d’État, René Hérault fit respecter l’ordre public dans le cadre de la sûreté nationale. Dans les faits, on peut donc affirmer que le lieutenant général de police constitua un vaste réseau d’espions et d’informations à Paris et dans les provinces du royaume afin d’interdire aux aubergistes d’héberger les loges maçonniques anglaises, récemment introduites en France. René Hérault  s’employa à pourfendre les services d’espionnage anglais dont l’efficacité était devenue redoutable.

Dans le domaine de l’imbroglio, les Anglais sont maîtres ès Arts. Pour s’en convaincre, il suffit tout simplement de se pencher un bref instant sur l’histoire anglaise du siècle des Lumières pour se rendre compte combien ils surent cultiver le paradoxe, pourfendant insidieusement les différences religieuses, même celles issues de l’Église anglicane et naturellement avec le flegme si caractéristique des Britanniques. L’exemple du bannissement des Quakers aux fonctions électives du Parlement anglais est suffisamment révélateur. Dès 1650, ils furent considérés comme dissidents de l’Église anglicane. Et chose admirable pour cette époque, ces gens reconnurent les droits des femmes et plusieurs furent leaders dans la lutte contre l’esclavage. Il va de soi que toutes ces bonnes œuvres étaient contraires au conformisme et au conservatisme de l’establishment régnant.

Après le décès du cardinal de Fleury en 1743, le roi Louis XV, subissant une nouvelle fois les pressions des Jansénistes, fut contraint de bannir de France les Jésuites en 1763. Par décision royale, deux cents collèges de la Compagnie de Jésus furent fermés. Dès lors, les familles royales européennes excluront successivement les Jésuites. Le Claim of Right Act, voté par le parlement d’Écosse en 1689, encore en vigueur de nos jours, stipule que : « les écoles, les collèges, les chapelles, et les églises des Jésuites s’élèvent contre le protestantisme et sont contraires au Droit ».

A travers sa longue histoire, le Vatican n’a jamais renoncé à son indépendance malgré les nombreuses tentatives de déstabilisation fomentées à son encontre.

La plus grave fut celle initiée par la Loge P2 (Propaganda Due) dans les années 1970. Cette loge maçonnique dépendait du Grand Orient d’Italie, la plus ancienne obédience de la péninsule italique. Son ombre plane encore dans la mort du pape Jean Paul 1er et la faillite de la Banque Ambrosiano.

Toutefois, l’espionnage politique, économique et industriel devient de plus en plus prégnant et novateur dans les tentatives de déstabilisation1. En effet, les connexions numériques de plus en plus complexes sont devenues des vecteurs potentiels d’un système de surveillance de masse.

Edward Snowden qui travaillait pour la NSA, l’agence américaine de renseignement spécialisée dans la surveillance électronique, dévoila en 2013 de nombreux documents secrets prouvant que la NSA surveillait les mails et les conversations téléphoniques de citoyens et d’entreprises du monde entier. Poursuivi par la justice américaine pour avoir révélé ces informations considérées comme secrètes, Edward Snowden s’est réfugié en Russie.

Dernièrement, Claus Hjort Fredriksen, ancien ministre de la Défense du Danemark, a affirmé que les services danois des renseignements ont aidé la NSA à l’aide des câbles sous-marins pour  espionner plusieurs dirigeants européens, et ce pendant plusieurs années. Aujourd’hui, il s’est attiré les foudres de la justice danoise pour avoir dit la vérité…

https://www.sudouest.fr/soupconne-d-avoir-revele-des-secrets-d-etat-un-ex-ministre-danois-inculpe-14150368.php

Si toutes les vérités ne sont pas à dire, par contre cherchez à savoir quels sont les véritables auteurs des sabotages du pont de Kertch, reliant la péninsule de Crimée à la Russie, des gazoducs Nord Stream, et de l’assassinat de la jeune et brillante philosophe russe Daria Douguina.

La bonne vieille question de savoir à qui profite le crime, nous aide, en tout cas, à obtenir une réponse. Par ailleurs, il est également possible de trouver une réponse en demandant à qui profite le manque de transparence2.

 

Henri Ramoneda

 

 

1En 1953, Mohammed Mossadegh, Premier ministre iranien, fut chassé du pouvoir à l’instigation de l’Anglo-Iranian Petroleum. Et ce sont les services secrets américains (la CIA) et britanniques (le MI6) qui ont tout organisé, en versant notamment de l’argent à des journaux pour mener une campagne de dénigrement et en organisant des manifestations de rues à l’encontre du Premier ministre.

2Mike Pompeo, ex-directeur de la CIA : « Quand j’étais en début de carrière, la devise était tu ne mentiras pas, tu ne tricheras pas ou tu ne voleras pas, tu ne toléreras pas non plus ceux qui le font. J’étais le directeur de la CIA : nous avons menti, triché et volé. On a été entièrement formés pour ça ».