(Vu sur la Toile)

 

Pourquoi y-a-t-il de moins en moins de jeunes dans les boites de nuit ?
(ETX РR̩daction Metrotime)

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Metrotime.- Rebelles, les jeunes générations le sont beaucoup moins que leurs aînés. Du moins quand il s’agit de s’encanailler dans les discothèques. Fini les soirées débridées en « club », les adulescents préfèrent largement passer la soirée chez eux. C’est en tout cas ce qu’affirme le rapport « U Going Out » de la plateforme britannique Keep Hush, spécialisée dans l’organisation et la promotion d’événements de dance music.
On peut y lire que les millennials et les Z n’apprécient pas particulièrement la culture clubbing. Parmi les raisons invoquées, les difficultés financières qu’ils rencontrent depuis le début de la pandémie et le manque d’intérêt pour la consommation de drogues, licites ou non.

Les abus de substances des générations précédentes et les campagnes de prévention sur les dangers de l’usage festif des psychotropes semblent avoir marqué – et profondément dégoûté – les jeunes adultes. Ils se reconnaissent davantage dans le mouvement straight edge, cette sous-culture punk des années 80 prônant la sobriété, plus que dans les excès des personnages de « Skins », « Gossip Girl » et « Euphoria ».

Cette posture est beaucoup plus facile à adopter aujourd’hui, à l’heure où les réseaux sociaux regorgent de publications vantant les mérites d’une hygiène de vie saine. « La sobriété est moins (et plus) qu’une pratique qui ne concerne que les alcooliques cliniquement diagnostiqués. Aujourd’hui, c’est aussi quelque chose de cool et de sain à essayer, comme devenir végétalien ou suivre un cours de yoga Iyengar », a expliqué, non sans ironie, le journaliste Alex Williams dans le New York Times en 2019.

 

Sentiment d’insécurité

 

Pour de nombreux jeunes, cette quête du bien-être est assez incompatible avec les soirées de boîtes de nuit, même si l’adage affirme que « sans alcool, la fête est plus folle ». À cela s’ajoute la « flemme », ce mélange de fainéantise et d’agoraphobie qui pousse certains jeunes adultes à décliner toute invitation de sortie en discothèque. Célia, 27 ans, fait partie de ces adeptes du cocooning qu’on ne peut traîner en club. Par manque d’envie mais aussi par peur d’y faire de mauvaises rencontres. « Je ne me sens pas en sécurité dans ce genre de lieu. Je préfère être accompagnée d’au moins trois ami(e)s quand j’y vais ».

Même son de cloche chez Hadjer, 25 ans. « Il y a beaucoup de cas de harcèlement dans les boîtes de nuit. Certains hommes sont très agressifs avec les filles et mettent au point différentes combines pour profiter d’elles », explique-t-elle. Les « combines » auxquelles la jeune femme fait allusion ont émergé à l’automne sous le mot-clé #balancetonbar. Ce mouvement, né en Belgique début novembre, a mis en lumière des centaines de cas d’intoxication et de violences sexuelles subies dans des bars ou des discothèques. Tous décrivent le même scénario : une sortie entre amis, quelques verres, des symptômes physiques inhabituels et puis, le trou noir. En cause, le GHB, aussi connu comme « la drogue du violeur », que les victimes ingèrent à leur insu.

Devant l’afflux de témoignages en Belgique, en France et au Royaume-Uni, les établissements du monde de la nuit ont pris des mesures pour endiguer ce phénomène inquiétant. Certains ont formé leur personnel à mieux réagir face aux situations de violence sexuelle, tandis que d’autres mettent à la disposition des fêtards des protections à poser sur les verres pour éviter que des drogues n’y soient versées. La start-up anglaise Where You At a également conçu une application pour permettre aux clubbeuses de rester en contact avec leurs amies à n’importe quel moment de leur soirée, même si elles n’ont plus de réseau à l’intérieur d’un bar ou d’une discothèque.

 

L’ère de la « rave fatigue »

 

Tous ces facteurs contribuent à ce que certains commentateurs appellent la « rave fatigue ». Les millennials et les Z voient peu d’intérêt aux fameuses soirées en boîte que leurs aînés aimaient tant. Pire encore, ils les trouvent pathétiques. Il suffit de faire un tour sur TikTok pour prendre conscience de l’aversion qu’ont certains jeunes adultes pour le monde de la nuit. Une utilisatrice du réseau social, connue sous le pseudonyme @iceprincess0079, affirme ainsi que les discothèques sont « l’endroit où les ’morts’ viennent chercher un bonheur temporaire ». Un repaire d’individus « malheureux et blessés », comme dirait la TikTokeuse @theadventurebabe.

Des jugements de valeur sans fondement pour certains utilisateurs de l’application. Quoi qu’il en soit, les professionnels du monde de la nuit s’inquiètent du désintérêt des jeunes générations pour les lieux festifs. Surtout après deux ans et demi de pandémie et de restrictions sanitaires. Leurs craintes sont justifiées : le Royaume-Uni ne compte désormais plus que 1 130 discothèques, selon les derniers chiffres de la Night Time Industries Association. Soit 20 % de moins qu’en mars 2020, au début du premier confinement.

Plusieurs facteurs structurels comme la hausse des loyers dans les grandes villes et l’inflation ont précipité ces fermetures, même si le désamour des jeunes pour le clubbing y a joué un rôle. Mais le monde de la nuit n’a pas dit son dernier mot pour autant. Il innove en proposant des soirées éco-responsables ou adaptées à un public plus large, dans le but de prouver qu’il est dans l’air du temps. N’en déplaise aux millennials et aux membres de la génération Z.