Qui n’a comme souvenir l’arrivée d’un cirque à la promenade du village. Le souvenir des gens du voyage venus de terres lointaines parfois, nous faire rêver à une autre vision du monde où la parole est sacrée et le souvenir des anciens aussi.

Ce sont donc deux représentations que le cirque « Artigues » est venu offrir aux enfants d’Estagel, mais aussi aux plus grands, aux parents, toujours émerveillés avec le même degré d’intensité, par les paillettes, les lumières du cirque.

L’installation sur la place du marché

Arrivés le vendredi en matinée, la place était occupée par le marché hebdomadaire. Qu’à cela ne tienne. Les forains sont allé patienter un peu plus loin, de l’autre côté de l’Agly, en bordure de la cave coopérative. La place était là, suffisante, pour parquer les nombreux véhicules indispensables à l’organisation de toute représentation. Une fois la promenade libérée, ils ont pu en toute quiétude, en toute responsabilité, occuper la place octroyée. Le montage des structures, l’organisation du camp provisoire pouvait commencer.

Le cirque « Artigues », une histoire de famille

Le métier du cirque est toujours un legs de génération à génération. Il en est ainsi pour celui qui nous intéresse aujourd’hui. Patrick nous rappelle qu’une photo d’un grand-père, attestant dans le même temps de sa participation à la guerre de 1870, semblerait être le premier ascendant retrouvé dans ce noble métier de l’art du cirque. D’autres l’ont peut-être précédé. Par la suite, c’est la participation de cette famille de forains à la grande guerre, celle de 1914-18, à celle de la dernière et à la participation à la Résistance. Pour ce dernier conflit, les chevaux du cirque qui n’avaient pas été réquisitionnés, ont pu servir au ravitaillement du village ou la famille, pour un temps, s’était sédentarisée.

Et maintenant, place au spectacle

Travaillant en famille, ce sont huit personnes qui consacrent leur vie à apporter du plaisir aux autres. Huit personnes qui n’ont pas le temps de prendre de vacances. Les animaux n’attendent pas. Ils ont besoin de soins journaliers. Ils sont au nombre d’une vingtaine allant des chiens savants aux animaux exotiques, le watousi pour ne pas le nommer.
Il est vrai que Patrick est un peu amer lorsqu’il évoque les difficultés rencontrées émanant de certaines communes, pour accorder les autorisations aux installations.
Comme il devait nous le dire : « Nous prenons toutes les précautions pour ne pas gêner. Nous n’encaissons pas de subventions. Ce que nous voulons, c’est vivre de notre travail. ». Des propos quasiment similaires, que nous retrouvons dans les propos de nos viticulteurs par exemple.
Mais le cirque, ce n’est pas seulement les animaux. C’est aussi les clowns musicaux, les jongleurs, les trapézistes, équilibristes. En fait, toute la panoplie de ce qui fait la joie de tous les spectateurs.
De ces derniers parlons-en.

Si la télévision a entraîné une perte de participants, une vérité restera toutefois. Sur la place du village, les hommes, les femmes du cirque sont là. On parle avec eux. On ri avec ensemble. Ils évoquent leurs voyages en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg. Que sais-je encore !

Ils racontent le monde, leur monde. Ils relatent leur vécu, leurs sensibilités devant tel ou tel problème que nous pouvons comparer aux nôtres, différents parfois, mais souvent si proches. Les animaux attirent toujours l’attention. On peut les caresser, les toucher. Le babouin, sent que nous nous intéressons à lui. Il fait des siennes. Son vrai nom est Coco. Mais son nom d’artiste est Lolita. Ces petites choses, cette sensibilité, ne passe pas par le petit écran, ne passera jamais.
Les représentations sont terminées. Il faut tout remballer. Laisser le terrain dans le même état qu’il a été trouvé.

Reprendre la route, inlassablement, pour apporter un peu de bonheur aux autres.
Alors, bonne et longue route au cirque « Artigues ». Nous espérons vivement vous revoir dans notre commune, pour la plus grande joie de tous.

Joseph JOURDA.