Un bien mauvais vent souffle sur l’aire de manutention et de carénage du port de Port-Vendres !
Le portique-élévateur Cimolaï prévu pour soulever des charges de 160 tonnes (photo ci-dessus) donne de tels signes de faiblesses, après seulement 9 années d’existence, qu’il ne sera autorisé dorénavant qu’à lever quarante tonnes maximum, soit quatre fois moins que ce qui était prévu.

C’est le directeur du port qui l’écrit (dans un courrier non-confidentiel), un directeur droit dans ses bottes, sûr de son fait, et sans état d’âme.
Le sacro-saint rapport APAVE* a parlé : « faiblesse du système hydraulique…palonniers en difficulté…compensation des « devers » des cadres…« Shuntages » des alarmes … etc.»

Ça alors ! Et les contrats d’entretien et de maintenance monsieur le Directeur ? Où sont-ils donc passés ? Ils doivent bien exister ? Le matériel est relativement récent, n’est-ce pas ?
Et ce même directeur du port de conclure dans ce même courrier : «… considérant les responsabilités engagées et le risque représenté, les préconisations de cet organisme (l’APAVE) seront strictement appliquées, quelques soient les conditions nautiques ou la situation du bateau ».
A vos ordres mon capitaine !

Il existe encore à Port-Vendres, Monsieur le Directeur, un patron pêcheur, un seul (les effectifs de cette profession se sont réduits comme peau de chagrin) dont le bateau pèse 140 tonnes et qui fait vivre quatre familles ? Comme vous le savez, il utilise à des fins professionnelles, les services de ce portique élévateur au moins trois fois par an : pannes de moteur, peintures, changements d’hélices…
Que lui proposez-vous si l’on ne peut lever son bateau ? Des allers-retours vers Sète ? vers Marseille ? Qu’il aille au diable Vauvert ?

Voudriez-vous mettre en scène, Monsieur le Directeur, par cette décision administrative, une mort programmée de la pêche et de certaines activités de plaisance alors qu’elles font vivre le port et participent à son rayonnement ? Je ne peux pas y croire !

A l’heure où des robots se posent sur la planète Mars, un portique élévateur Cimolaï serait le seul à ne pas pouvoir être réparé ? Faute d’argent ? Faute de volonté politique ou de concertation ?

Vous écrivez encore dans votre courrier : « …les différents éléments de ce portique vieillissent et le coût de maintenance progresse… ». Vous reconnaissez ainsi, implicitement, qu’un entretien, qu’une réparation sont possibles. Alors ? Réparez, que diable ! Réparez, Monsieur le Directeur, réparez en bon professionnel !

Dois-je vous rappeler que ce portique élévateur a été installé (peut-être l’ignorez-vous), en priorité pour les marins-pêcheurs ?
Que son financement par le Fonds Européen pour la pêche a été à hauteur de 123 900 euros ? Un comble dans la situation qui nous concerne !
Il a également été financé à hauteur de 163 900 euros par le Conseil Départemental, de 327 000 euros par la Chambre de Commerce et d’Industrie des P-O (CCI66) et de 400 000€ par la CCI Languedoc *-Roussillon.

Cette tribune vise à dénoncer publiquement la gravité d’une décision que je ne suis pas le seul à qualifier d’irresponsable.

Il n’est jamais trop tard pour revenir sur ses erreurs, Monsieur le Directeur ; il n’est jamais trop tard pour les confesser !

 

Pierre Leberger
Ex-conseiller municipal d’opposition (commune de Port-Vendres)

 

* APAVE : organisme de certification, d’expertises et de maintenance. Référentiel de conformité et de sécurité.