Le Conflent, ce « malmené »
La partie géographique de notre département des Pyrénées-Orientales, portant le nom antérieur en catalan de « Confluent », secteur de rencontre des rivières le Cady, la Castellane, entre autres, avec la Têt, principal fleuve des P-O, porte le nom francisé de « Conflent ». Par la diversité de ses territoires, cette petite région se voit du plus en plus appréciée par sa qualité de vie, établie par sa quiétude tant sur le plan sociétal que climatologique
Le Conflent dispose, en sus de ses qualités humaines partagées en société, et de son climat tempéré, des éléments de valeurs qui ont participé, à des dates variées, à son développement.
Initialement la route qui reliait Elne la «capitale » Roussillon, qui ne devait avoir le titre de département des Pyrénées-Orientales qu’après la Révolution de 1789, à la commune Seu de Urgell, la capitale Cerdane, traverse le Conflent d’Est en Ouest.
Cette voie fut, dès les primo déplacements, Romains, Gallo Romains, Wisigothiques, un élément indispensable sur le plan économique et humain.
N’oublions pas que nos trésors cultuels et culturels, mémoire historique du développement intellectuel, Saint-Michel de Cuixa dès les années huit cents soixante-dix, après l’aïgat dévastateur d’ « Eixalada » aux abords de Thuès, les moines se réfugièrent à Codalet pour fonder Saint-Michel et toute la beauté Romane qui montre, avec son succès permanent, l’exceptionnelle beauté de ce site par la Culture développée en ces temps passés.
Joint à l’histoire des lieux, bien plus difficile d’accès que Saint-Michel de Cuixa, l’abbaye de Saint-Martin du Canigou, autre phare catalan de la culture religieuse, partagée ponctuellement entre l’évêché d’Elne et le monastère de Montserrat, enracine en Conflent et au Canigou, une grande part des valeurs multiples des Pyrénées-Orientales.
Ses sites religieux, dépassèrent leur puissance locales pour se « régaler » dans de nombreux villages du Conflent, mais aussi de la plaine Roussillonnaise et en Cerdagne.
Plus tard, le Conflent, par ses nombreuses fortifications de défenses aux abords de la Têt et de la Via Confluentana permis l’industrie minière de se développer dès le moyen âge en Conflent, sur les contres forts du Canigou, riches en minéraux divers.
Afin de rendre plus aisé le transport des minerais, mais aussi des voyageurs, locaux ou de loisirs, le développement thermal ayant pris un essor considérable, une idée moderne germa chez les responsables politiques de notre département pour créer, dès la fin des années 1800, une ligne de chemin de fer entre Perpignan et Villefranche de Conflent-Vernet-les-Bains.
Elle sera complétée ensuite par une ligne très technique en zone de haute montagne entre Villefranche et la commune de La Tour de Carol ou, en cet endroit, cette ligne rejoignait la voie ferrée reliant l’Espagne à la France.
La boucle des transports par le train était définitivement exploitable.
Par intelligence, et prévision d’économie, une traction électrique fut mise en essai en France entre Marquixanes et Villefranche. Devait être connus en ces temps de développement de la technicité de traction par l’électricité, la maitrise des énergies de traction mais aussi de freinage, par l’utilisation inversée des énergies produite dans les descentes.
L’énergie électrique produite par la puissance hydraulique pouvait se développer par la création-extension de la retenue d’eau des Bouillouses et les réseaux de dérivation de l’eau de la Têt réalisés pour créer de puissantes chutes d’eau productrice de l’énergie indispensable au train, l’électricité. Toujours d’utilité de nos jours.
Par voie ferrée et route, le Conflent vivait de son industrie gagnée durement par les mineurs, de son agriculture florissante produit par les agriculteurs, et de son merveilleux territoire naturel aux sources d’eaux chaudes, aux minéraux transportés et aux vertus incontestées.
Aujourd’hui, fort encore de ses atouts dus à sa situation, a son micro climat tempéré, à son Canigou Rois des massifs montagneux qui l’entourent, le Conflent séduit de nouveaux arrivants, qui si installent définitivement.
Mais économiquement le Conflent peine de nos jours. L’industrie minière, ou de carrière, à disparue dans les années soixante-dix quatre-vingt, pour les dernières. La commune d’Escaro et sa grande carrière à ciel ouvert en est l’exemple.
L’agriculture s’est affaiblie et de nombreuses terres sont devenues inexploitées. Son économie a considérablement baissé, mais un renouveau de l’agriculture dite « bio » en circuit courts, l’élevage, par l’engagement de jeunes agriculteurs redonne espoir et, à ce titre, doit être plus encouragée par les collectivités départementales et régionales. C’est parfois le cas, mais il faut encore booster cette activité.
Tout développement économique passe, inexorablement, par le transport.
De voie ferrée, en voie routière, le Conflent subit des aléas préjudiciables
Aujourd’hui, bien que le transport par voie SNCF est repris, son fonctionnement de transport ne permet pas de rejoindre directement Perpignan à Villefranche-Vernet les Bains. Le train s’immobilise dans la capitale conflentoise de Prades. Villefranche ne deviendra accessible par train qu’au cours du premier semestre 2021. Inacceptable !
Enfin, la RN-116 est obsolète, parfois « insécure » entre Ille-sur-Têt et Prades. Le grand projet de sa mise à deux fois de voies jusqu’à Prades est définitivement rayé des espérances locales. Sa mise en modernité, en remplacement du grand projet initial dit « de François Calvet », s’est enlisée dans les circonvolutions politico-technico-économiques de gestionnaires publics, organes étrangers méconnaissant notre département et le Conflent ! En l’occurrence, la DREAL ! Direction Régionale de l’Environnement et de l’Aménagement et du Logement (….) !
Reste la voie SNCF moyen non polluant en matière de transport.
La mémoire ne nous fait pas défaut. Il n’est pas si lointain le temps ou le train dans cette région avait, en son convoie, des wagons de marchandises. Aujourd’hui, plus de ce type de transport dans les trains.
Seuls les voyageurs ont droit de transport par voie ferrée.
Il ne serait pas superflu, ni préjudiciable, que soient ralentis les transports par camion sur la RN-116.
Exemple, révélateur d’absence visionnaire par les décisionnaires départementaux dans les années quatre-vingt-dix.
Au moment où a été décidée la création d’un centre départemental du traitement des déchets par incinération et d’un dépôt de matières inertes par enfouissement, les élus concernés privilégièrent le transport par camion, avec création de routes adaptées, alors que du Conflent, mais aussi du Vallespir ou des Fenouillèdes les voies ferrées existaient et ne demandaient qu’à être remises en services pour le transport des déchets.
Mes interventions sur cette erreur en matière écologique restèrent vaines auprès des élus concernés.
Une question du SYDETOM’66 devrait être connue.
Quel est le tonnage total transporté par camions et le nombre de kilomètres parcourus par an, pour diriger les déchets vers les lieux concernés de leurs traitements ? Ces statistiques-là ne sont pas faciles à connaitre. Pourquoi ? Quel est son coût annuel ?
Energie fossiles détruites, pollutions par leurs consommations, manifestement le climat, la terre et les humains en supportent les conséquences alors que des voies ferrées électrifiées par la puissance hydraulique, non polluante, atténueraient conséquemment les pollutions actuelles.
Il est arrivé le temps ou le transport ferroviaire doit être revalorisé en France et dans notre département et particulièrement dans ce beau Conflent aux qualités de vies à maintenir pour le bien être futur de ses habitants !
Le Premier ministre actuel de la France, Jean Castex, en sera-t-il le nouveau géniteur comme l’ont été les Brousse, Grégory et Malé ?
C’est à souhaiter, pour le département des P-O. et sa partie conflentoise.
Lucien Baillette